La gu?pe rouge (Красная оса)
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D’o`u provenait ce manquement aux ordres donn'es ?
Me Faramont attira la vieille bonne dans un coin :
— Rosalie, qu’est-ce qu’il y a ?
— Monsieur m’excusera, mais j’ai pens'e que je devais pr'evenir Monsieur. Il y a un bonhomme qui demande Monsieur.
— Un bonhomme ! reprenait-il. Vous ^etes folle, Rosalie, de parler ainsi. Un bonhomme…
— C’est bien un bonhomme, dit-elle, il a un chapeau melon marron et un pardessus vert. Il m’a donn'e sa carte pour monsieur.
Elle tendit un petit carton dont Me Faramont se saisit. Le b^atonnier, toutefois, ne retrouva pas son lorgnon, il s’en consola en passant sa main sur la carte, cherchant d’un geste instinctif si celle-ci 'etait grav'ee ou imprim'ee. Il eut un froncement de sourcils, la carte n’'etait qu’imprim'ee.
— Rosalie, je n’ai pas mon lorgnon, lisez-moi cela.
La cuisini`ere 'epela :
— Durandpaul, en un seul mot, Monsieur.
— Il n’y a pas de titres ?
— Si, monsieur, si, il y a 'ecrit en dessous :
— Et l`a, au crayon, qu’est-ce qu’il y a d’'ecrit ?
— « Voudrais voir monsieur le B^atonnier pour affaire tr`es urgente et tr`es importante. »
Me Faramont avait p^ali un peu. Que pouvait lui vouloir un d'etective ? Il jeta un regard anxieux sur ses salons encombr'es de monde. Mais nul ne semblait faire attention au colloque qu’il avait avec sa vieille bonne.
— Faites entrer ce monsieur dans mon cabinet, ordonna Me Faramont, je le rejoins imm'ediatement.
Le cabinet du b^atonnier avait 'et'e transform'e en vestiaire. Les meubles, les chaises, 'etaient recouverts de v^etements ceintur'es de ficelles roses auxquelles pendaient de petits num'eros de carton. La pi`ece 'etait comme ouat'ee de silence. Me Faramont en y entrant, apercut tout de suite le d'etective qui l’attendait.
— Vous me demandez. Monsieur ?
— J’ai le plaisir de parler `a Ma^itre Faramont ?
— Oui, Monsieur. Qu’y a-t-il pour votre service ?
Le visiteur au lieu de r'epondre directement `a Me Faramont traversa la pi`ece et tranquillement alla fermer la porte que le b^atonnier avait laiss'ee entreb^aill'ee derri`ere lui :
— Il faut que personne ne nous entende, dit-il.
La porte ferm'ee, le visiteur revint vers Me Faramont et, `a br^ule-pourpoint :
— Asseyez-vous donc.
— M’asseoir ? Pourquoi ? Qui ^etes-vous ? Que voulez-vous ?
L’attitude 'etrange vraiment de ce Durandpaul commencait `a impressionner d'esagr'eablement le b^atonnier. L’autre, pourtant, ne paraissait point s’en apercevoir. C’est avec un calme parfait qu’il revint se camper en face de Me Faramont :
— Asseyez-vous, r'ep'eta-t-il. Il vaut mieux que vous ne soyez pas surpris debout.
— Surpris debout ? r'ep'eta Me Faramont. Ah ca, que que voulez-vous dire ? Qui ^etes-vous ?
Durandpaul, puisque tel 'etait le nom du personnage, salua et d'eclina ses qualit'es :
— Inspecteur de police, pour vous servir, monsieur Faramont, inspecteur aux gages de la soci'et'e L’'Epargne.
Comme si un courant 'electrique l’avait galvanis'e `a l’improviste, Me Faramont se redressa.
— De la Soci'et'e L’'Epargne ?
Vous avez touch'e une assez forte somme `a nos guichets aujourd’hui et en cons'equence, j’ai 'et'e charg'e de vous suivre depuis la Compagnie jusqu’`a votre domicile afin de veiller `a votre s'ecurit'e et d’'eviter que l’on ne vous vol^at les cinq cent mille francs touch'es.
— Par exemple, s’exclama l’avocat, et moi qui avais si peur ! Ah, c’est extraordinaire, votre compagnie est v'eritablement la meilleure des compagnies. Cette pr'ecaution me touche infiniment. Elle a 'et'e inutile puisque…
— Elle n’a pas 'et'e inutile. Vous avez 'et'e vol'e, monsieur Faramont.
— Vol'e ? Vol'e ? r'ep'etait-il. Non, non, vous vous trompez. Je n’ai pas 'et'e vol'e. En arrivant j’ai imm'ediatement compt'e et recompt'e mes billets, avant de les enfermer dans le coffre-fort que voici. Vous vous trompez.
Mais Durandpaul, gravement, d'eclarait :
— Je ne me trompe pas, monsieur le B^atonnier, vous avez 'et'e vol'e, bien vol'e, on vous a pris les cinq cents billets de mille francs qui vous ont 'et'e remis `a nos guichets. Oh rassurez-vous, le voleur est arr^et'e, c’est m^eme parce que je me suis occup'e de son arrestation que je viens vous avertir en retard. Mais vous avez 'et'e vol'e, bel et bien vol'e.
Durandpaul, visiblement, 'etait convaincu de ce qu’il disait. La b^atonnier haussa les 'epaules, amus'e :
— Allons donc, r'ep'eta-t-il, je suis s^ur que vous vous trompez et vous avez d^u faire une arrestation injustifi'ee. Les billets sont l`a, l`a, vous dis-je. Dans mon coffre-fort.
— Les billets ne sont pas l`a, assura tranquillement l’inspecteur, ou plut^ot les billets qui sont l`a, Ma^itre Faramont, sont faux. Le coup a 'et'e merveilleusement fait. On ne s’est pas content'e de voler votre pochette `a billets, ce dont vous vous seriez 'evidemment apercu, on a fait mieux, on l’a remplac'ee par une autre bourr'ee de papiers de la Sainte Farce. Les billets qui sont dans votre coffre sont faux, car les vrais se trouvent en ce moment au commissariat de police d’o`u je viens.
— Ce n’est pas possible. Et d’ailleurs nous allons bien voir !
Il avanca vers son coffre-fort, se mit en devoir d’ouvrir celui-ci cependant que l’inspecteur de police, s^ur de son fait 'evidemment, r'ep'etait lui aussi, imperturbable :
— Nous allons voir en effet, Me Faramont, qui de nous deux est dans l’erreur.
Les serrures du coffre grinc`erent. Me Faramont prit le coffret o`u il avait, quelques instants plus t^ot, serr'e les billets de banque. Il souleva le couvercle en demandant :