La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Ah… pour Dieu, faites vite, alors.
Teddy, avec pr'ecaution s’'etait lev'e, il traversa la pi`ece, il vint s’asseoir pr`es de Fandor, sur le bord du lit du journaliste…
— Oui, n’est-ce pas. C’est horrible ici ?
— Horrible,…pourtant il faut que je vous remercie… si l’autre jour dans les docks, vous n’aviez pas song'e `a dire que j’'etais fou, j’'etais fichu…
La main de Teddy s’appuya sur la bouche de Fandor, le jeune homme haussa les 'epaules :
— Il s’agit bien de cela, si je vous ai sauv'e, vous m’aviez sauv'e. Nous sommes quittes ; ne perdons pas de temps… Dites-moi, plut^ot, avez-vous une id'ee sur la facon dont nous pourrions sortir d’ici ?
— Oui, si vous pouvez me d'etacher.
D'ej`a Teddy s’'etait jet'e `a genoux et cherchait sous la couche de Fandor l’endroit o`u aboutissaient les liens du jeune homme…
— Oh, monsieur Fandor, d'eclara-t-il : c’est enfantin… tenez, vous voil`a libre.
Teddy avait tir'e de sa poche un long coutelas `a lame effil'ee et il en tranchait les liens de cuir.
— Voil`a, mais cela ne nous avance pas car…
— Si, si, dit Fandor qui se levait, vous allez voir… dans dix minutes, nous serons dehors…
— Et les barreaux ?
— Les barreaux, les barreaux on s’en moque. Voyez plut^ot…
Fandor venait d’empoigner l’une des barres qui grillait sa fen^etre et, sans effort, la faisant glisser, la d'eplacant, finit par l’arracher `a l’encadrement de la fen^etre…
— Comment avez-vous arrach'e ce barreau de fer ?
— Ce barreau de fer est en bois, regardez.
Le barreau, en effet, 'etait en bois.
Mais comment avait-il fait cette sensationnelle d'ecouverte ?
Fandor s’'etait dit :
— Si Georges est innocent du vol de mon cr^ane, c’est que le vol a 'et'e commis par quelqu’un d’autre. Ce quelqu’un d’autre n’a pu entrer que par la fen^etre, la fen^etre est grill'ee de barreaux de fer, donc, si quelqu’un a pass'e malgr'e ces barreaux, c’est que l’un de ces barreaux, au moins, est coup'e…
Non, tous les barreaux 'etaient intacts…
— Alors, avait song'e le journaliste, c’est que l’un de ces barreaux est truqu'e…
Le journaliste fr'emissait. Non, il ne pouvait se faire d’illusion, les cinq barreaux 'etaient bien r'eellement en fer. Il sentait le froid du m'etal sur chacun d’eux, il les voyait tous les cinq couverts de rouille…
Alors Fandor d’une chiquenaude avait auscult'e les cinq barres, et voil`a que l’une de ces barres avait rendu un son bizarre…
— Ah ! parbleu, avait song'e le journaliste, la ruse est admirable ! quatre des barreaux sont v'eritablement en fer et le cinqui`eme, ce cinqui`eme qui sonne creux, c’est un barreau de bois, mais un barreau en bois qu’un esprit infernal a, pour mieux donner le change, song'e `a recouvrir d’une mince pellicule de m'etal, probablement appliqu'ee par un proc'ed'e de galvanoplastie.
Et c’est pourquoi J'er^ome Fandor s’'etait laiss'e attacher sur son lit en souriant.
— Un jour ou l’autre, songeait-il, les infirmiers me boucleront mal, et ce jour-l`a je n’aurai pour m’'evader qu’`a arracher ce barreau de bois, qui tient `a peine, puisqu’il ne tient que par son 'elasticit'e, pour, de ma fen^etre, gagner les toits, des toits sauter dans la campagne, rattraper ma libert'e, m’enfuir, comme s’est enfui mon voleur de cr^ane.
— Maintenant, dit Teddy, c’est un jeu de nous en aller.
— Oh ! un jeu, en effet, r'epondit Fandor qui, d'ej`a s’appr^etait `a se laisser glisser le long d’un tuyau de goutti`ere, aboutissant `a l’un des terrains vagues entourant l’asile.
Teddy pourtant le retenait :
Une h'esitation passait sur le visage sympathique du jeune garcon :
— Mais dites-moi, fit-il, vous ne prenez pas le… le cr^ane ?
— Non, r'epondit le journaliste en commencant une vertigineuse manoeuvre de gymnastique qui lui permettait de sauter sur le chapiteau d’un mur voisin – chemin d’'evasion encore pr'ef'erable au tuyau de goutti`ere peu solide – non !… non !… je ne prends pas le cr^ane, Teddy, parce qu’on me l’a vol'e… On me l’a vol'e. Quelqu’un que je ne connais pas, quelqu’un que vous devez conna^itre sans doute… et qui est pass'e pr'ecis'ement par le chemin que nous suivons en ce moment…
Teddy ne r'epondit rien.
Il 'etait suspendu dans le vide, se retenant d’une seule main, accomplissant de formidables prouesses de gymnastique, suivant Fandor, l’aidant souvent… Ce n’'etait plus le moment de causer, il fallait fuir l’asile, le fuir aussi vite que possible.
Le jour pointait…
Une heure plus tard, Fandor et Teddy se laissaient tomber sur un talus herbeux. Il faisait jour.
— Le cr^ane ? demanda Teddy, vous m’avez dit qu’on vous l’avait vol'e ?
— Oui, Teddy… oui.
— Pourquoi l’aviez-vous pris ? pourquoi avez-vous 'et'e le chercher dans l’incendie ?
Fandor h'esita un instant `a r'epondre. Puis il avoua :
— Ma foi, par le plus grand des hasards et sans me douter qu’il pouvait vous int'eresser… Je croyais Fant^omas `a mes trousses, cette trouvaille 'etrange m’incitait `a croire `a quelque nouvelle manifestation du bandit.
Fandor, presque sans r'eticence, parla : Et tandis qu’il faisait `a son jeune compagnon un r'ecit succinct, mais clair des aventures qui l’avaient conduit au Natal, Teddy, la mine grave, l’air soucieux, l’'ecoutait hochant la t^ete :
— Fant^omas, dit-il enfin, comme Fandor se taisait, quelle figure tragique et sinistre. Ah, monsieur J'er^ome Fandor, comme cela fait peur de vous en entendre parler.
Puis, apr`es un petit silence, Teddy ajouta :
— Mais vous devez vous demander pourquoi moi aussi je tenais tant `a ces ossements ? Je ne saurais trop vous le dire. Je ne sais m^eme pas qui je suis… oh ! ne soyez pas surpris, il para^it que je suis un enfant de la r'egion sauv'e au moment de la guerre. J’ai 'et'e 'elev'e par une vieille femme que j’aime comme une m`ere. Si vous m’avez vu tenter de d'erober ce coffret `a l’incendie, c’est que ce coffret 'etait gard'e par ma nourrice qui semblait y attacher un grand prix. Or, il y a quelques jours j’ai appris qu’il avait 'et'e vol'e, j’en ai retrouv'e la trace, j’allais le d'enicher dans les ballots des Docks, mais sur mon honneur, je vous jure que j’ignorais alors son contenu.