Том 5. Письма из Франции и Италии
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Отблагодаривши Временное правительство, Собрание назначило исполнительную комиссию из пяти членов (Араго, Гарнье-Пажес, Мари, Ламартин, Ледрю-Роллен), комиссия составила министерство из журнальных поденщиков «Насионаля» и из знаменитого стенографа Флокона. Марраст остался в мэрии и оттуда передергивал людей и подсовывал своих корректоров и батырщиков. Самое жалкое и самое преступное назначение было, без сомнения, назначение Бастида министром иностранных дел – человека тупого, ленивого, без малейшего образования. Луи Блан и Альбер были отстранены от правительства – слово «социализм» делалось уже позорным клеймом в глазах мещан-представителей. Говорили об устройстве особого министерства работ, но Собрание и слушать не хотело. Все демократические
Четвертое мая открылось Собрание – десятого оно было ненавидимо всем Парижем, исключая партии «Насионаля». Каждый день ронял его в общественном мнении. Так, например, упорное отвращение Беранже от звания представителя, его письма по этому предмету, исполненные вольтеровской остроты, и необходимость Собрания принять, наконец, его отставку – деморализировало Собрание всею славою любимого народного поэта. После десятого мая все ожидали чего-то, всем казалось невозможным, чтоб эта торговая баня, чтоб толкучий рынок продолжал стоять во главе Франции и Парижа. Журналы были полны укора, в кафе, на улицах все говорили с жаром против Собрания, на площадях и углах собирались всякий день группы, в клубах делались, как говорят, зажигательные предложения, произносились судорожные речи. Так подошло наконец пятнадцатое мая.
Авторские переводы
Lettres d’un Russe de l’Italie*
30 juin 1850
Nice
Me voil`a encore une fois `a Nice si chaude, si aromatique, si calme et maintenant compl`etement d'eserte.
…Il y a deux ann'ees et demie, j’avais entrevu Nice, je cherchais alors des hommes, les grands centres de mouvement, d’activit'e; beaucoup de choses 'etaient neuves pour moi, m’attiraient, me pr'eoccupaient. Plein d’indignation, je pouvais encore me r'econcilier. Plein de doutes, je trouvais encore des esp'erances au fond de mon coeur. Je me h^atai de quitter la petite ville ayant `a peine jet'e un coup d’oeil distrait sur ses environs si pittoresques. Le bruit solennel del Risorgimento se r'epandait par toute la p'eninsule… Je ne pensai qu’`a m’arracher au plus vite de Nice pour aller `a Rome.
C’'etait vers la fin de 1847… Maintenant je reviens `a Nice, la t^ete baiss'ee comme le pigeon voyageur de la fable, ne cherchant qu’un peu de repos. Maintenant je m’'eloigne des grandes cit'es, je fuis leur activit'e incessante, qui ne produit rien de plus en Occident que le d'esoeuvrement nonchalant en Orient.
Apr`es avoir cherch'e longtemps o`u m’abriter, j’ai choisi Nice, non seulement pour son air si doux, pour sa mer si bleue, mais aussi parce qu’elle n’a aucune signification politique, scientifique… ou autre. Je r'epugnais moins `a aller `a Nice que partout ailleurs. C’'etait comme un couvent tranquille dans lequel je pensais me retirer du monde – tant que nous serions inutiles l’un `a l’autre. Il m’a beaucoup tourment'e, je ne m’en f^ache pas,je sais que ce n’est pas sa faute… mais je n’ai plus ni force, ni d'esir de partager ni ses jeux f'eroces, ni ses r'ecr'eations banales.
Cela ne veut pas dire que je me sois fait moine `a tout jamais, que je me suis li'e par un voeu indissoluble. Le genre humain et moi nous avons quitt'e l’^age o`u de pareilles plaisanteries 'etaient en vogue. J’ai agi beaucoup plus simplement, je me suis 'ecart'e pr'evoyant un long hiver et ne voyant aucun moyen d’emp^echer cette morte saison.
