La gu?pe rouge (Красная оса)
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— Tant que votre p`ere sera Fant^omas ? r'ep'eta Fandor. H'elas, que signifient vos propos, H'el`ene ? Votre p`ere sera toujours Fant^omas.
— Alors, affirma 'energiquement la jeune fille, nous ne serons jamais l’un `a l’autre.
— Au nom du ciel, H'el`ene, s’'ecria Fandor, dites-moi ce qui vous dicte cette attitude, ce qui vous inspire une telle conduite ?
Lentement la jeune fille d'eclara :
— Je dois prot'eger mon p`ere, et mon devoir est de tout faire pour 'eviter qu’il ne lui arrive du mal. Je n’ai pas `a le juger et je sais simplement qu’il est malheureux, qu’il souffre, seul au monde. Sa fille d'esormais peut lui apporter quelques adoucissements, quelques consolations. C’est mon devoir que je remplis. Quoi qu’il m’en co^ute, je le remplirai jusqu’au bout.
Cependant qu’H'el`ene prononcait ces paroles qui plongeaient Fandor dans le plus sombre d'esespoir, un l'eger bruit s’'etait fait entendre semblant provenir de la pi`ece `a c^ot'e.
Le journaliste, malgr'e son 'emotion, allait bondir dans la direction de cette porte ferm'ee. Mais H'el`ene devina son intention, elle 'ecarta les bras :
— Vous ne passerez pas, fit-elle.
— Oh, je comprends maintenant, je suis s^ur qu’il est l`a. C’est votre p`ere qui est entr'e avec vous, ici, dans cette demeure, c’est Fant^omas que vous cachez, H'el`ene. H'el`ene, laissez-moi ! Nous avons, lui et moi, un compte `a r'egler ensemble.
— Vous ne passerez pas, dit H'el`ene, tragique au supr^eme degr'e.
La jeune fille, livide, avait pris son revolver. Elle le braqua sur le journaliste.
— H'el`ene, cria celui-ci, tuez-moi si vous voulez, mais vous ne m’emp^echerez pas…
La jeune fille lanca son arme `a terre.
— Je ne tirerai jamais sur vous, Fandor, cria-t-elle, mais si vous ne voulez pas m’ob'eir, si vous voulez passer malgr'e tout, ramassez ce revolver et tuez-moi. Il vous faudra franchir mon cadavre avant le seuil de cette porte.
Fandor ne broncha pas.
Des sanglots montaient dans sa gorge `a l’id'ee de l’attitude qu’avait H'el`ene `a son 'egard et ses poings se crispaient de rage lorsqu’il songeait que Fant^omas 'etait assur'ement de l’autre c^ot'e de la porte, dans l’autre pi`ece, et que, sans doute, il fallait qu’il f^ut bien hors d’'etat d’attaquer ou m^eme de se d'efendre, pour qu’il ne survienne pas et qu’il soit oblig'e de se faire prot'eger par sa fille.
Mais soudain Fandor eut un sursaut.
La porte que d'efendait H'el`ene s’entreb^ailla, une main passa et s’emparant du bras de la jeune fille, elle attira celle-ci dans la pi`ece interdite `a Fandor.
Puis la porte se referma. On entendit le bruit d’un verrou. Cela dura quelques secondes `a peine et Fandor, abasourdi, demeura immobile, stup'efait, mais se ressaisissant soudain, il bondit sur la porte ferm'ee, et essaya en vain de l’'ebranler. Elle lui r'esistait.
Un autre drame se jouait d'esormais entre la fille de Fant^omas et le personnage qui l’avait attir'ee aupr`es de lui. H'el`ene, de l’autre c^ot'e de la porte, en interdisait l’approche `a son interlocuteur comme elle l’avait fait pour Fandor.
L’homme qui 'etait en face d’elle 'etait Fant^omas. Le bandit avait son mauvais regard et il tenait un long poignard dont la lame brillait `a la lueur blafarde du clair de lune.
— Je veux en finir, grommelait-il. Fandor est l`a, je veux le tuer.
— Non, je vous le d'efends !
— Ma fille ! s’'ecria Fant^omas.
— Mon p`ere, je vous le d'efends, r'ep'etait H'el`ene, qui ne tremblait pas sous la menace du sinistre bandit et qui au contraire, soutenait son regard avec une hautaine arrogance.
Fant^omas parut soudain se calmer.
— Que tu es belle, fit-il d’une voix adoucie, et que je t’aime ! Ah, tu es bien ma fille et je reconnais, dans ton attitude orgueilleuse, dans ton 'energique volont'e, tout mon caract`ere, tout mon sang. Ah si tu voulais seulement…
— Quoi donc ?
— Si tu voulais, poursuivit le bandit, qui baissait la voix pour n’^etre pas entendu de Fandor, nous serions `a nous deux les ma^itres incontest'es. On t’a surnomm'ee
— Mis'erable, hurla H'el`ene, bandit, fuyez ! Je ne veux pas vous entendre !
Fant^omas, cependant, insistait :
— Je t’en supplie, H'el`ene, ne me repousse point, viens avec moi, vivons ensemble. Tu sais bien que tout ce que je fais, c’est pour assurer ton bonheur.
— Il n’y a pas de bonheur pour moi, s’'ecria H'el`ene, tant que mon p`ere sera Fant^omas et je sais, comme l’a dit Fandor, que tu le seras toujours.
Le bandit ricanait :
— Oui, hurla-t-il, je le serai toujours, jusqu’`a ce que j’aie 'ecras'e autour de moi cette vermine immonde de policiers qui s’acharnent sur mes traces et qui m’insultent sans cesse, qui me tracassent sans jamais m’atteindre. Mais alors, lorsque tout cela sera fini, je serai pour toi le p`ere l'e plus d'evou'e, le plus tendre. Alors, H'el`ene, tu comprendras, tu sauras…
— Je sais que je vous ex`ecre, hurla, fr'emissante, la jeune fille, et que je vous d'etesterai toujours. Oh ne parlez pas de la voix du sang, elle n’existe pas, si ce n’est que pour m’inspirer le plus immense d'ego^ut, une horreur insurmontable.
— Mais H'el`ene, tu m’aimes, puisque tu me d'efends, puisque tu me prot`eges ?
H'el`ene hurla :
— Je ne vous aime pas, je vous d'eteste ! Si j’agis comme je le fais, c’est parce que c’est mon devoir, uniquement.
La jeune fille n’acheva pas.
Un craquement formidable venait de retentir. Sous les efforts de Fandor, la porte c'edait.
Mais Fant^omas, plus rapide que la pens'ee, plus vif que l’'eclair, s’en 'etait apercu et, sans doute, apr`es avoir voulu tuer Fandor, estimait-il qu’il fallait pour le moment renoncer `a la lutte.
Fant^omas s’'elancait par la fen^etre de la pi`ece qui donnait sur le jardin.
— Mon Dieu ! murmura H'el`ene, il va se tuer. Ils vont se tuer tous les deux.
Car Fandor, qui venait de bondir dans la pi`ece, s’'elancait sur les traces du bandit.