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La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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Et leur existence avait 'et'e tr`es en p'eril, fort compromise jusqu’`a l’arriv'ee de la police, dont la venue avait d'etermin'e la fuite des apaches `a la t^ete desquels se trouvait le Ma^itre de l’Effroi.

Bien entendu, Fant^omas s’'etait enfui, mais tandis qu’il disparaissait dans l’ombre de la nuit, Juve s’'elancait `a sa poursuite.

Fandor, qui m'editait de faire de m^eme, 'etait, `a ce moment retard'e par l’intervention de M. Havard. Le chef de la s^uret'e, prenant Fandor pour un malfaiteur, l’avait arr^et'e pour le rel^acher aussit^ot. D`es lors, Fandor n’avait plus eu qu’une id'ee : rattraper le temps perdu, courir apr`es Fant^omas.

Le journaliste avait vu fuir une silhouette sombre, non point dans la rue Froidevaux, mais bien sur les toitures dont le sommet se trouvait au niveau de la terrasse sur laquelle donnait la salle du restaurant de L’'Epervier. Et Fandor, confiant en son agilit'e, s’'etait 'elanc'e sur les toits, longeant des corniches, contournant des chemin'ees, enjambant des balcons, se livrant `a une poursuite effr'en'ee.

Mais soudain, alors qu’il imaginait s’engager sur une toiture de zinc, le journaliste posait le pied sur un vitrage. Les carreaux se brisaient et Fandor tombait dans un trou sombre, se meurtrissait les membres, 'eprouvait une telle commotion qu’il en demeurait inerte.

Une heure apr`es, lorsque le journaliste revenait `a lui, ses yeux d'ecouvrirent avec 'etonnement l’endroit o`u il se trouvait.

C’'etait un salon, 'el'egamment meubl'e, 'eclair'e par une douce lumi`ere 'electrique. L’'eclat des ampoules 'etait tamis'e par de jolis abat-jour aux teintes vari'ees. Une femme au visage s'erieux se tenait aupr`es de Fandor, et, de sa main fra^iche, serrait le poignet du jeune homme.

Abasourdi, le journaliste avait jet'e les yeux sur cette inconnue et s’appr^etait `a lui demander quelques explications sur ce qui venait de lui arriver, mais la jeune femme, d’un geste, lui imposait silence. Toutefois, apr`es avoir compt'e pendant pr`es d’une bonne minute, la dame murmura :

— Pas la moindre fi`evre. Un pouls excellent. C’est parfait.

Elle se penchait vers Fandor, mettait sur son front la paume douce de sa main. Le journaliste, de plus en plus abasourdi, n’y tenant plus, l’interrogea alors :

— O`u suis-je ? Que m’est-il arriv'e ? Qui ^etes-vous, Madame ?

On lui r'epondit :

— Vous avez fait une chute. Monsieur, pas bien grave, heureusement, mais j’ose dire que vous ^etes bien tomb'e. Vous ^etes ici chez Mme Olivet, c’est-`a-dire chez moi, et je suis docteur en m'edecine.

— Bon, pensa Fandor, cette excellente femme a raison, pour une fois, je suis bien tomb'e. Esp'erons que je vais me relever de m^eme.

Et d'ej`a il s’efforcait de bouger, mais une vive douleur lui arracha un cri.

— C’est `a la jambe que vous avez mal ? interrogea la femme-m'edecin.

— Ma foi oui, reconnut Fandor, j’'eprouve comme un 'elancement dans le mollet gauche.

Sans se d'epartir de son calme, et avec des pr'ecautions infinies, Mme Olivet avait alors retrouss'e le pantalon du jeune homme, cependant qu’elle disait `a quelqu’un que Fandor n’avait pas encore apercu :

— D'echaussez-le.

Le journaliste alors avait vu surgir devant lui un gros homme `a la figure repl`ete, `a la t^ete 'ebouriff'ee, qui, avec des gestes empress'es et maladroits, d'enouait le lacet de sa bottine. Mme Olivet le pr'esenta `a son malade :

— C’est M. Olivet, dit-elle, mon mari. Il m’aide de temps en temps, lorsque je n’ai pas de domestique sous la main.

— Bien, songea Fandor, voil`a un 'epoux qui m’a tout l’air d’^etre rel'egu'e au sixi`eme dessous dans son m'enage.

Mais le journaliste rapidement eut `a se pr'eoccuper d’autre chose.

Son docteur lui palpa le mollet d’un air entendu.

— Pas grand-chose, je l’esp`ere, du moins, fit Mme Olivet, toutefois, la jambe est encore enfl'ee, et nous ne pourrons ^etre fix'es que demain matin.

— Ah, fit Fandor, que craignez-vous donc ?

— Je ne sais pas, dit myst'erieusement Mme Olivet.

Elle ajouta :

— Vous allez rester 'etendu sur ce canap'e, on va vous mettre des coussins, des couvertures. Je n’ose pas vous faire transporter sur un lit, de peur de quelques complications.

Fandor ne savait comment remercier cette aimable femme qui soignait, en somme, un inconnu, et un inconnu dont l’arriv'ee chez elle 'etait plus qu’extraordinaire, avec un extr^eme d'evouement, une exquise compassion.

Le journaliste s’en voulut de n’avoir point encore dit qui il 'etait, d’autant qu’`a ce moment Mme Olivet, qui d'ecid'ement pensait `a tout, venait de lui annoncer :

— Pour que vous ne manquiez de rien, mon mari vous veillera toute la nuit.

Fandor songea :

« Il faut que je me pr'esente ». Et, en s’excusant de donner `a M. et Mme Olivet tout ce trouble, le journaliste dit son nom.

Mme Olivet changea de couleur.

— J'er^ome Fandor ? s’'ecria-t-elle, est-ce possible que vous soyez J'er^ome Fandor ? Ce journaliste si connu, ce h'eros si courageux, cet homme admirable ?

Fandor, fort g^en'e de voir l’estime dans laquelle le tenait cette aimable femme, voulait l’emp^echer de continuer, mais Mme Olivet 'etait lanc'ee, rien ne l’aurait arr^et'ee :

— Ah, soupira-t-elle, c’est assur'ement le ciel qui vous envoie, voil`a si longtemps que j’entends parler de vous, de vos aventures, et que je r^eve de vous conna^itre. Vous incarnez `a mes yeux l’audace, le courage, la plus sublime t'em'erit'e.

— Ma ch`ere amie, interrompit `a ce moment M. Olivet, tout ce que vous dites est certainement tr`es exact, et m^eme au-dessous de la v'erit'e, mais ne craignez-vous pas de fatiguer votre malade ?

L’excellent homme s’arr^eta net, foudroy'e par un coup d’oeil m'eprisant et hautain de sa femme :

— Vous, d’abord, d'eclara-t-elle, m^elez-vous de ce qui vous regarde. Allez vous coucher, c’est moi qui veillerai M. J'er^ome Fandor, vous seriez incapable de lui prodiguer des soins 'eclair'es, si besoin en 'etait.

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