L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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— Monsieur, il est absolument inutile de m’'enum'erer les cons'equences tragiques de ce vol. Demain, apr`es-demain au plus tard, les deux clefs vol'ees seront entre vos mains.
— Les deux clefs vol'ees ?
— Oui, monsieur, je vous en donne ma parole.
— Mais puisque c’est Fant^omas ?
— Raison de plus. Fant^omas, depuis quelques jours, multiplie les crimes audacieux, j’ai une belle revanche `a prendre contre lui, vous me l’offrez.
— Mais, comment ferez-vous ?
— C’est un peu mon secret.
— Vous ^etes certain de r'eussir ?
— Oui, `a une condition.
— Laquelle ?
— Vous me confierez, monsieur le gouverneur, la troisi`eme clef que vous poss'edez. D’abord, je ne serai pas tranquille de la savoir entre vos mains, car Fant^omas trouverait moyen de vous la prendre, ensuite, j’en ai besoin.
— Vous voulez la troisi`eme clef des caves ? Si vous l’avez, vous vous engagez `a retrouver les deux autres cl'es vol'ees ?
— Parfaitement.
Il n’y avait pas `a h'esiter, et M. Ch^atel-G'erard n’h'esita pas. Il tira d’une poche de son gilet une petite clef brillante. Puis, il r'ep'eta :
— Monsieur, je vais vous confier cette clef, mais vraiment…
— Excusez-moi, interrompit Juve, qui avait pris son chapeau, je n’ai pas une minute `a perdre.
Le policier salua et se retira.
Or, Juve avait `a peine disparu du cabinet de travail, on venait tout juste d’entendre se refermer la porte de l’escalier que M. Tissot bondit vers le gouverneur :
— Mon cher, hurlait le censeur, j’ai peur, j’ai effroyablement peur.
— Oui, moi aussi. Est-ce bien Juve ? Ai-je eu raison de lui confier la clef ?
— Si c’est Juve, dit M. Tissot, il tiendra parole. Les trois clefs nous seront rendues.
— Si ce n’est pas Juve, si je me suis laiss'e berner, hurla M. Ch^atel-G'erard, je n’aurai qu’`a me faire sauter la cervelle.
Cinq heures sonnaient.
7 – LA CLEF OFFERTE
Juve marchait toujours tr`es vite en r'efl'echissant :
— Pourtant, se disait-il, je ne peux pas m’y tromper. Fant^omas seul peut avoir m'edit'e de piller la Banque de France.
Il en revenait toujours l`a, car, ainsi qu’`a l’ordinaire, le seul nom du bandit suffisait `a lui faire redouter les pires catastrophes, `a croire m^eme `a l’invraisemblable.
— Bah, conclut Juve, on verra bien. Je vais encore lui jouer un tour de ma facon.
Juve venait d’arriver sur la place du Th'e^atre-Francais, il avisait un taxi-auto qui passait, l’arr^eta d’un geste.
— Menez-moi rue Tardieu, 1 ter.
Une heure plus tard Juve 'etait tranquillement install'e dans l’appartement qu’il occupait pr`es du square Saint-Pierre. Il lui fallait d’ailleurs une belle audace pour continuer d’habiter ainsi dans le logement qu’il avait conquis sur Fant^omas, mais Juve n’en 'etait pas `a s’'etonner pour si peu de chose.
***
Juve 'etait d'eshabill'e `a pr'esent, il avait rev^etu une grande robe de chambre marron qu’il affectionnait pour travailler, il fumait un cigare et son front 'etait rass'er'en'e.
— Jean, appela le policier.
Le domestique qui, depuis des ann'ees, servait avec un d'evouement grondeur le roi des policiers, accourut.
— Monsieur me demande ?
— Parfaitement. Faites venir mon invit'e.
— Quel invit'e, monsieur ?
— L’individu qui est dans le cabinet noir.
Jean, `a cet ordre, ouvrit des yeux noirs effar'es.
— Il y a un individu dans le cabinet noir, c’est donc pour cela… ?
— Oui, coupa Juve, c’est pour cela, Jean, que je vous ai interdit ce matin d’entrer dans la penderie.
Jean 'etait trop accoutum'e `a apprendre les plus fantastiques nouvelles, pour se permettre une observation.
— Bien, monsieur, r'epondait le domestique, je vais conduire son invit'e `a monsieur.
Quelques instants plus tard, la porte du cabinet de travail s’ouvrait et Jean poussait devant lui un individu qui n’'etait autre que T^ete-de-Lard.
— Entrez, disait-il, M. Juve vous demande.
Mais comment diable T^ete-de-Lard se trouvait-il chez Juve ?
Lorsque le policier, au p'eril presque de sa vie, avait r'eussi `a tirer l’apache des flots de la Seine, il avait 'et'e un instant dupe de T^ete-de-Lard. Juve n’avait point tout d’abord soupconn'e l’apache d’avoir 'et'e complice de Fant^omas.
Mais bien vite, Juve s’'etait ressaisi. Bien vite, il en 'etait venu `a penser qu’assur'ement T^ete-de-Lard 'etait un personnage qu’il importait de
Juve, en confiant le rescap'e aux bons soins des agents plongeurs, avait invit'e T^ete-de-Lard `a venir le voir et quoique, apr`es r'eflexion, l’inspecteur de la S^uret'e avait 'et'e persuad'e que l’apache manquerait au rendez-vous. Mais non ! T^ete-de-Lard qui sans doute avait une id'ee derri`ere la t^ete pour agir ainsi, 'etait venu sonner au domicile de Juve le soir m^eme.
Le policier l’avait accueilli avec son plus aimable sourire.
— T^ete-de-Lard, avait dit Juve, je tombe de sommeil. Si nous remettions toute causerie `a demain matin, qu’en dites-vous ? J’ai pr'ecis'ement un lit de sangle inoccup'e. Je vous l’offre. Dormez chez moi, nous causerons demain.
Et, sans laisser le temps `a T^ete-de-Lard de r'efl'echir, Juve avait pouss'e l’apache dans le cabinet noir d’o`u Jean venait de le faire sortir.
Juve, toutefois, la veille au soir, avait pris une pr'ecaution nullement superflue.