L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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— Quoi donc, mon garcon ?
— Je ne ferai rien, que vous ne m’autorisiez `a faire, mais je vous en supplie, madame, dites-moi la v'erit'e, aidez-moi `a rester un homme d’honneur.
— `A la bonne heure. 'Ecoutez, prince, peut-^etre pourrais-je vous aider un jour, mais pour le moment je ne puis rien faire et, d’ailleurs, je tiens `a rassurer votre conscience en vous donnant ma parole que ce portefeuille n’est pas ici et que je ne puis rien pour vous le restituer. Vous allez partir, monsieur, et tout de suite.
— Pas encore, madame, pas avant d’avoir tu'e tout `a fait ce mis'erable qui vous voulait du mal.
— Vous ne tuerez pas Jean-Marie.
— Mais…
— Vous ne le tuerez pas.
— Au moins, madame, souffrez que je le remette `a la police, que je le fasse emprisonner, il faut que ce bandit soit puni, voyons.
— Non. Je ne veux pas. Vous allez au contraire l’emmener avec vous. Il faut que jusqu’au matin vous ne le quittiez pas, c’est la meilleure mani`ere de me prot'eger. `A l’aube, vous vous s'eparerez de Jean-Marie, et vous pourrez le faire sans inqui'etude pour moi, car moi je serai loin.
— Vous serez loin.
— Que vous importe ?
— Madame, ne me torturez pas. Je n’ai pas beaucoup d’usage de la vie, je ferai ce que vous voudrez, mais accordez-moi une gr^ace. C’est un homme `a genoux qui vous supplie, un homme qui vous aime. Votre nom Madame ?
Et il baisait le bas de sa robe.
La ch^atelaine du manoir tendit au prince Nikita sa main aux doigts fusel'es, pour l’inviter `a se relever, mais elle retira brusquement cette main que l’ardent officier voulait couvrir de baisers. Il insistait, humble et pressant.
— Votre nom, madame ? Faites-moi la gr^ace de ne pas me quitter avant que je sache o`u vous revoir.
Lentement enfin, la grande dame laissa tomber de ses l`evres ces paroles :
— Je m’appelle Mathilde de Br'emonval et, dans deux jours, je serai `a Paris.
— Ah, madame, s’'ecria l’officier radieux, dans deux jours…
— N’oublions pas nos conventions. Retirez-vous, ex'ecutez votre promesse. Il faut que ce Jean-Marie sorte d’ici imm'ediatement, que vous le teniez 'eloign'e du manoir jusqu’au lever du jour. Promettez-moi qu’il en sera ainsi fait ?
— Je vous le jure, madame, vous avez ma parole.
Puis, il insista d’une voix tortur'ee d’'emotion :
— Une gr^ace encore, madame.
— Laquelle ?
— Votre main `a baiser.
D’un geste gracieux, la grande dame tendit `a l’officier ses jolis doigts, et le jeune homme les porta `a ses l`evres o`u il les maintint longuement.
***
Jean-Marie, maintenu au collet par Nikita, 'epaule d'emise, poignet foul'e, se laissa faire. Enfin, l’'equarrisseur s’expliqua :
— Vous n’^etes pas trop rosse pour moi, car maintenant que je suis d'emoli, vous pourriez me faire boucler, or, vous ne le faites pas. Une charit'e en vaut une autre. `A mon tour de vous rendre un service.
— En ^etes-vous donc capable ?
— Pourquoi pas ? fit Jean-Marie. Tout `a l’heure, j’ai entendu votre conversation avec la femme du manoir, une femme que je ne connais pas d’ailleurs, car moi qui suis depuis trois mois jardinier dans cette bo^ite, je n’ai jamais vu qu’une vieille toupie qui s’appelle dame Brigitte, et qui s’est bien gard'ee de se montrer ce soir. Je vous disais donc que j’ai entendu votre conversation. Vous ^etes de ceux qui cherchez le portefeuille ?
— Hein.
— H'e oui, la jolie rombi`ere avec qui vous avez jaspin'e pendant la moiti'e de la nuit ne vous a pas balanc'e des blagues. Elle ne sait pas o`u est le portefeuille. Seulement moi Jean-Marie, je le sais.
— O`u ?
— Il est entre les mains d’une femme, une jeune et une chouette, une qui n’a pas froid aux yeux, une m^ome `a la redresse, une qui est un peu l`a.
— Jean-Marie, si tu m’aides `a le retrouver, je te couvre d’or.
— Suffit d’avoir la poule, et l’oeuf d’or n’est pas loin. Mais attention, son poulailler, il est un peu gard'e.
— Et o`u est-il ?
— C’est simple. Vous aurez compris quand vous saurez que la fille de Fant^omas est sous les verrous `a la prison de Morlaix.
16 – PISTE ROMPUE
Nous avons laiss'e H'el`ene `a Morlaix, au moment o`u elle a bless'e Fandor, alors qu’elle 'etait persuad'ee que, comme tous les soirs, une cartouche truqu'ee chargeait l’arme qu’elle avait 'epaul'ee.
H'elas, la cartouche n’'etait pas `a blanc comme toujours jusque l`a.
Et ce J'er^ome Fandor qui surgissait l`a sans crier gare, J'er^ome qu’elle n’avait pas revu depuis le moment o`u on l’avait recueilli avec Juve `a bord du Skobeleff.
En attendant, le pand'emonium s’'etait d'echa^in'e dans la baraque.
La foule s’'etait jet'ee sur la jeune fille, hurlant `a mort. Il y avait surtout une sorte de colosse `a grosse voix qui r'eclamait l’intervention de la police.
Alors tout s’'etait brouill'e devant les yeux d’H'el`ene.
Arr^et'ee par les robustes gars qui eux, du moins, la prot'egeaient de la col`ere de la populace, accabl'ee, elle s’'etait laiss'ee conduire en prison sans m^eme protester.
Mais qu’allait-il se passer ?
Allait-on r'eellement la maintenir en 'etat d’arrestation ?
H'el`ene commencait `a se le demander. Elle attendait J'er^ome Fandor, qu’elle avait apercu s’en allant vers une pharmacie, se frottant l’'epaule vigoureusement, mais qui ne paraissait pas, somme toute, ^etre gri`evement bless'e.
Le commissaire avait fait entrer dans le local o`u il tenait ses assises, non seulement la jeune fille, mais encore tout un groupe de spectateurs qui demandaient `a ^etre entendus en qualit'e de t'emoins.