Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Fandor, comme un furieux, s’'elanca en avant vers la jeune femme. Elle demeura fig'ee sur place.
Et, dans le silence de la petite gare, deux cris retentirent, deux cris d’amour :
— H'el`ene ! Fandor !
— Fandor !
— H'el`ene !
H'el`ene, pourtant, la premi`ere, en raison de son instinctive d'elicatesse de femme, se d'erobait `a l’'etreinte du journaliste :
— Je vous en prie, dit-elle, on nous regarde.
Elle montrait des hommes d’'equipe qui riaient, t'emoins de l’'emotion des deux jeunes gens.
— Vous avez raison, r'epondait Fandor. Venez, H'el`ene, sortons de cette gare. Ah, mon Dieu ! Nous avons tant de choses `a nous dire !
Il l’entra^inait rapidement, comme s’il e^ut voulu la conduire tr`es loin, puis, brusquement, s’arr^eta.
Fandor, comme un enfant qui a peur, avec une parfaite na"ivet'e, avait besoin d’^etre heureux, tout `a fait heureux et il demandait, quoique ce f^ut bien inutile.
— H'el`ene, vous m’aimez toujours ?
La jeune femme le regarda de ses grands yeux, J'er^ome Fandor lut la r'eponse qu’il d'esirait :
— Venez, venez, j’ai remarqu'e un petit bois tout `a c^ot'e. L`a, nous serons tranquilles.
***
Vingt minutes plus tard, J'er^ome Fandor et la fille de Fant^omas 'etaient install'es dans une verte prairie et causaient `a voix basse, tendrement press'es l’un contre l’autre.
H'el`ene, secouait la t^ete et calmait J'er^ome Fandor :
— Vous ^etes m'echant, disait-elle, vous devriez savoir, mon pauvre ami, que si je vous ai fait de la peine, cela a 'et'e bien involontaire. Je n’y suis pour rien. Il n’y a nullement de ma faute dans ce qui est arriv'e.
— Allons donc !
— 'Ecoutez-moi Fandor, et vous jugerez.
Et la jeune fille, alors, fit `a J'er^ome Fandor l’hallucinant r'ecit de ses derni`eres aventures.
`A un moment donn'e, Fandor l’interrompit :
— Ma pauvre ch`ere H'el`ene, quand je pense que cet inf^ame gredin de don Eugenio vous a r'eellement enlev'ee !
— Vous vous trompez Fandor, d'eclarait la fille de Fant^omas. Don Eugenio n’est pas un inf^ame gredin, c’est au contraire un galant homme, un tr`es galant homme.
— Pour Dieu, H'el`ene, r'epondez-moi, vous l’aimez donc ? Comment pourriez-vous le d'efendre si ce n’'etait pas ? Il vous a fait enlever. Ah, vous l’aimez !
— Vous ^etes fou, je n’aime pas don Eugenio, je ne peux pas l’aimer, puisque je vous aime. Voyons, laissez-moi parler et vous comprendrez.
Encore tremblant de jalousie, J'er^ome Fandor se jetait `a genoux aux pieds de celle qu’il adorait :
— Parlez, alors, par piti'e, parlez ! H^atez-vous, vous me faites souffrir mille supplices !
— Ne vous tourmentez donc pas.
Et elle poursuivit son r'ecit :
— Don Eugenio est un galant homme, Fandor, pour la bonne raison que, m’ayant fait enlever, ce qui 'etait en effet une sorte de l^ache attentat, il s’est imm'ediatement rendu compte, d`es qu’il s’est trouv'e en face de moi que je n’'etais pas la femme qu’il croyait et qu’il se d'eshonorerait `a user de violence `a mon endroit. Don Eugenio s’est conduit en parfait gentilhomme, en s’excusant de toute son ^ame de m’avoir fait enlever et, d`es lors, il a employ'e avec moi les proc'ed'es les plus d'elicats. Pourtant je l’aime si peu, Fandor, que si vous m’avez rencontr'ee `a Irun, c’est que je guettais le convoi royal o`u il doit se trouver pour y monter et lui faire une violente sc`ene de reproches.
Et comme Fandor la regardait, n’ayant plus l’air de comprendre du tout ces paroles, H'el`ene, apr`es un 'eclat de rire, poursuivit :
— Donc, J'er^ome Fandor, tomb'ee entre les mains de don Eugenio, j’obtins d’^etre respect'ee par lui. Ce gentilhomme m’aurait sans doute imm'ediatement remise en libert'e si, `a cet instant, il ne m’avait propos'e un pacte 'etrange, s’il ne m’avait demand'e de lui rendre le plus extraordinaire des services.
— Lequel ? mon Dieu.
— Don Eugenio, mon cher Fandor, se trouve ^etre l’oncle d’une certaine jeune fille, nomm'ee Merc'ed`es, `a laquelle il porte une vive affection et qui cependant lui cause de terribles tourments. Cette Merc'ed`es, sa ni`ece, est la fille d’un de ses fr`eres, mort r'ecemment, et laissant apr`es lui une fortune consid'erable. Naturellement, Merc'ed`es avait h'erit'e ou du moins, allait h'eriter et ^etre mise en possession de cette fortune au moment o`u je connaissais l’infant. Or, Merc'ed`es, sous le nom de la Recuerda, vivait une vie de d'ebauche `a Paris parmi les pires apaches.
— Je sais. Apr`es ?
— Oh, c’est bien simple, ripostait H'el`ene. Don Eugenio me proposait ceci : il me suppliait d’accepter de passer aux yeux de tous pour sa ni`ece, pour cette Merc'ed`es, puis, de me pr^eter `a la com'edie d’une mort fictive :
— Et vous avez accept'e ?
— J’ai d’abord h'esit'e. Je me suis renseign'ee, j’ai voulu savoir si don Eugenio 'etait honn^ete homme. C’est seulement quand j’ai 'et'e convaincue que r'eellement il ne cherchait point `a capter la fortune de sa ni`ece pour son int'er^et propre que je me suis pr^et'ee `a la com'edie qu’il d'esirait. C’est moi et non pas Merc'ed`es qui ai fait la morte, `a Paris, chez don Eugenio. C’est moi que l’on a mise en bi`ere sous le nom de Merc'ed`es. Mais bien entendu, en fait, c’est une bi`ere pleine de sable que l’on a ensevelie au cimeti`ere, `a ma place.