Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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L’infant d’Espagne, s’arr^etait un instant, Juve l’encourageait du geste :
— J’ai imagin'e, poursuivit don Eugenio de la faire passer pour morte.
— Pour morte ? s’'ecria Juve, feignant la surprise, alors qu’au fond de lui-m^eme, il s’applaudissait des r'ev'elations de l’infant qui venaient 'eclaircir le myst`ere au milieu duquel il se d'ebattait.
Don Eugenio expliqua en effet `a Juve, par quelques mots, le subterfuge gr^ace auquel il avait dup'e l’administration des pompes fun`ebres, fait croire `a tout Paris que l’on enterrait Merc'ed`es de Gandia alors qu’en r'ealit'e on ne mettait dans son cercueil que des sacs de sable.
— Mais, interrogea Juve, quelqu’un, cependant, s’est pr^et'e avec vous `a cette supercherie ? Une femme a 'et'e montr'ee comme morte, une femme, d’ailleurs, m’a-t-on dit, monseigneur, qui n’'etait pas brune comme votre ni`ece, mais ch^atain fonc'e.
— C’est exact, fit-il, et je ne veux rien vous cacher. Je vous ai menti l’autre jour, quand vous m’avez demand'e si je n’avais pas, voici quelques mois, fait enlever une jeune fille aux environs de Biarritz. J’ai, en effet, commis ce rapt et, lorsque je me suis apercu de l’ignominie de ma faute, il n’'etait plus temps de reculer. La jeune fille 'etait chez moi. Mais elle 'etait si noble et si digne que je l’ai respect'ee, que j’ai m^eme gagn'e son pardon. Elle m’a su gr'e de m’^etre conduit en galant homme et c’est elle qui, mise au courant par moi du projet que je m'editais, m’a aid'e `a le r'ealiser.
— Savez-vous qui c’est ?
— Elle s’appelle H'el`ene.
— Et c’est la fille de Fant^omas.
— La fille de Fant^omas ? Ah je comprends maintenant ou plut^ot je devine, je me rends compte qu’il y avait dans l’existence de cette femme un myst`ere qu’elle n’a jamais voulu me d'evoiler. Mais alors, poursuivit l’infant, si c’est la fille de Fant^omas, n’ai-je pas 'et'e la victime de son terrible p`ere ?
— Comment cela ?
— `A peine avais-je fait le simulacre de l’ensevelissement et laiss'e croire que Merc'ed`es de Gandia 'etait morte, ce qui me faisait son h'eritier et me permettait de sauvegarder son immense fortune, que le fameux spectre du pont Caulaincourt se manifestait dans ses 'etranges apparitions et qu’il surgissait devant divers t'emoins, semblait nettement vouloir attirer l’attention, non seulement sur le cimeti`ere de Montmartre, mais surtout sur le caveau de la famille de Gandia. Vous savez tout cela, monsieur Juve, je n’y reviendrai pas, qu’il me suffise de vous dire qu’en fait, ce spectre myst'erieux a d^u arriver `a ses fins, lorsqu’on a d'ecouvert que la bi`ere dans laquelle on croyait Merc'ed`es de Gandia 'etait vide.
— C’est juste. Il est bien certain que quelqu’un a eu int'er^et `a faire d'ecouvrir votre supercherie et `a montrer ainsi que la tombe de Merc'ed`es de Gandia 'etait vide. La situation, toutefois, est terriblement compliqu'ee. Votre ni`ece est l'egalement d'ec'ed'ee.
— Non, interrompit l’infant d’Espagne.
— Comment cela ? interrogea Juve. Son acte de d'ec`es a 'et'e dress'e en France, transmis au Consulat d’Espagne.
— Oui, interrompit l’infant et vous imaginez bien, monsieur Juve, que j’ai suivi avec une anxi'et'e sans pareille les diverses phases de cette myst'erieuse affaire. Or, il y a quinze jours environ, lorsque j’ai appris les aveux du fossoyeur Barnab'e et l’ouverture du cercueil, dans lequel n’'etait naturellement pas ma ni`ece, j’ai fait imm'ediatement annuler purement et simplement en Espagne l’acte de d'ec`es de ma ni`ece. Or, c’est l`a d'esormais que la situation se complique.
— Non, au contraire, elle se simplifie.
