Том 6. Письма 1860-1873
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Вот что я имел, почтеннейший Михаил Никифорович, представить на ваше благоусмотрение. Буду ожидать вашего решения с полною верою в вашу всегдашнюю готовность служить общей пользе.
Ф. Тютчев
P. S. Известия из Англии удовлетворительные. По-видимому, заговор против нас решительно расстроен — открытие франц<узских> палат выяснит положение*.
Тютчевой Е. Ф., 23 октября 1863*
P'etersbourg. Mercredi. 23 oct<obre>
Cent fois merci, ma fille ch'erie, de tes bonnes nouvelles au sujet de Daria. Tu ne pouvais pas me faire un plus sensible plaisir. Dieu veuille que le mieux obtenu soit durable et que cette bonne, ch`ere cr'eature rentre dans les conditions de sant'e qui seules donnent quelque agr'ement au fait d’exister… Mais m^eme en vue du r'esultat obtenu, je n’en persiste pas moins `a appeler de tous mes voeux le traitement radical et d'efinitif — et pas pour Daria seulement. Je vous prie, ma fille, de me pardonner ces aspirations terrestres et ces points de vue d’une port'ee un peu vulgaire.
Tu ne me parles pas dans ta derni`ere lettre de la sant'e de ton oncle, ce qui me para^it tout `a fait rassurant, mais j’aimerais bien que tu me donnasses des nouvelles de l’'etat des yeux de
Auriez-vous la complaisance, ma fille ch'erie, de prendre connaissance des petits papiers ci-joints? Ce sont des vers du P<rinc>e Wiasemsky, assez p'enibles d’ailleurs, — et un billet d’accompagnement de Valoujeff — qui me les envoie. La pi`ece de vers pourrait ^etre communiqu'ee `a Katkoff qui ne demanderait pas mieux que de l’ins'erer dans son prochain Русский вестник*. Charge-toi de cette n'egociation, je te prie.
Maintenant voil`a un autre service que tu vas me rendre. Il y a `a Moscou, comme tu sais, un Mr Бессонов, ami et prot'eg'e d’Anna. Le Бессонов en question m’a 'ecrit il y a d'ej`a quelque temps pour me dire qu’il aimerait 'echanger la place, qu’il a maintenant, contre une nomination aux Archives de Moscou, et il me demandait en cons'equence de m’int'eresser en sa faveur aupr`es du P<rinc>e Gortchakoff, ce que je n’ai pas manqu'e de faire. Le P<rinc>e G<ortchakoff> m’a charg'e de lui faire savoir qu’il ne demanderait pas mieux que d’utiliser ses talents et sa capacit'e reconnue et incontestable dans l’int'er^et du service en question, mais qu’il avait pris p<our> r`egle de ne jamais intervenir directement dans les nominations et que c’est p<ar> cons<'equent> avec le P<rinc>e Obolensky qu’il faudrait s’entendre au pr'ealable. Voil`a ce qu’il faudrait que tu fisses savoir `a Бессонов, en y mettant, comme assaisonnement n'ecessaire, toute ta gr^ace discr`ete et efficace. — Et sur ce, ma fille, laissez-moi vous embrasser.
Dieu v<ou>s garde. T. T.
Петербург. Среда. 23 октября
Сто раз благодарю тебя, моя милая дочь, за добрые вести о Дарье. Ты не могла сильнее меня обрадовать. Дай-то Бог, чтобы наступившее улучшение не было кратковременным и это доброе, милое создание вновь обрело то относительное здоровье, которое только и придает некоторую приятность существованию… Но даже радуясь достигнутому результату, я не расстаюсь с заветной мечтой о полном и окончательном исцелении — и не одной Дарьи. Прошу, дочь моя, простить мне эти земные желания и довольно банальные мысли.
В своем последнем письме ты ничего не говоришь о самочувствии твоего дяди, что мне кажется хорошим знаком, но я очень прошу известить меня о состоянии зрения Николая Васильевича. Что больной глаз? Созревает ли катаракта? И когда, полагают, ее можно будет оперировать? — Вот человек, который своим приятием жизненных невзгод преподает такой урок, какого не преподаст целый том проповедей… Но ведь правда, что нигде, кроме как в России, не встретишь христианства столь коренного, христианства столь непосредственного, христиан, которые не воспитываются, а сами рождаются. Так же как дивные голоса в Италии.
