Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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`A ce moment, dissimul'es derri`ere une tombe, les fossoyeurs apercevaient Fant^omas, envelopp'e dans sa grande houppelande jaune et coiff'e de sa casquette de cocher.
Abasourdis, stup'efaits, les deux hommes hurlaient :
— Fant^omas, sauve-nous, voil`a le fant^ome !
Cependant que Barnab'e demeurait immobile, le p`ere Teulard, dans un geste fou, se pr'ecipitait en direction de Fant^omas.
Mais il s’arr^eta net, battit des bras, s’'ecroula. Une d'etonation venait de retentir. Fant^omas avait d'echarg'e sur lui son revolver.
***
Cependant Juve, depuis les extraordinaires 'ev'enements qui lui avaient permis de retrouver Fandor et de le tirer d’affaire, n’avait pas perdu une seconde.
Les quelques agents et les deux inspecteurs auxquels on confiait la garde de la n'ecropole 'etant insuffisants, on en augmenterait le nombre, on ferait tout ce qu’il faudrait, mais on sortirait du myst`ere.
Ce soir-l`a, M. Havard lui-m^eme, Juve et quelques hauts personnages de la S^uret'e, accompagn'es d’une troupe innombrable d’agents soigneusement dissimul'es dans tout le voisinage, 'epiaient les manifestations tragiques du cimeti`ere.
Juve venait de remonter sur le pont Caulaincourt lorsque deux de ses hommes, essouffl'es, arriv`erent en courant.
— Monsieur l’inspecteur, d'eclara l’un d’eux, nous venons de trouver une veste, une charrette `a bras charg'ee de meubles, de meubles qui, sans doute, proviennent d’un d'em'enagement. La charrette 'etait abandonn'ee le long du mur du cimeti`ere, et sur ce mur nous avons not'e quelques 'egratignures fra^iches, comme si des gens l’avaient escalad'e.
Juve 'ecoutait les agents et, vraisemblablement, allait leur donner des instructions, lorsqu’il les quitta soudain, traversa la chauss'ee et s’'elanca dans le cimeti`ere par la grille entrouverte de l’avenue Rachel.
Il venait d’entendre une d'etonation et aussit^ot courut dans cette direction.
— Par ici ! cria-t-il.
Cependant que M. Havard, `a coups de sifflet, pr'evenait les hommes qu’il avait dissimul'es sous le pont de se pr'ecipiter aussi sur les traces de Juve, Fandor, qui se trouvait sur les lieux, courait `a l’entr'ee du cimeti`ere o`u L'eon et Michel 'etaient post'es pour emp^echer les 'evasions, si d’aventure de myst'erieux malfaiteurs se trouvaient `a l’int'erieur de la n'ecropole.
Si Juve, ainsi, s’'etait pr'ecipit'e `a travers les tombes, ce n’'etait pas seulement parce qu’il avait entendu une d'etonation, mais encore parce que, pour la premi`ere fois, il avait vu le spectre, vu, de ses yeux vu, l’extraordinaire apparition `a laquelle, naturellement il n’avait jusqu’ici apport'e aucune cr'eance.
Or, cette fois, le policier n’avait plus `a douter, ses yeux ne le trompaient point.
Et Juve courait si vite, qu’`a peine avait-il apercu l’extraordinaire vision qu’il 'etait pour ainsi dire sur elle, la touchait.
C’'etait une silhouette extraordinaire, 'el'egamment v^etue d’un habit noir `a la forme irr'eprochable au milieu duquel le plastron faisait une tache blanche. Puis, il y avait ce visage terreux, cette face aux apparences blafardes.
Pendant qu’il bondissait vers le spectre, Juve, dont toute l’attention 'etait retenue par cette vision ne voyait point se faufiler, `a quelque distance de lui, une silhouette plus claire, un homme envelopp'e dans un grand manteau jaune, Juve ne remarquait pas le cocher John.
— Mortel ou diable, criait-il, je l’aurai !
Et il tira sur le spectre.
Mais `a ce moment, Juve entendit encore un nouveau coup de feu et, avec une agilit'e surprenante, il se laissait tomber par terre. Il 'etait temps. Une balle passait au-dessus de sa t^ete.
Mais Juve, toutefois, ne s’en inqui'eta pas. Le policier poussa un cri de triomphe : dans sa chute, ses bras lanc'es en avant avaient appr'ehend'e le spectre aux 'epaules. Ce spectre 'etait consistant, mat'eriel, il avait une forme palpable, un poids.
Juve s’'ecroulait sur lui.
Mais, une seconde plus tard, le policier se relevait, stup'efait. Il n’y avait plus de spectre. Seulement, `a quelques m`etres de l`a, gisait un cadavre, un homme baign'e dans son sang. Juve le reconnut : c’'etait le p`ere Teulard.
Le policier, toutefois, n’allait pas au secours du fossoyeur que des agents accourus derri`ere lui relevaient avec pr'ecaution. Juve n’avait pas boug'e et, avec un ahurissement sans pareil, il examinait quelque chose de flasque et de mou, qui demeurait sur le sol m^eme du cimeti`ere.
C’'etaient les vestiges du fant^ome, c’'etaient ses v^etements, il ne restait de l’apparition qu’un habit noir, un pantalon, un plastron de chemise, le tout fait d’'etoffe et de linge si fins qu’assur'ement on pouvait, en les pressant, les r'eduire au point de les faire tenir dans une poche, dans le creux de la main.
— Qu’est-ce qu’il y a, Juve ? qu’est-ce que c’est ?
C’'etait Fandor qui 'etait accouru aupr`es de lui.
— Il y a, que le fameux spectre a disparu, mais je le tiens tout de m^eme.
Et, soulevant la bizarre d'efroque, le policier la montrait `a son ami :
— Parbleu, s’'ecria Fandor, c’est toujours la m^eme histoire, toujours les v^etements sans corps, les m^emes que ceux que j’ai d'ecouverts, que les uns et les autres nous avons trouv'es ici. Vous n’en savez pas plus, Juve, que nous n’en savions hier.
— Si, prof'era-t-il, j’en sais plus long, parce que j’ai compris.
Juve, en fouillant les v^etements, venait d’en extraire un objet extraordinaire, une chose qui, au premier abord, paraissait ind'efinissable. C’'etait une v'eritable peau, l'eg`ere et souple, `a peine consistante, mais robuste tout de m^eme.