La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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La d'eclaration du jeune homme 'etait invraisemblable, extraordinaire, mais Teddy reprenait d'ej`a :
— Tout cela est myst'erieux. Vous cherchez vous, monsieur Fandor, `a rattraper le bandit Fant^omas, je cherche, moi, d’abord `a conna^itre le secret de ma vie, ensuite `a me venger des terribles ennemis qui, je le devine, gravitent dans l’ombre autour de moi. Mes ennemis, Fant^omas. Tenez, apr`es ce que vous venez de me dire, je me demande si les uns et les autres ne sont pas complices ? Ils sont peut-^etre ligu'es contre nous ? Monsieur Fandor, voulez-vous qu’en revanche, nous, nous allions contre eux ?
Ah, cette fois la physionomie de Fandor s’'eclaira largement.
Fandor lui tendit la main :
— J’accepte de grand coeur.
Mais Teddy 'etait devenu soucieux.
— Dites, demandait-il, il y a quelque chose `a quoi je ne songeais pas, avez-vous de l’argent ? Voulez-vous…
— Non, non, dit-il, mon cher Teddy, je ne veux rien de vous. Si, pourtant, pouvez-vous me faire trouver un emploi ?
Le visage de Teddy s’'eclaira `a son tour :
— 'Ecoutez, vous refusez de l’argent, je le comprends, mais faites-moi un plaisir. Ici, au Natal, ^etre arm'e est une n'ecessit'e, prenez ce revolver en souvenir de moi. Je vous le donne bien volontiers et de grand coeur, et quand `a ce qui est d’un emploi, j’ai une id'ee. Il y a pr`es d’ici une usine, une chercherie de diamants. Elle appartient `a un certain Hans Elders, individu des plus suspects. Voulez-vous que je vous fasse entrer chez lui comme manoeuvre ?… Ce sera dur pour vous, mais ce sera sans doute utile… Voulez-vous ?
— Parbleu !
7 – SORTIE DU TOMBEAU
Dans la nuit du 18 au 19 juin, le silence du grand cimeti`ere situ'e au nord-est de la capitale britannique fut troubl'e par des bruits de pas, d’'etranges all'ees et venues.
Une ombre avancait sous les cypr`es du chemin entre les pierres tombales.
Ayant travers'e la moiti'e `a peu pr`es de la n'ecropole sous son voile nocturne, l’ombre, celle d’une femme, apparemment, se trouva soudain en pr'esence de plusieurs caveaux surmont'es les uns et les autres d’une construction en forme de temple. Son visage qui, `a ce moment se trouvait 'eclair'e par la lune, 'etait affreusement p^ale.
Puis l’ombre essaya d’entreb^ailler de ses mains d'elicates la grille d’un caveau qu’elle devait croire ouvert. Mais la grille 'etait ferm'ee par une lourde serrure. Sans s’'epuiser en efforts inutiles, ayant 'emouss'e les menus outils sur lesquels, sans doute, elle comptait, la jeune femme au comble de l’'emoi se laissa choir sur le gazon, en proie au d'esespoir.
Convaincue de l’inanit'e de ses efforts, elle se tordit les bras. Des sanglots lui mont`erent `a la gorge.
Mais `a quoi bon crier ? pourquoi aurait-elle appel'e ?
Les morts dans les cimeti`eres n’entendent pas, et la grande dame 'etait seule certainement.
Aucun bruit ne venait troubler le silence.
R'eagissant contre sa prostration premi`ere, la femme myst'erieuse, dans un supr^eme effort de volont'e, tenta encore d’'ebranler la grille qui la s'eparait de l’int'erieur du caveau d’o`u montait un courant d’air glacial.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! g'emit-elle, que devenir ? que faire ?
Ses doigts s’ensanglantaient, la grille ne s’ouvrait toujours pas.
Soudain, elle s’arr^eta. On avait march'e.
Qui donc, pouvait errer comme elle, dans ce cimeti`ere `a cette heure de la nuit ?
Une silhouette se profila le long des tombes, celle d’un homme arm'e d’une pioche.
La dame blonde l’apercut avant d’^etre d'ecouverte par lui.
Mais l’homme, cependant, devait se douter de quelque chose d’anormal. Tout en marchant, il regardait autour de lui, semblait scruter l’ombre, jeter des coups d’oeil inquisiteurs dans les massifs de fusains, sous l’ombrage des cypr`es autour des s'epultures.
La dame an'eantie, et soupconnant peut-^etre que ce nouveau venu allait lui apporter un secours inesp'er'e, n’essaya pas de se dissimuler.
L’homme, lorsqu’il l’apercut enfin, eut un soubresaut et s’arr^eta sans rien dire en face d’elle, stup'efait.
Il portait un v^etement `a boutons de m'etal et galons d’argent.
Lorsqu’il eut suffisamment regard'e l’inconnue, l’homme l’interrogea :
— Pardieu, madame, je suis fort 'etonn'e de vous trouver ici, et, comme je n’ai pas l’honneur de vous conna^itre, je serais tr`es heureux de savoir qui vous ^etes ? Vous n’ignorez pas que les r`eglements de la municipalit'e interdisent `a toute personne 'etrang`ere `a l’Administration du cimeti`ere, de p'en'etrer dans ce lieu en dehors des heures r'eguli`eres de visite. Mon devoir est de vous conduire au poste de police o`u vous vous expliquerez…
La dame s’'etait relev'ee.
C’'etait assur'ement une excellente com'edienne, car, dissimulant son 'emotion, refoulant ses larmes, elle avait pris l’air `a la fois suppliant et aimable pour r'epondre au fossoyeur :
— Pardonnez-moi, monsieur, murmurait-elle, et ne m’accablez pas… H'elas, je sais que je suis coupable… mais il y a `a toute faute des excuses et je suis s^ure que, lorsque je me serai expliqu'ee, vous reviendrez sur votre d'ecision de me conduire au poste de police… Je suis une femme du monde bien malheureuse, et j’aimerais mieux mourir.
— Il ne s’agit pas, madame, de mourir, mais bien de me fournir les explications qui, certainement, justifieront votre pr'esence.
— Cette grille, dit la dame, est ferm'ee `a clef. Pourquoi ne peut-on pas l’ouvrir ?
— Elle est ferm'ee `a clef, en effet, madame, des cercueils y ont 'et'e d'epos'es hier et cet apr`es-midi encore.
— Je sais bien, r'epondit-elle, c’est pour cela justement que je suis venue, c’est pour cela que je me d'esesp`ere.
— Pourquoi donc, madame ?