La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Lieutenant Wilson Drag, d'eclarait le jeune cavalier en prenant cong'e de l’officier, je pense absolument comme vous. Cet homme est un malade, c’est un fou. Et vous avez raison de le faire conduire au Lunatic Hospital.
— Au Lunatic Hospital, r'ep'eta machinalement Fandor, cependant qu’il quittait le dock au milieu de ses quatre gardiens. Si je comprends bien, cela veut dire l’asile des fous. Ah ca, par exemple.
Le journaliste songeait alors `a la derni`ere heure qu’il venait de vivre, `a sa sortie extraordinaire de l’abominable cellule dans laquelle l’avait enferm'e Fant^omas, `a l’incendie des docks, au cheval abattu, `a la d'eclaration du jeune homme lui disant qu’il 'etait en Afrique du Sud… `a la t^ete de mort qu’il portait dans sa veste, sous son bras…
Et Fandor sentait la sueur perler `a son front, et il s’interrogeait sans pouvoir se r'epondre.
— Est-ce que je r^eve ?… Est-ce que je vis pour de bon ?… Tous ces gens-l`a sont-ils fous ?… ou alors…
2 – UN VOL MYST'ERIEUX
— S'ev`ere mais juste, impartial mais bon… et surtout profond'ement honn^ete… telle est ma devise… et cette ligne de conduite me r'eussit parfaitement… Ch`ere Fr"aulein, un peu d’orangeade ?
— Ca n’est pas de refus, monsieur Hans Elders, surtout qu’il fait cet apr`es-midi une temp'erature v'eritablement torride…
Le couple s’acheminait vers un 'el'egant buffet dress'e au fond de la v'eranda, derri`ere lequel se tenait une arm'ee de serviteurs.
M. Hans Elders, directeur d’une importante mine de diamants situ'ee dans la campagne, `a quelques milles de Durban, f^etait cet apr`es-midi-l`a les dix-huit ans de sa fille unique, Winifred, une majestueuse et superbe personne `a chevelure de jais, aux yeux 'etincelants.
— Oui, reprenait Hans Elders en s’adressant `a son interlocutrice, une grande femme dess'ech'ee de quarante-cinq ans environ, oui, l’honn^etet'e scrupuleuse, c’est encore le meilleur moyen de r'eussir dans la vie. C’est l`a un principe que m’ont transmis mes parents, qui le tenaient eux-m^emes de mon arri`ere-grand-p`ere. Ainsi, vous voyez que cela remonte loin.
Avec une pointe d’ironie, Fr"aulein Grosschen, dont le regard malicieux p'etillait derri`ere les lunettes `a cercle d’or, r'epliqua lentement :
— Si nous en croyons les 'Ecritures, monsieur Hans Elders, le principe de l’honn^etet'e remonte encore plus haut que votre bisa"ieul, mais, n'eanmoins, il y a lieu de vous f'eliciter de le respecter car, notamment dans ce pays neuf que vous habitez, l’observation du Devoir et la correction ne sont pas tellement r'epandues.
— C’est exact, reconnut Hans Elders, vous avez pu vous en apercevoir comme moi.
— Oui, r'epliqua la grande et s`eche Allemande avec un air d'epit'e.
Hans Elders faisait allusion `a un vol dont avait 'et'e victime, quelques semaines auparavant, Fr"aulein Grosschen. Un rat d’h^otel lui avait d'erob'e son porte-monnaie, la nuit, ainsi qu’une cha^ine en or, et l’anguleuse personne en voulait `a la nation enti`ere du dommage qu’elle avait 'eprouv'e.
Fr"aulein Grosschen, c'elibataire inv'et'er'ee, 'etait depuis quelques mois d'ej`a dans l’Afrique du Sud, o`u elle venait effectuer une 'etude 'economique et sociale pour le compte d’un journal de Berlin. Il 'etait bien 'evident que les travaux de la femme 'ecrivain refl'eteraient cette opinion assez f^acheuse sur les habitants du Natal.
Hans Elders, cependant, lui expliquait le m'ecanisme de son affaire.
Venu dans ce pays nouveau quinze ans auparavant, avec l’intention de s’y livrer `a des travaux agricoles, il avait eu la chance de d'ecouvrir dans le lit d’une rivi`ere une s'erie de petits diamants qui lui avait donn'e `a croire qu’il existait l`a un gisement de premier ordre.
Hans Elders avait tenu sa d'ecouverte secr`ete, avait achet'e de nombreux terrains. Il avait embauch'e un important personnel et, une fois seulement que son organisation avait 'et'e au point, il avait publi'e sa merveilleuse trouvaille.
D’abord, nul avait voulu le croire, car, de m'emoire d’homme, on n’avait jamais trouv'e de diamants au Natal.
Il fallu bien se rendre `a l’'evidence toutefois : Hans Elders en trouvait dans sa chercherie, et m^eme de forts beaux.
— Mais, poursuivit Fr"aulein Grosschen, qui, scrupuleusement, prenait des notes, vous avez fait mieux encore, n’est-il pas vrai ?
…Et tandis qu’elle passait dans le jardin avec Hans Elders, elle lui d'esignait les chemin'ees d’une grande usine qui se profilaient sur le ciel, `a quelque distance de la propri'et'e.
— Effectivement, r'epliqua Hans Elders, afin d’abaisser le prix du diamant en supprimant les interm'ediaires et en diminuant la main-d’oeuvre, j’ai install'e ici m^eme une taillerie semblable `a celles d’Anvers ou de Rotterdam.
Fr"aulein Grosschen allait poser des nouvelles questions `a son h^ote, mais celui-ci la quitta brusquement pour aller saluer un couple qui faisait son entr'ee dans la v'eranda. Couple important `a coup s^ur, puisqu’`a son entr'ee, les conversations s’'etaient arr^et'ees, et l’orchestre des tziganes avait interrompu sa valse lente, pour attaquer le God Save the King.
Les nouveaux arrivants n’'etaient autres, en effet, que sir et lady Houston.
Sir Houston 'etait le gouverneur de Durban. Il repr'esentait le gouvernement anglais avec une majest'e et une morgue tout `a fait caract'eristiques.
Hans Elders s’'etait pr'ecipit'e au-devant de ces invit'es de marque qui, pour la premi`ere fois, avaient daign'e accepter son invitation. Il se confondait en salutations et en remerciements.
— Lady Houston, dit-il en baisant galamment la main de la belle Anglaise, vous excuserez cette petite r'eception familiale, qui est loin de la splendeur de vos r'eunions au palais de la R'esidence, mais vous savez que la plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a.