La gu?pe rouge (Красная оса)
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La fen^etre donnait sur les toits. On entendit des bruits de pas pr'ecipit'es sur le zinc de la couverture, puis, soudain, celui d’une chute, puis plus rien.
H'el`ene, dont les jambes se d'erobaient sous elle, se tra^ina jusqu’`a la crois'ee par laquelle les deux hommes s’'etaient enfuis. Son regard plongea dans l’obscurit'e ; elle ne vit rien.
Fant^omas, cependant, faisait preuve d’une agilit'e surprenante. Il avait bondi du toit, bient^ot il arriva sur la cr^ete d’un mur le long duquel affleuraient les branches touffues d’un arbre. Il s’'elanca sur une branche. Celle-ci craqua. Fant^omas tomba `a terre et sa chute le sauva.
Le bandit n’avait aucune blessure. Il se releva et s’enfuit par les jardins, gagna la rue, puis disparut.
Fandor l’avait vu, mais il passa quelques instants `a atteindre le sol et lorsqu’il y parvint, le journaliste avait encore une fois perdu la trace du bandit.
En toute h^ate, cependant, Fandor revint rue Ravignan, sans difficult'es il p'en'etra `a l’int'erieur de la maison, remonta jusqu’au quatri`eme 'etage dans le logement d’H'el`ene.
La porte en 'etait ouverte, mais l’appartement 'etait vide. H'el`ene avait disparu.
17 – D'EPOS'E AU VESTIAIRE
Dans le grand hall de la Compagnie d’assurances L’'Epargne o`u sur des bancs de bois plac'es en travers 'etaient group'es une multitude de personnages aux apparences modestes, une voix retentit soudain :
— Le num'ero 7.
— Voil`a.
Un homme, tr`es 'el'egamment v^etu, se leva du si`ege qu’il occupait un peu `a l’'ecart des bancs destin'es au public.
— Attends-moi l`a, Jacques, d'eclara le personnage `a un jeune homme assis `a c^ot'e de lui.
Cet homme n’'etait autre que M. le b^atonnier Henri Faramont qui, ce jour-l`a, venait `a la Compagnie d’assurances afin d’y toucher la prime de cinq cent mille francs, montant de la garantie qu’il avait contract'ee pour son tableau Le P^echeur `a la ligne, de Rembrandt, myst'erieusement vol'e `a l’exposition de Bagatelle.
Me Faramont, apr`es quelques d'emarches, 'etait parvenu sans trop de difficult'e `a obtenir qu’on f^it droit `a sa requ^ete et que L’'Epargne lui pay^at la somme qu’il r'eclamait, fort justement d’ailleurs.
— C’est `a ma^itre Henri Faramont que j’ai l’honneur de parler ? demanda le caissier charg'e du paiement des indemnit'es.
— `A lui-m^eme, monsieur, r'epondit le b^atonnier.
— Veuillez, je vous prie, pour la bonne r`egle, me pr'esenter votre contrat, Monsieur.
Le b^atonnier prit dans son portefeuille le document demand'e ainsi que divers papiers d’identit'e. Sans aucune difficult'e, le caissier de la Compagnie d’assurances L’'Epargne versa au c'el`ebre b^atonnier la petite fortune qui constituait le montant de la garantie du tableau vol'e.
Me Faramont quitta le guichet et rejoignit son fils qui l’attendait `a quelques pas de l`a.
Me Faramont semblait l'eg`erement 'emu, et, machinalement, sa main droite se portait `a la poche o`u il avait enferm'e son portefeuille.
— D'ep^echons-nous, Jacques, d'eclara Me Faramont, j’ai grand h^ate de rentrer. Vraiment je ne serai pas tranquille tant que cette somme ne sera pas enferm'ee dans mon coffre-fort. Songe qu’il s’agissait l`a d’une grosse somme, je suis vraiment heureux que cette affaire soit enfin termin'ee.
— Gr^ace `a mon oncle.
— En effet, reprit Me Faramont. Keyrolles a vraiment 'et'e charmant dans cette affaire et le poste qu’il occupe `a L’'Epargne a jou'e un grand r^ole dans le peu de difficult'es que j’ai 'eprouv'e pour toucher ces cinq cent mille francs.
Les deux hommes marchaient d’un pas rapide.
Me Faramont, toujours inquiet, esquissait de temps `a autre un geste pour s’assurer que les bienheureux billets 'etaient toujours au m^eme endroit dans son portefeuille.
Les craintes du b^atonnier devaient ^etre vaines, car le p`ere et le fils arriv`erent sans encombre `a leur domicile.
Le b^atonnier entra dans son cabinet de travail, 'etala sur son bureau les cinq cent mille francs, il les comptait, les recomptait, puis, assur'e qu’aucune erreur n’avait 'et'e commise, alla ouvrir son coffre-fort, glissa les billets dans un casier, referma enfin le lourd battant de fer, manoeuvrant les petites serrures avec une tr`es visible satisfaction.
— Allons, murmurait Me Faramont, voici une bonne affaire de faite, ce soir pour notre r'eception, j’aurai l’^ame en repos.
***
Il fallait en effet `a Me Faramont une ^ame en repos pour la r'eception du soir, car, d`es six heures, celle-ci s’annoncait exceptionnellement brillante, r'eussie en tout point.
Dans les grands salons de l’appartement o`u Mme Faramont, bien que le coeur lui en saign^at, car elle 'etait un tantinet avare, ou bonne m'enag`ere, avait allum'e toutes les lampes 'electriques, une foule nombreuse se pressait, qui s’ennuyait d’ailleurs consid'erablement, mais gardait un ton de bonne compagnie, conversait `a voix basse, r'epondait d’un sourire aux flatteries qui s’'echangeaient et d'egustait aussi avec satisfaction les verres de citronnade et d’orangeade que passaient sur des plateaux plusieurs ma^itres d’h^otel, des extras lou'es pour la soir'ee.
Or, vers dix heures et demie, au moment m^eme o`u Jacques Faramont finissait enfin par rejoindre un attach'e du minist`ere dont il esp'erait fermement obtenir les palmes, le b^atonnier vit s’avancer vers lui sa grosse cuisini`ere qui prenait un air myst'erieux.
Me Faramont vit rouge. Il n’e^ut voulu pour rien au monde que la vieille bonne par^ut dans le salon. Il 'etait d’usage qu’elle demeur^at dans la cuisine, occup'ee `a rincer les verres et qu’elle ne se montr^at pas.