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La disparition de Fandor (Исчезновение Фандора)
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— C’est exact, ce que vous dites, Madame Labour`es, dit M. Peyrat, mais vous n’avez pas le droit de vous en plaindre. Le pauvre petit, il est fort heureux encore qu’il trouve toujours `a s’occuper, `a s’amuser, vous seriez vous-m^eme la premi`ere d'esol'ee si vous 'etiez t'emoin de son ennui. Et autrement, Madame Labour`es, c’est `a quel sujet que vous m’ameniez Saturnin ?

Mais Mme Labour`es n’eut pas `a r'epondre. Un grand garcon maigre et d'egingand'e, un garcon `a la figure extraordinaire et dont la seule vue causait un r'eel malaise, venait de sortir des bois de pins. C’'etait Saturnin. Il pouvait bien avoir dix-huit ou dix-neuf ans, mais chose curieuse, son attitude 'etait celle d’un enfant, d’un enfant qui craint d’^etre grond'e, et qui, avant d’approcher, veut s’assurer des dispositions o`u l’on se trouve.

— Viens donc, recommencait Mme Labour`es,

« autreming », M. Peyrat ne te mangera pas, voyons. Tu ne m’entendais pas t’appeler, Saturnin ? Allons, approche, petit.

Le jeune homme s’approcha timidement. M. Peyrat lui tendit la main.

— Tu n’aimes donc plus les r'eglisses ?

Mais Saturnin ne r'epondit pas. La main dans celle du pharmacien, il le regardait fixement, avec un rire extraordinaire, muet, prolong'e, comme s’il e^ut contempl'e un individu essentiellement grotesque, une personnalit'e 'eminemment amusante. Le malheureux Saturnin, aussi bien, – ce n’'etait un myst`ere pour personne `a dix lieues `a la ronde, – 'etait simple d’esprit. Jadis, Mme Labour`es avait 'epous'e au m'epris des superstitions les mieux 'etablies dans les Landes, un sien cousin, et, le malheureux Saturnin devait, disait-on, `a cette union, de ne point jouir de ses facult'es mentales. Pas m'echant, d’ailleurs, serviable m^eme, tr`es doux, incapable de faire quoi que ce soit de mal, Saturnin avait en r'ealit'e la raison d’un enfant de sept ans dans le corps d’un homme fait. Il ne travaillait pas, car tous les m'etiers que l’on avait successivement essay'e de lui faire apprendre l’avaient successivement rebut'e. Il vagabondait du matin au soir, m'ediocrement aim'e de son p`ere, un Basque robuste et trapu qui travaillait aux entreprises de r'esine, choy'e par sa m`ere, en revanche, qui, pour ce grand garcon, trouvait, sous des apparences de brusquerie et de col`ere gasconne, des tr'esors d’indulgence.

— Autrement, r'ep'etait M. Peyrat, dites-moi donc, Madame Labour`es, qu’est-ce qu’il a votre fils ?

Mme Labour`es, au moment m^eme, devenait furieuse, prise d’un de ces acc`es de rage qui n’avaient aucune cons'equence.

Aussi bien, Saturnin outrepassait les bornes. L’idiot tirait la langue et faisait ses plus 'epouvantables grimaces `a l’adresse du pharmacien.

— Finis, ordonna Mme Labour`es, t^ache d’^etre sage… Monsieur Peyrat, je venais vous voir rapport `a son doigt qui est malade, il s’est bless'e je ne sais o`u, et depuis il est l`a `a geindre, `a se plaindre, si bien que je me demande s’il n’a pas r'eellement un mauvais mal. Voulez-vous voir, Monsieur Peyrat. Des fois, des bobos, n’est-ce pas ?

M. Peyrat d'ej`a, attirait Saturnin `a l’int'erieur de sa boutique, il le faisait asseoir, lui donnait `a croquer une poign'ee de bonbons, et s’'etant de la sorte, assur'e sa sagesse, commencait `a examiner la main malade. Mme Labour`es n’avait pas menti. Son pauvre fils pouvait en effet se plaindre et geindre avec conviction ; il 'etait assez s'erieusement bless'e, `a la main droite, l’un de ses doigts, presque `a vif, saignait, et la plaie avait la plus vilaine apparence. Le pharmacien, tout en entourant la phalange du bless'e d’une s'erie de petits linges destin'es `a la pr'eserver des souillures diverses, s’informa :

— Et alors, Saturnin, o`u t’es-tu fait cela, mon petit ?