— Elle se complique, insista l’infant d’Espagne. Tout ce que j’ai entrepris, la machination extraordinaire que j’avais imagin'ee ne sert non seulement `a rien, mais encore a pour but de pr'ecipiter les 'ev'enements.
— Calmez-vous, Monseigneur.
Celui-ci s’arr^eta un instant devant le policier, il croisa les bras et le regardant fixement, d'eclara :
— Avez-vous, quelquefois entendu parler, monsieur Juve, d’une pierreuse, d’une fille perdue, d’une femme apache d’origine espagnole que l’on appelle la Recuerda ?
— Oui, eh bien ?
— Eh bien, l^acha l’infant d’Espagne, la Recuerda n’est autre que ma ni`ece, Merc'ed`es de Gandia.
— Je l’avais parfaitement compris, monseigneur, depuis le commencement de votre entretien. Au surplus, la Recuerda, autrement dit M lle Merc'ed`es de Gandia, porte un signe distinctif qui permettra toujours de la reconna^itre, qui l’emp^echera de renier son ascendance. C’est la fameuse veine bleue qui coupe son front en biais, cette veine bleue que l’on retrouve sur le v^otre, monseigneur, et dans les portraits de tous vos anc^etres.
— Monsieur Juve, j’ai encore quelque chose `a vous apprendre. Ah nous avons 'et'e bien jou'es, mais ce que je redoutais le plus va se produire, se produit. Je vous ai dit que si j’avais voulu faire dispara^itre, en apparence tout au moins, Merc'ed`es de Gandia, c’'etait afin d’h'eriter officiellement de sa fortune et pouvoir ainsi la prot'eger. Je me disais qu’un jour ma ni`ece, revenue `a de meilleurs sentiments, aurait au moins la satisfaction d’^etre riche. Merc'ed`es de Gandia est perdue, monsieur, perdue pour toujours, elle et sa fortune.
— Pourquoi cela ?
— Parce que Merc'ed`es de Gandia se marie, elle 'epouse le baron Nicolas Stolberg.
— Le baron Stolberg ?
Un coup discret venait d’^etre frapp'e `a la porte, le domestique se pr'esentait :
— Que Votre Altesse m’excuse, fit-il, en s’adressant `a l’infant d’Espagne, mais il y a l`a un monsieur qui sait que M. Juve est ici et qui demande `a lui parler de toute urgence.
Le domestique tendait une carte `a Juve, celui-ci y jeta les yeux, mais `a peine avait-il lu qu’il sursauta. Le visiteur qui s’annoncait ainsi, c’'etait Fandor.
31 – LA C'ER'EMONIE INTERROMPUE
— Eh bien voil`a, fit Fandor qui s’asseyait dans un fauteuil o`u l’infant d’Espagne, apr`es de h^atives pr'esentations, faites par Juve, l’invitait `a prendre place.
Le policier interrogea son ami :
— D’o`u viens-tu ?
— De piquer un galop, mon cher Juve, qui m’a mis en transpiration. D’ailleurs, depuis quarante-huit heures, je n’ai pas ferm'e l’oeil et tel que vous me voyez, je descends du train et j’arrive de la fronti`ere o`u j’ai manqu'e monseigneur. Mais j’ai retrouv'e H'el`ene, et c’est quelque chose, et m^eme beaucoup. J’ai d^u, toutefois, l’abandonner sit^ot arriv'e `a Paris, car je tenais `a vous voir, Juve, dans le plus bref d'elai. J’ai quelque chose de tr`es important `a vous annoncer.
— Tu peux parler, Fandor, devant monseigneur.
— Donc, poursuivit le journaliste qui ob'eissait `a l’invite de Juve, en descendant du train `a la gare d’Orsay, j’ai rencontr'e Bouzille. Le brave chemineau m’a appr'ehend'e au passage. Il m’attendait, assurait-il, sachant que j’allais arriver. Comment le savait-il ? Je l’ignore, mais peu importe. Toujours est-il qu’il m’a dit…
— Parle, Fandor.
— Eh bien, d'eclara enfin Fandor, il m’a dit, prouv'e, non seulement que Fant^omas gravite autour de nous depuis d'ej`a plus de quinze jours `a Paris, mais encore ce que nous ignorions, il a ajout'e : Fant^omas est le baron Stolberg.