L'Arrestation de Fant?mas (Арест Фантомаса)
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— Et voil`a, dit-il, pas plus malin que ca. Le pante n’a m^eme pas 'et'e chatouill'e, il s’est apercu de rien.
Fandor prit la paire de ciseaux qu’obligeamment Mimile lui tendait, il s’efforca d’imiter la jeune crapule.
Mais, tandis que Mimile avait op'er'e avec une habilet'e remarquable, Fandor se conduisait avec la derni`ere des maladresses.
Il n’avait pas seulement essay'e de glisser sa main sous le bras du mannequin que celui-ci, fr^ol'e malgr'e ses pr'ecautions, produisait un v'eritable carillon. Et cela tournait au charivari, lorsque Fandor voulu donner le coup de ciseaux devant ouvrir la doublure.
— Eh bien, mon vieux, s’'ecrie P`ere Grelot, si c’est comme ca que tu pratiques, tu peux bien ^etre certain d’aller le soir coucher `a la bo^ite. Ah, t’en as de la d'elicatesse.
Mimile, de son c^ot'e, pouffa :
— C’est rien farce, c’est rien du tout `a attraper, ce truc-l`a. Mais tant qu’on ne l’a pas, n’y a rien `a faire. Allez, vas-y, mon poteau.
Fandor, toute la matin'ee, de la sorte, 'ecouta les conseils int'eress'es, – il avait donn'e dix francs, – et int'eressants du p`ere Grelot.
La m'ethode du vieillard 'etait d’ailleurs bien simple. Il expliquait `a ses 'el`eves comment il fallait proc'eder pour d'evaliser un
— Tant que ca sonne, r'ep'etait l’ignoble vieux, c’est qu’on n’a pas la main douce.
Et Fandor recommencait.
Le journaliste, d’ailleurs, s’appliquait avec une si r'eelle attention `a suivre les excellents conseils de son professeur qu’il fit bient^ot de rapides progr`es. Au bout de deux heures d’exercices, Mimile, tout comme le p`ere Grelot, le couvrait d’'eloges.
— T’as rudement des dispositions, disait Mimile.
Apr`es divers exercices, P`ere Grelot devint curieux :
— Allons, dit-il, confesse que tu t’es rouill'e, mais qu’autrefois t’avais d'ej`a exerc'e le m'etier. Non. Jamais. Vingt dieux, tu m’'epates. Ah, en voil`a assez pour aujourd’hui.
Mais Fandor n’'etait pas de cet avis.
— Non, dit-il, j’ai un coup `a faire ce soir, un coup que je veux r'eussir `a toute force. P`ere Grelot, vous m’avez fait faire de l’entra^inement jusqu’`a pr'esent, mais ca ne suffit pas. T^achez voir moyen `a me faire attraper le coup pour faire un porteufe.
Cent sous de plus valurent `a Fandor de travailler encore plusieurs heures, mais r'eellement, quand il sortit de chez le p`ere Grelot, apr`es force promesses de revenir et m^eme d’entrer dans de « petites combines », Fandor 'etait pass'e ma^itre dans l’art de « faire » un portefeuille.
Le journaliste 'etait radieux.
23 – LA POCHE D’ELLIS MARSHALL
— Touch'e, monsieur.
— Mais pas du tout, prince, plaqu'e et pass'e.
— Allons donc, ma lame a pli'e.
— C’est bien possible, mais elle a pli'e sur ma riposte.
— Jamais de la vie, monsieur le pr'ev^ot. Je crois savoir ce que je dis, et ce n’est pas la premi`ere fois.
— Et moi, prince, je puis vous affirmer que je n’ai pas l’habitude de discuter les coups et encore moins de ne point annoncer ceux que je recois.
— On ne le dirait pas, monsieur le pr'ev^ot.
— Prince Nikita, vous oubliez `a qui vous parlez ?
— Je n’oublie rien du tout, mais je vous ai touch'e.
— Je vous r'ep`ete que votre lame a pass'e.
— Alors j’en ai menti ?
— Mais d'ecomposez donc le coup. Vous verrez vous-m^eme.
— Je ne verrai rien du tout.
— L`a, l`a, messieurs, du calme. Du calme. Oubliez-vous donc les r`egles d’honneur qui font du jeu d’escrime un jeu noble et 'el'egant ? Je ne puis comprendre que vous discutiez ainsi `a propos d’un coup de bouton. N’est-il pas vrai, monsieur Ellis Marshall ?
— Aoh oui. Cela 'etait tr`es vrai. Une dispute de la sorte 'etait shocking.
***
Dans la salle d’armes que fr'equentait le prince Nikita, fort bon tireur, l’altercation qui venait de s’'elever entre l’officier russe et le pr'ev^ot d’armes n’'etait pas, en effet, sans causer quelque peu de scandale. On n’'etait pas accoutum'e `a voir de la sorte chercher avec une ardeur si grande la r'ealit'e d’un coup douteux.
Le prince Nikita et le pr'ev^ot qui faisaient assaut 'etaient depuis longtemps en mauvaise intelligence. Une jalousie s'eparait les deux hommes, qui provenait du fait que certain jour, en assaut public, le prince Nikita, simple amateur, avait remport'e la victoire sur le professionnel. Jamais ce dernier n’avait pu pardonner sa d'efaite `a l’officier.
Or, comme le prince Nikita, `a l’exemple du pr'ev^ot, haussait le ton pour discuter, dans la salle d’armes tous les escrimeurs pr'esents, 'echangeant des regards ironiques, cessaient de tirer, se groupaient, regardaient.
— Il est possible, d'eclara le prince Nikita en se retournant vers ceux qui venait de le bl^amer, il est possible, messieurs, que vous trouviez extraordinaire que je m’obstine `a vouloir faire compter cette touche. Mais cela vient sans doute de ce que vous n’avez pas vu le coup. Il 'etait indiscutable.
— Si peu indiscutable, reprit le pr'ev^ot, que je nie formellement les pr'etentions du prince Nikita.
Cela risquait de durer.
— Aoh, r'ep'etait Ellis Marshall qui, tout habill'e et pr^et `a partir, s’appuyait flegmatiquement sur sa canne, un jonc de prix que faisait ployer son poids. Il est extraordinaire qu’une semblable dispute puisse r'eellement na^itre entre des gentlemen. L’un des deux a tort, qu’il le reconnaisse.
Pr`es de l’Anglais, debout, masqu'e du treillis fin dont se font les masques de fleuret, se tenait toujours l’amateur qui le premier avait jet'e son mot dans la querelle. Lui aussi consid'erait d’un air surpris le pr'ev^ot d’armes et le prince russe :