— Je ne sais pas, r'epondit-il.

— Tu ne sais pas o`u tu t’es bless'e ? Voyons, voyons, fais attention, c’est encore en te battant, en montant dans un arbre, en jouant avec le feu ?

— Pas moins. Elle est m'echante, hein, de m’avoir mordu comme cela ?

— Qu’est-ce que tu dis, Saturnin, qu’est-ce que tu racontes ? Qui est-ce qui t’a mordu ?

— Eh, la dame qui se baignait, donc.

La r'eponse 'etait incoh'erente, le pharmacien et la Landaise 'echang`erent un regard surpris.

— Saturnin, reprit M. Peyrat, ne t’amuse pas `a te moquer de nous, ou tu n’auras plus de bonbons. R'eponds gentiment, voyons. Qui est-ce qui t’a mordu ? Qu’est-ce que c’est que cette dame qui prenait son bain ?

— Je ne sais pas.

— Tu ne sais pas qui t’a mordu ? s’exclamait Mme Labour`es, eh bien si c’est comme ca, aujourd’hui, je t’emp^echerai d’aller te promener.

'Evidemment, la menace devait ^etre terrible et faire une peur 'epouvantable au malheureux enfant, car tout d’une haleine il se h^ata de r'epondre :

— Autrement, Maman, voil`a. C’est la dame qui se baignait tout habill'ee. Quand j’ai voulu lui toucher le nez, elle m’a mordu. A"ie ! Ca me fait mal, monsieur !

La derni`ere exclamation s’adressait au pharmacien, qui entendant les paroles de l’idiot, 'etait parti `a rire, et, secou'e par sa gaiet'e, avait involontairement serr'e trop fort le doigt du pauvre Saturnin.

— Tu dis, s’exclamait le brave homme, que tu as voulu toucher le nez `a une dame qui se baignait tout habill'ee ? Qu’est-ce que c’est que cette histoire-l`a ?

— Oui, et la dame m’a mordu.

Il n’y avait pas `a le faire sortir de l`a. Mieux que personne, Mme Labour`es savait que son fils 'etait t^etu, et qu’il 'etait impossible, m^eme en le grondant, de le faire revenir sur une premi`ere d'eclaration.

— Vraiment, elle n’'etait pas gentille. Saturnin… cette dame. Mais qui est-ce donc ? Chez qui 'etais-tu ?

— J’'etais chez Borel.

Cette fois, M. Peyrat et Mme Labour`es 'eclataient ensemble de rire. Saturnin exag'erait vraiment.

Certes, Saturnin pouvait avoir 'et'e jouer chez les Borel, mais il 'etait invraisemblable qu’il y e^ut 'et'e victime de quoi que ce f^ut. Les 'epoux Borel 'etaient des personnes

« tout ce qu’il y avait de bien ».

Pourquoi Mme Borel aurait-elle mordu Saturnin ? Pourquoi, surtout aurait-elle eu la fantaisie de se baigner tout habill'ee ? et o`u cela ? dans la mare, alors ?

Mme Labour`es, par acquit de conscience, interrogea encore :

— Qu’est-ce que tu dis qu’elle faisait, la dame, quand elle t’a mordu ?

La bouche pleine de r'eglisse, Saturnin, impassible, r'ep'eta :

— Elle se baignait, maman, tout habill'ee.

— Mais elle se baignait o`u ?

— Dans une baignoire.

Cette fois M. Peyrat protesta :

— Saturnin, disait-il, tu te moques de nous, et ce n’est pas gentil. D’abord, tu n’as pas 'et'e mordu, ce n’est pas une morsure, qui a pu te faire le bobo que tu as. On dirait une br^ulure. Une br^ulure assez myst'erieuse d’ailleurs. Voyons, tu n’as pas mis ta main dans de l’eau bouillante ? Tu n’as pas 'et'e tra^iner chez le teinturier ? tu n’as pas…

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