Et c’est un bien grand bonheur qu’il y ait encore un coin de la terre – si beau, si chaud – o`u l’on puisse rester tranquille…
…Quand je pense `a l’existence que j’ai tra^in'ee `a Paris les derniers mois, une agitation pleine d’anxi'et'e s’empare de moi. Ces souvenirs me font la m^eme impression que le souvenir d’une op'eration r'ecente. Je sens de nouveau l’approche des bistouri et de la sonde.
Depuis matin au soir toutes les fibres de l’^ame 'etaient brutalement froiss'ees. Un coup d’oeil sur les journaux, sur les d'ebats de l’Assembl'ee, sur les rues, suffisait pour empoisonner chaque vingt-quatre heures.
Non. Le royalisme, ni le conservatisme n’ont abaiss'e ces hommes jusqu’`a une telle corruption, au contraire, ce sont les hommes qui ont d'eprav'e le royalisme et le conservatisme `a ce point de cynisme 'ehont'e.
Le royalisme est une esp`ece de religion sociale, il n’exclut ni noblesse, ni dignit'e. C’est un anachronisme – ce n’est pas un crime. Le conservatisme est une th'eorie, une mani`ere de voir, c’est le pr'esent consid'er'e au point de vue du pass'e, il est stationnaire, mais non d'enu'e de pudeur, d’honneur, de probit'e. Qu’y a-t-il de commun entre les Stafford, les Malesherbe, les tories et ces intrigants ignobles qui surnagent `a la surface de la soci'et'e francaise? Les d'eput'es, les litt'erateurs, les journalistes du parti de l’ordre se sont tellement confondus avec les instruments les plus vils du pouvoir qu’on n’est jamais s^ur, avec qui on a `a faire si c’est avec un homme ou avec un espion.
La majorit'e de l’Assembl'ee, les journaux r'eactionnaires sont des organes fid`eles non du royalisme mais bien de cette g'en'eration de Francais qui, n'ee sous le despotisme soldatesque de l’Empire, 'epanouit la floraison sous le parapluie du roi-citoyen. Cette g'en'eration ne croit ni `a la monarchie, ni `a la r'evolution, ni au catholicisme, ni `a la r'epublique… Elle veut jouir en toute s'ecurit'e pendant quelques ann'ees encore, elle veut exploiter la position le plus longtemps possible.
C’est la doctrine d’Esa"u vendant ses droits pour un mauvais potage de lentilles.
Pour exploiter, pour jouir – il leur faut l’esclavage, et ils le d'esirent avec fr'en'esie, pour que le ma^itre garantisse leur avoir et leurs b'en'efices. A ce prix ils ont tendu la main aux polices de tous les gouvernements hostiles `a la France, ils ont donn'e leurs enfants aux j'esuites qu’ils d'etestent.
Jamais on n’a fait tant de sacrifices pour la libert'e qu’on en fait maintenant pour l’esclavage!
Les journaux de l’ordre repr'esentent les mouchards comme anges gardiens de la soci'et'e. Les espions publient leurs m'emoires, L’Assembl'ee Nationale invite l’empereur Nicolas,
La civilisation n’oblige `a rien les conservateurs francais; de ce c^ot'e ils sont tout `a fait libres, compl`etement 'emancip'es. Sophistes couvrant d’une politesse banale et st'er'eotyp'ee un fond de d'epravation et de f'erocit'e sans bornes – ils ont tr`es bien conserv'e la nature de tigre-singe dont parle Voltaire…
J’ai suivi avec horreur et curiosit'e… avec cette curiosit'e m^el'ee de d'ego^ut que nous sentons lorsqu’on nourrit devant nos yeux un boa-constrictor avec des lapins vivants… les d'ebats sur la d'eportation.
Je ne parle pas de l’absurdit'e de condamner `a la prison perp'etuelle pour des faits politiques accomplis quelques jours apr`es une r'evolution, lorsque les esprits sont encore agit'es et les institutions n’ont pas encore acquis de stabilit'e. C’'etait un fait hideux, mais un fait accompli. Ce qui est colossal pour moi, c’est qu’il se soit trouv'e une r'eunion d’hommes au nombre de 700 qui ait consenti de retourner apr`es deux ann'ees dans les cachots, dans lesquels elle jeta ses propres adversaires, avec l’intention de d'eculper leur punition!