L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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Le bandit se leva, alla et vint dans la pi`ece, l’air triomphant. Lady Beltham, elle, s’'etait laiss'ee choir sur un canap'e, elle avait p^ali, son visage exprimait une terreur profonde.
— Je ne sais pas, murmura-t-elle, o`u s’arr^etera votre t'em'erit'e, mais je redoute, Fant^omas, le jour fatal de l’'ech'eance o`u vous serez pris et livr'e `a la justice.
Le c'el`ebre bandit, que l’on avait `a juste titre qualifi'e d’insaisissable, rit de tout son coeur.
— Plaisantez-vous, lady Beltham ? s’'ecria-t-il. Supposez-vous que je puisse ^etre jamais pris ? Ceci d’ailleurs n’est rien, une simple amusette en passant ! N’ai-je pas fait mieux d'ej`a ? Et pour ne vous citer que ma plus r'ecente op'eration n’ai-je pas r'eussi `a me marier officiellement devant tout le monde il y a de cela quinze jours, en plein midi, `a l’'eglise de la Madeleine ? Ce jour-l`a, j’avais dans l’assistance des gens comme Juve et Fandor.
Lady Beltham leva les mains au ciel.
— Ah, Fant^omas, murmura-t-elle, comment pouvez-vous 'evoquer sans fr'emir cette heure effroyable et cet acte insens'e, qui d’ailleurs a co^ut'e la vie, par votre faute, `a la malheureuse Mercedes de Gandia ?
— Les bons paient pour les mauvais, dit Fant^omas.
Puis il ajouta apr`es un instant de silence :
— Vous verrez d’ailleurs du nouveau d’ici peu, lady Beltham. Je me sens anim'e d’une ardeur incroyable et mes projets sont tels que lorsqu’ils seront r'ealis'es, ce qui ne tardera gu`ere, ils bouleverseront l’univers.
***
Le secr'etaire particulier de M. Havard s’approchait timidement du chef de la S^uret'e ; il tenait une carte `a la main :
— C’est quelqu’un, commenca-t-il…
— Fichez-moi la paix ! cria M. Havard, cependant que le haut fonctionnaire bondissant de son fauteuil allait `a un t'el'ephone dont il d'ecrochait rageusement le r'ecepteur :
— All^o, all^o ! hurla-t-il dans l’appareil. Envoyez-moi d’urgence les inspecteurs de la section centrale. D’urgence. Vous entendez ?
Il revint `a son bureau, fouilla fi'evreusement une liasse de documents :
— La cote 22 grommela-t-il, qu’a pu devenir la cote 22 ?
Son secr'etaire qui s’'etait recul'e se rapprocha de nouveau et balbutia d’une voix timide :
— Monsieur le Chef de la S^uret'e, c’est quelqu’un…
— Sacr'e nom d’un chien, la cote 22 !
On frappait `a la porte.
— Entrez, fit le chef de la S^uret'e, furieux.
Trois hommes p'en'etr`erent dans le cabinet de M. Havard :
— Ah c’est vous, dit celui-ci. Eh bien, mes gaillards j’ai joliment besoin de vous ! L'eon, Michel, Martin, il va s’agir de se d'ebrouiller ! Naturellement, vous connaissez la nouvelle ?
— Le Comptoir National ? L’autobus ? demanda Michel.
— Parbleu, je viens d’^etre pr'evenu par le commissaire de police.
`A ce moment, quelqu’un frappait encore `a la porte du cabinet directorial et p'en'etrait sans attendre de r'eponse. C’'etait un quatri`eme inspecteur de la S^uret'e : l’inspecteur L'ev^eque.
M. Havard courut `a lui, lui arracha brusquement les documents qu’il tenait `a la main, puis les ayant examin'es d’un rapide coup d’oeil, le chef de la S^uret'e prof'era, poussant un gros soupir :
— Ah, je m’en doutais, c’est encore vous qui aviez la cote 22.
— Monsieur le directeur, fit L'ev^eque, vous me l’avez donn'ee il y a une minute pour rechercher les fiches des anarchistes que vous soupconnez avoir commis l’attentat du Comptoir National [7].
— Il s’agit bien d’anarchistes ! cria M. Havard. Voyons, mes enfants, c’est stupide ! Le vol du Comptoir National est sign'e, clair comme le jour. Parmi les papiers qui ont disparu, se trouvent ceux qui appartenaient, par suite de la mort de l’infante d’Espagne, au soi-disant baron Stolberg, mari de Mercedes de Gandia. Or, vous savez bien, les uns et les autres, que le baron Stolberg, c’est la derni`ere personnalit'e prise par Fant^omas. Fant^omas, encore, toujours lui !
M. Havard s’arr^etant de parler, courut `a la fen^etre qui donnait sur la cour int'erieure de la Pr'efecture.
Un vacarme assourdissant en montait, des p'etarades qui 'evoquaient les 'ecoles `a feu de toute une batterie d’artillerie.
— D’o`u vient ce tapage ?
— Ce ne peut ^etre que l’automobile de nos coll`egues Nalorgne et P'erouzin, dit Martin. Depuis qu’on les a charg'es de ce service, ils sont toujours en train de r'eparer quelque chose, il faut croire…
— Il ne s’agit pas de cela, fit-il, mais bien de s’'elancer `a la poursuite du voleur de la banque et de ses complices. Car il y a naturellement des complices dans cette affaire.
M. Havard s’interrompit encore. Il se tourna vers son secr'etaire qui l’avait approch'e, surmontant sa timidit'e, et le touchant au bras, il demanda :
— Quoi ? Qu’est-ce qu’il y a ? Que voulez-vous ?
Le jeune homme enfin tendit la carte qu’il tenait `a la main.
— Je n’ai pas le temps de recevoir ! cria M. Havard.
Cependant, ses yeux s’'etaient arr^et'es sur le bristol et il lut `a haute voix :
M. Bercelier
Directeur technique de la Compagnie g'en'erale des Omnibus
— Qu’il entre, s’'ecria le chef de la S^uret'e. Ah ! par exemple, il vient `a point !
Deux secondes apr`es, M. Bercelier p'en'etrait dans le cabinet du haut fonctionnaire. Celui-ci courut `a lui :
— Eh bien, fit-il, en voil`a une histoire ! Si vous croyez que c’est amusant pour nous. Mais aussi je ne comprends pas la Compagnie. Vos employ'es ne sont donc pas capables de garder leur voiture ? Les engins de cette esp`ece, des mastodontes de cette sorte ne se volent pourtant pas comme un mouchoir de poche ?
— Sans doute, r'epliqua M. Bercelier, mais l’aventure est tellement extraordinaire, et la t'em'erit'e des voleurs si grande, que nous ne pouvions gu`ere nous attendre…
— Vous vous rendez compte, poursuivit M. Havard, de la responsabilit'e qu’encourt la Compagnie ?
— Les agents de police de la place Clichy, survenus au moment de l’accident, ont manqu'e de pr'esence d’esprit. Ils auraient d^u songer qu’on allait peut-^etre voler la Banque, et organiser une surveillance imm'ediate. Je sais bien qu’ils n’'etaient pas nombreux. Mais la Compagnie des Omnibus ne saurait ^etre rendue responsable de l’insuffisance des gardiens de la paix.