Сделай одолжение, моя милая дочь, ознакомься с прилагаемыми
Вот еще услуга, которую ты мне окажешь. В Москве, как ты знаешь, есть некий господин Бессонов, друг и протеже Анны. Этот Бессонов писал мне какое-то время тому назад, что желал бы переменить свое теперешнее место службы на должность в Московском Архиве и в связи с этим просил меня походатайствовать за него перед князем Горчаковым, что я и не преминул сделать. Князь Горчаков поручил мне ответить ему, что с превеликим удовольствием использовал бы его дарования и его признанное и неоспоримое трудолюбие в интересах данного учреждения, но что он принял за правило никогда прямо не вмешиваться в назначения и что, следовательно, надлежало бы предварительно заручиться согласием князя Оболенского. Именно это и передай Бессонову, пустив в ход, дабы подсластить пилюлю, все твое скромное и действенное обаяние. — И засим, дочь моя, позволь с тобой расцеловаться.
Храни тебя Бог.
Ф. Т.
Тютчевой Е. Ф., 26 октября 1863*
Samedi. 26 octobre 1863
C’est demain le 8 novembre, ma fille ch'erie, et je tiens `a arriver `a temps pour ^etre aussi de la f^ete*. — Cette date me reporte `a des temps qui sont de la fable pour vous, bien qu’ils aient commenc'e votre histoire, et qui parfois me sont si pr'esents… Je me vois encore, `a la date de ce jour, il y a quelques ann'ees, — courant de tout c^ot'e `a la recherche du m'edecin, le trouvant enfin, attabl'e chez un de ses amis, et l’arrachant non sans peine aux d'elices du festin, pour aller vous faciliter votre arriv'ee dans ce monde… O`u 'etait-elle alors, cette belle et gracieuse r'ealit'e qui ^etes vous — et comment se cachait-elle dans ce petit souffle de vie, `a peine recouvert d’un peu de mati`ere! — Et de se dire que ce moment, o`u vous existiez d'ej`a, vous restera aussi profond'ement 'etranger, aussi profond'ement inconnu que les temps qui ont pr'ec'ed'e la guerre de Troie! — tout comme ta vie actuelle, ton heure pr'esente devait rester lettre close pour ta pauvre m`ere… Ah que l’existence humaine est un 'etrange r^eve!..
Nous avons eu ces jours-ci parmi nous l’excellent Катков* qui a 'et'e comme de raison beaucoup f^et'e et cajol'e par les puissances, mais qui s’en retourne peu 'edifi'e, je crois, de tout ce qu’il a vu et entendu dire. Hier j’ai fait son cornac chez le Prince Горчаков qui avait r'euni `a ce d^iner, pour faire f^ete `a son h^ote, toutes les intelligences de son Minist`ere. Ce qui est touchant dans Катков, c’est de voir un esprit tr`es ferme et tr`es sagace associ'e `a un excellent naturel, doux et infiniment sensible aux t'emoignages qu’on lui prodigue, ce qui le condamne quelquefois `a se sentir tout attrist'e de ce qui aurait agr'eablement flatt'e l’amour-propre ou la malveillance d’une nature plus personnelle…
Ici la nouvelle du jour c’est le discours d’ouverture de l’Empereur Napol'eon dont le r'esum'e t'el'egraphi'e a 'et'e transmis par Budberg*. Le trait saillant du discours c’est la d'eclaration que les trait'es de 1815 n’existent plus et la proposition, par suite de cela, d’un congr`es g<'en'er>al, o`u toutes les questions pendantes seraient discut'ees, — comme une combinaison qui, ayant 'et'e une fois indiqu'ee par la Russie, 'etait de nature `a lui ^etre propos'ee, sans la blesser. — On sait d'ej`a que l’effet du discours n’a pas 'et'e heureux sur l’Ambassadeur d’Angleterre, et il en sera probablement de m^eme de l’Autriche qui ne go^utera pas plus l’id'ee d’un congr`es g<'en'er>al, o`u elle si'egerait `a c^ot'e de l’Italie, que l’Angleterre ne go^utera la pr'etendue annulation des trait'es de Vienne. — Par toutes ces raisons, c’est nous qui avons le moins de motifs d’^etre m'econtents du dit discours — qui, en d'efinitive, ne fait que constater la divergence croissante des opinions de nos adversaires — et sur ce, ma fille, je v<ou>s embrasse et v<ou>s souhaite encore une fois la bonne f^ete.