La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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— Trois jours, depuis l’arrestation du…
Mais M. Hoch qui jusqu’alors semblait avoir r'epondu sans r'efl'echir, s’arr^eta brusquement d’'ecrire, se tourna vers Juve.
— Au fait, interrogea-t-il, et jetant sur le policier un coup d’oeil hautain et soupconneux, qu’est-ce que cela peut bien vous faire et que d'esirez-vous ?
Mais Juve avait de la pr'esence d’esprit. Cessant d’^etre aimable et parlant `a son tour comme quelqu’un qui n’a pas d’ordre `a recevoir, il r'epliqua :
— Je veux, fit-il, de son ton le plus m'eprisant, que vous me fassiez donner une chambre. Et quelque chose de bien, je vous prie.
Comme 'electris'e, M. Hoch qui s’apercut qu’il avait affaire `a un client, se levait de son fauteuil pour venir s’incliner tr`es bas devant le nouvel arrivant.
13 – QUI TROMPE QUI ?
— Donnez-moi une chambre.
Juve comprenait de moins en moins les 'ev'enements qui venaient de se d'erouler `a l’Imp'erial H^otel, mais dans l’impossibilit'e o`u il 'etait de tirer ces affaires au clair, il choisissait la seule solution qui lui par^ut rationnelle : il s’installerait `a l’Imp'erial, avec l’intention bien nette de n’en partir qu’une fois document'e.
Or, au moment m^eme o`u Juve, tranquillement, priait le g'erant qui venait de le recevoir de mettre une chambre `a sa disposition, dans le grand escalier d'ebouchant au centre du hall, un vacarme naissait, d’abord indistinct, puis peu `a peu augmentait, se faisait assourdissant.
C’'etaient des cris, des bruits de pas, des appels, et encore comme un pi'etinement sourd, comme des heurts, une bousculade.
Le g'erant entendant ces bruits, quittait Juve, courut `a l’escalier.
— Ah c`a, cria-t-il, cherchant `a voir ce qui pouvait bien se passer aux 'etages sup'erieurs, qui donc se permet ?
Juve avait accompagn'e, naturellement, son interlocuteur. Le policier arriva juste, dans la cage de l’escalier pour y saisir, prononc'ees par une voix tremblante de col`ere, des interjections terribles :
— Bandit, canaille, mis'erable, assassin.
En m^eme temps, une autre voix lui r'epondait :
— Taisez-vous donc imb'ecile. Tout le monde va savoir.
L’autre voix, la premi`ere, continuait `a hurler :
— Ignoble personnage, satyre, faux camarade, gredin, que tout le monde sache ? Je m’en fiche bien. Vous devriez ^etre pendu en place publique. Allez descendez.
Et, de temps `a autre, couvrant les deux voix qui discutaient, d’autres cris retentissaient, cependant que des 'eclats de rire fusaient de tous c^ot'es, que des exclamations ironiques, semblaient provenir de gorges f'eminines :
— Ah qu’il est vilain !
— Hou, hou le vieux !
C’'etait absolument incompr'ehensible. Le g'erant, pale de col`ere, sauta dans l’ascenseur :
— Attendez-moi, dit-il, se tournant vers Juve, je reviens `a l’instant.
Mais Juve n’eut garde d’ob'eir. Loin d’attendre le g'erant, il monta dans l’ascenseur, lui aussi, et l’appareil s’'eleva rapidement.
Les cris, cependant, continuaient :
— Sapristi, laissez-moi donc m’habiller.
— Descends, descends. Attends un peu que je te montre si j’ai peur de toi !
Le premier 'etage que rencontrait l’ascenseur en montant semblait d'esert. Des femmes de chambre, des voyageurs, des voyageuses aussi, attir'es par le tapage, s’'etaient group'es sur le palier.
— Que se passe-t-il, mon Dieu ? interrogea le g'erant.
L’ascenseur s’'elevait toujours plus vite.
Or, comme il arrivait `a hauteur du second, M. Hoch saisit brusquement la corde de l’appareil, l’immobilisa.
Point n’'etait besoin, `a coup s^ur, de monter plus haut. Descendant du troisi`eme, une troupe d’hommes apparaissait, une troupe compos'ee aussi bien de serviteurs et d’employ'es de l’h^otel que de voyageurs amus'es. En t^ete se trouvaient deux personnages qui se disputaient furieusement. L’un n’'etait autre que le gros Narcisse Lapeyrade, le malheureux mari de la jolie ling`ere, l’autre 'etait le caissier Guillaume, et ce dernier apparaissait dans le plus simple des accoutrements.
Guillaume, le fid`ele Guillaume, l’employ'e correct et mod`ele, avait pour tout v^etement, une chemise de nuit dont les pans flottaient au hasard de la lutte furibonde qu’il soutenait avec Narcisse, et au pied droit une chaussette dont la jarretelle brinqueballait, au risque de le faire tomber.
P^ale de rage, les yeux jetant des 'eclairs, le g'erant avait bondi au-devant des deux hommes.
— Guillaume ! appela-t-il, Narcisse ! Voyons, que signifie ?
Haletant, le gros pisteur envoya d’une secousse le caissier rouler contre le mur. Narcisse Lapeyrade `a ce moment, 'etait beau : la col`ere lui pr^etait le regard imp'erieux, l’attitude hautaine.
— Monsieur le g'erant, r'epondait Narcisse, il se passe ceci : c’est que Monsieur – et il d'esignait Guillaume – vient de m’outrager.
— Il vous a quoi ?
Une petite bonne qui riait `a quelques marches de l`a, expliqua la chose :
— Tiens, parbleu, s’exclamait-elle, c’est pas difficile `a deviner : Guillaume a tromp'e Narcisse avec F'elicie.
Au m^eme moment, attir'ee `a son tour par le bruit, F'elicie Lapeyrade qui, depuis le matin, sachant la situation tragique o`u elle avait laiss'e son amant, n’'etait pas tranquille, parut sur le seuil de la lingerie.
Le g'erant foudroya du regard la jeune femme.
— F'elicie, lui jeta-t-il, votre mari est devenu fou ?
Guillaume, cependant, s’'etait relev'e. Toujours en chemise et l’air piteux, il tenta de b'egayer une excuse :
— Monsieur le g'erant, commencait-il, je vous prie de croire que tout ceci provient d’un malentendu.
Mais il n’eut pas le temps d’achever. Au comble de la col`ere, Narcisse Lapeyrade l’interrompit :
— Taisez-vous, l^ache, bandit, voleur d’honneur, hurla-t-il. Ah, vous appelez ca un malentendu ? Eh bien, par exemple !