La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Mama, ma ch`ere mama, vous savez bien que moi aussi je vous aime.
— Alors, ne demande jamais d’explications.
D'ej`a Teddy s’'etait relev'e, son visage avait repris sa s'ev'erit'e 'energique.
— Ah ! je voudrais tant savoir, murmurait-il, je voudrais tant savoir qui je suis, au juste. C’est si myst'erieux ma naissance. Mama, et vous le savez, vous, vous pourriez me le dire…
— Oui, je le sais, je l’ai appris par hasard un jour… avoua-t-elle enfin, mais je ne peux pas te le dire. Non, Teddy, n’insiste pas, vois-tu, les pires malheurs en r'esulteraient.
Et comme le jeune homme se taisait, Laetitia reprit :
— Et puis, qu’est-ce que ca te fait ? N’es-tu pas heureux maintenant ? Et si m^eme tu veux `a toute force savoir le nom de ta famille, le secret de ta naissance, n’es-tu pas s^ur qu’un jour tu seras renseign'e ? puisque, `a tes vingt ans, tu pourras ouvrir le coffret.
— L’explication de tout est donc dans ce coffret ?
— Oui.
— Le nom de mon p`ere ?… le nom de ma m`ere ?…
— Tout. Tu sauras tout, quand tu auras vingt ans, mais pas avant.
Insouciants de l’heure qui passait, insouciants de la nuit d’orage qu’il faisait maintenant, du vent qui hurlait, de la pluie qui cinglait, du veld tout proche, entourant la ferme de son myst`ere, la vieille femme et le jeune homme, longtemps se turent.
— Mama, dit enfin Teddy, qui paraissait sortir d’un r^eve, vous croyez que ce coffret est toujours `a l’endroit o`u vous l’aviez cach'e ? l`a-bas… enfoui au pied du troisi`eme arbre de la prairie ?
En entendant ces paroles, Laetitia, malgr'e son grand ^age, venait de bondir, vive, ardente, folle d’effroi semblait-il.
Elle interrogea :
— Teddy… que veux-tu dire ?
— Je veux dire, mama, que le coffret vous a 'et'e vol'e.
La vieille femme joignit les mains dans un geste de pri`ere. Teddy ajouta :
— Vol'e, oui, vol'e. Il y a quinze jours, je me suis apercu qu’il n’'etait plus dans sa cachette.
— Et tu ne me l’as pas dit ?
— Pourquoi vous faire de la peine ?…
— Qui a pu ?… Qui a os'e ?
— Qui a os'e ? quel est le voleur du coffret ? ah, j’ai cherch'e longtemps, je vous assure, avant de le savoir.
— Et tu le sais maintenant ?
— Oui, mama. Le voleur, c’est Hans Elders.
— Hans Elders !
La vieille femme avait r'ep'et'e ce nom avec un effroi abominable :
— Hans Elders, ah ! je comprends, je comprends.
Et, dans ses yeux, que tant de larmes avaient terni, la volont'e alluma un terrible reflet :
— Teddy, Teddy, dit Laetitia, co^ute que co^ute, vois-tu, il faut retrouver ce coffret.
Mais Teddy maintenant paraissait tr`es calme. Alors que Laetitia avait parl'e, d’une voix sifflante, entrecoup'ee, il r'epondit d’un ton pos'e :
— J’y compte bien, mama, soyez tranquille, je le retrouverai.
'Etrange garcon que Teddy, il aimait bien la vieille Laetitia, il l’aimait comme une m`ere, et pourtant `a coup s^ur, il ne lui confiait pas toutes ses pens'ees car il ne dit rien de l’incendie des docks.
Il gagna sa chambre. Et sans doute Laetitia e^ut 'et'e stup'efaite si elle avait alors apercu Teddy saisir un m`etre et, debout devant un petit miroir accroch'e `a la muraille, soigneusement, minutieusement, prendre la mesure de son cr^ane, de son cr^ane, `a lui.
6 – L’'EVASION
Il y avait cinq jours que J'er^ome Fandor 'etait au
Le docteur G'erard Herbone, brave homme, en apprenant la demande de son pensionnaire, n’avait pas voulu h'esiter.
— Ce malheureux demande `a me parler ? avait tout simplement r'epondu G'erard Herbone, tr`es bien. Amenez-le moi dans dix minutes, `a mon cabinet, je suis `a sa disposition. J’entends que tous les malades puissent toujours m’approcher quand ils le jugent utile.
Quelques instants plus tard, J'er^ome Fandor, en effet, 'etait introduit aupr`es du m'edecin chef. G'erard Herbone lui d'esigna un si`ege :
— Assieds-toi ! Tu as voulu me parler, qu’est-ce qu’il y a ?
J'er^ome Fandor s’'etait laiss'e tomber lourdement, sur le canap'e que lui avait d'esign'e le docteur.
Le journaliste 'etait bl^eme, affreusement. Il paraissait souffrant, abattu. On sentait qu’il 'etait au bout de ses forces nerveuses, qu’il souffrait, qu’il 'etait `a bout.
L’accueil du m'edecin chef, pourtant, lui redonna un peu de confiance, et c’est d’une voix presque assur'ee qu’il commenca :
— Docteur, quand je vous ai parl'e l’autre jour…
Mais G'erard Herbone l’interrompit :
— Non, 'ecoute, tu as demand'e `a me voir, et je me suis mis `a ta disposition, mais tu comprends, il faut ^etre sage avec moi ? Si tu as l’intention de me raconter encore des mensonges, de me parler de ton arriv'ee dans une caisse, de me dire que tu es J'er^ome Fandor, j’aime mieux te renvoyer tout de suite…
— Docteur, je m’en rapporte `a vous pour d'ecider, dans quelque temps si je suis fou, si je suis encore fou, si m^eme je ne l’ai jamais 'et'e. Ce n’est pas pour vous protester de ma parfaite lucidit'e que j’ai demand'e `a vous parler, c’est pour me plaindre…