La fille de Fant?mas (Дочь Фантомаса)
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— Toi voleur, toi mourir !
— Jupiter, que fais-tu ?
Et le n`egre, ob'eissant, s’'etait arr^et'e d’'etouffer sa victime, il la relevait comme une plume, la plantait debout, la maintenant toujours au collet dans l’'etreinte de ses doigts puissants.
Les deux hommes se trouv`erent alors devant le fugitif :
— Wilson Drag !
C’'etait, en effet, l’officier horriblement p^ale, suffoqu'e par l’'etreinte du n`egre, titubant, livide. Hans Elders l’interrogea durement :
— Que faites-vous ici, lieutenant ? O`u alliez-vous, d’o`u veniez-vous ?
Wilson Drag ne broncha pas.
Le n`egre, qui contenait difficilement sa col`ere, secoua terriblement l’officier :
— R'eponds… r'eponds `a moussi'e, ordonna-t-il, toi voleur… toi pris l’argent de pauvre n`egre, toi le rendre tout de suite…
Jupiter voulut obtenir par la force ce qu’il ne pouvait avoir la persuasion. Il s’efforcait de fouiller dans les poches de l’officier, mais celui-ci se r'evolta :
— Arri`ere ! ordonna-t-il.
Puis, se tournant vers Hans Elders :
— Monsieur, faisait-il, je vous en supplie, ordonnez `a cette brute de partir, je ne suis pas un voleur. Je vous expliquerai.
— Justifiez-vous imm'ediatement, monsieur, ou…
Hans Elders avait braqu'e son revolver sur l’officier. `A ce moment apparut, `a l’extr'emit'e du couloir, la d'elicieuse silhouette de Winifred Elders.
La jeune fille, envelopp'ee dans un long kimono de soie, avait surgi, tel un fant^ome aux cheveux noirs d'enou'es sur les 'epaules. De ses yeux 'etincelants, elle fixait l’officier, cependant que ses mains tremblantes se joignaient en une muette supplication. Le lieutenant Wilson Drag comprit que la jeune fille implorait son silence. Sa ma^itresse exigeait le secret. Il fallait ob'eir.
Hans Elders ne comprenait toujours pas. Le n`egre, d’autre part, insistait :
— Toi voleur, toi rendre l’argent… toi pas faire du tort `a Jupiter, sans cela, Jupiter…
Winifred Elders s’'etait rapproch'ee de son p`ere et, en deux mots celui-ci expliqua le drame tel qu’il l’avait compris :
— J’ai entendu du bruit. Dans mon bureau le tiroir 'etait fractur'e, l’argent de Jupiter avait disparu. Un voleur s’est introduit dans la maison… le voil`a…
La jeune fille parut simplement atterr'ee d’une semblable r'ev'elation, elle dissimula son visage dans ses mains et tomba `a genoux, de gros sanglots secou`erent sa poitrine. Mais elle ne protesta pas.
Wilson Drag, avec des gestes de d'ement, fouillait fi'evreusement ses poches, les retournait une `a une, obligeait Jupiter `a palper ses v^etements, `a v'erifier le contenu de son portefeuille.
— Mais, criait-il, vous voyez bien que je n’ai rien… je ne suis pas un voleur.
Puis, protestant fi`erement, Wilson Drag prit Hans Elders `a partie :
— Je suis officier de l’arm'ee anglaise, monsieur… Vous me rendrez raison de cette insulte.
— Doucement, mon beau monsieur, dit Hans Elders, je vous rendrai raison lorsque vous aurez rendu `a ce pauvre Jupiter l’argent que vous lui avez vol'e. Oui, je sais bien que vos poches sont vides. Parbleu, vous n’^etes pas assez na"if pour y avoir conserv'e le produit de votre vol. Mais voil`a une heure que je vous entends chez moi… voil`a une heure que vous mettez `a ex'ecution votre projet, malheureusement, vous ne l’avez qu’`a moiti'e r'eussi. Avouez votre crime, lieutenant, restituez l’argent et que cela finisse.
Wilson Drag se croisa les bras sur sa poitrine, le visage redevenu impassible, il 'etait d'esormais r'esign'e, r'esolu :
— Hans Elders, d'eclara-t-il, je vous ai d'ej`a dit deux fois que je n’'etais pas le voleur, que je suis innocent ; c’est une fois de trop, je ne me r'ep'eterai plus, faites de moi ce qu’il vous plaira.
— Alors, que faisiez-vous ici ?
L’officier se tut.
Ses yeux ne se retourn`erent m^eme pas du c^ot'e de Winifred. L’amant ne voulait pas voir sa ma^itresse pour ^etre s^ur de ne pas se trahir.
Le n`egre, impatient d’agir, suppliait Hans Elders :
— Moi vais l’'etrangler, tu permets, moussi'e.
— Laisse partir cet homme, ordonna Hans Elders `a Jupiter… qu’il s’en aille et disparaisse loin de nos yeux. Je le chasse. Qu’il ne se repr'esente jamais devant nous.
— Mais, et l’argent ?
— Cet homme n’avouera jamais sa faute. Inutile d’essayer de l’y obliger. Mais ne t’inqui`ete pas, nous retrouverons ton argent. En attendant… Wilson Drag, sortez d’ici, je vous chasse comme un chien.
Au milieu du silence effroyable, l’officier p^ale, titubant, descendit les marches de l’escalier, les jambes molles se d'erobant sous lui.
En traversant le vestibule, il lui fallut passer entre deux haies de serviteurs qui, attir'es par le bruit, 'etaient venus assister `a cette sc`ene.
… Cependant que, dans les bras de son p`ere, Winifred d'efaillait, Wilson Drag s’enfonca dans la nuit, s’'eloignant accabl'e sous la plus odieuse des accusations.
Il fuyait la maison o`u il laissait la femme `a laquelle il avait donn'e son coeur, sa vie et son bonheur, nullement d'ecourag'e, au contraire pr^et `a la lutte.
3 – CHEZ LES FOUS
— Eh bien ? qu’est-ce que vous avez ? Vous n’avez pas fini de faire la b^ete ? Allons. Entrez.
La main sur son 'epaule, le gardien-chef du
Ce n’'etait pas un m'echant homme, ce gardien, mais c’'etait un coeur ulc'er'e. Sa profession lui d'eplaisait. Lui aussi, il se jugeait un grand g'enie, se reconnaissait de multiples et prodigieuses qualit'es et, c’'etait, croyait-il, une sombre erreur du destin qui l’avait condamn'e au modeste emploi qu’il occupait. Il se vengeait donc sur les malades de ce qu’il appelait l’injustice du sort.
Et c’est pourquoi, poussant Fandor dans la grande salle, il ajouta :
— Et puis ce n’est pas la peine de prendre perp'etuellement des airs ahuris. Je vous dis, mon bonhomme, qu’il ne faut pas vous foutre de moi. Je vous devine tr`es bien. Vous ^etes un dissimul'e. Mais je suis sur mes gardes. T^achez de filer droit ou sans ca…
***
Depuis quarante-huit heures que Fandor 'etait sorti de sa caisse, depuis qu’il avait 'echapp'e `a la mort par miracle, gr^ace `a Teddy, le malheureux journaliste vivait un v'eritable cauchemar.