La gu?pe rouge (Красная оса)
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Fandor suivait, int'eress'e, les d'eclarations du policier.
— C’est exact, fit-il. Cela ne fait que trois personnes. Or, nous avons quatre empreintes.
— Oui, dit Juve. Il est venu une quatri`eme personne, celle dont tu parles, et elle s’est pr'ecipit'ee sur le b^atonnier `a peu pr`es en m^eme temps que les deux autres assaillants. Par exemple, 'etait-ce avant ou apr`es l’agression ? Je ne saurais le dire, mais cette personne-l`a ne se trouvait pas dans le buisson. Elle 'etait cach'ee de l’autre c^ot'e de l’all'ee, derri`ere ce gros arbre. Vois plut^ot ces empreintes, Fandor.
— Tout cela est tr`es net.
— Ce que je ne comprends pas c’est pourquoi cette agression ayant si bien r'eussi, les trois personnages qui se sont pr'ecipit'es sur le b^atonnier se sont brusquement enfuis sans le d'epouiller. Il est assez improbable qu’ils, aient eu peur, personne d’autre d’ailleurs que ces quatre individus ne para^it s’^etre trouv'e dans le jardin. Du c^ot'e de la maison, il n’y a pas la moindre trace.
L’arriv'ee du commissaire de police de Ville-d’Avray interrompit Juve.
C’'etait un ancien militaire au visage 'energique.
— Monsieur l’inspecteur, d'eclara le magistrat, excusez-moi de n’^etre pas venu vous voir d`es hier soir, mais on m’a dit qu’`a peine arriv'e chez M. de Keyrolles vous avez cru bon de vous reposer. Je n’ai donc pas voulu vous d'eranger.
— Et vous avez bien fait, r'epliqua Juve qui, par un l'eger sourire, laissa entendre qu’il avait fort bien compris le petit reproche implicite du commissaire de police.
Celui-ci, d’ailleurs, se rengorgeait :
— Eh bien moi, monsieur, fit-il, pendant que vous dormiez, je me suis occup'e de l’affaire. J’ai d’abord fait cerner la maison afin que nul n’en sorte.
— C’'etait `a peu pr`es inutile, les agresseurs de M. Faramont 'etaient loin lorsque la police est intervenue.
— Peut-^etre pas si loin qu’on le pense. Vers une heure du matin, monsieur l’inspecteur, mes hommes ont en effet proc'ed'e `a l’arrestation d’un individu qui r^odait dans le voisinage.
— Ah, quel homme ?
— Ma foi, je n’en sais rien, je vous dirai que, moi-m^eme, je suis all'e me coucher vers minuit et demi et en sortant de chez moi ce matin je suis accouru ici afin de vous voir. C’est mon brigadier qui, `a l’instant, vient de me pr'evenir de l’arrestation op'er'ee.
— Tr`es bien. J’en conclus que c’est votre brigadier et non point vous, monsieur le Commissaire, qui avez op'er'e cette arrestation. Mais peu importe, voulez-vous qu’on am`ene cet homme tout de suite ?
Le commissaire, assez interloqu'e de l’accueil ironique et froid de Juve, s’empressa de retourner aupr`es de ses hommes. Quant `a Juve, il disait `a Fandor :
— Ne t’'eloigne pas, petit. Moi, je vais aller visiter l’int'erieur de cette maison.
Et, de son pas tranquille, Juve se dirigea vers la maison abandonn'ee. Fid`ele au poste, Fandor ne bougeait pas, lorsqu’un agent lui fit signe. Le journaliste se rapprocha de la grille.
— Monsieur, il y a quelqu’un qui voudrait vous parler. C’est M. Faramont, le fils du b^atonnier.
Fandor, un instant apr`es, se rencontrait dans la rue avec le jeune avocat. Il le connaissait d'ej`a pour l’avoir rencontr'e `a maintes reprises. Encore qu’il y e^ut entre eux une certaine diff'erence d’^age, ils 'etaient assez li'es. Jacques Faramont prit Fandor par le bras :
— Mon cher ami, lui murmura-t-il, j’ai une confidence et une requ^ete `a vous adresser. Cette histoire qui est arriv'ee `a mon p`ere est des plus ennuyeuses, non seulement pour mon pauvre papa, mais encore pour moi.
— Pour vous ? fit Fandor 'etonn'e. Comment cela se fait-il ?
— Eh bien voil`a, j’ai peur que toutes vos enqu^etes et tous vos interrogatoires ne m’obligent `a avouer une chose qui, je vous le confesse, me serait fort d'esagr'eable. Je vous le dis en secret, je suis l’amant de la bonne.
— De quelle bonne ?
— Brigitte, la servante de mon oncle et de ma tante.
— Vous vous mettez bien, mon cher ! C’est qu’elle est tr`es gentille en effet, avec son petit bonnet `a l’anglaise et son tablier brod'e.
— Je vous en prie, supplia Jacques Faramont, ne vous moquez pas de moi ! Je ne vous aurais d’ailleurs pas fait cet aveu si je ne croyais pas que cette r'ev'elation p^ut ^etre utile `a l’enqu^ete. Mais je dois vous dire qu’il s’est pass'e ici quelque chose d’extraordinaire, il y a huit jours environ.
— Racontez, dit Fandor.
Jacques Faramont fit alors au journaliste le r'ecit de la fameuse soir'ee v'ecue en t^ete `a t^ete avec Brigitte dans la maison myst'erieuse et de l’apparition dans la demeure abandonn'ee.
Il terminait son r'ecit lorsque Juve r'eapparut au fond du jardin.
Jacques Faramont s’'eclipsa.
— Gardez-moi le secret autant que possible, recommanda-t-il, et si vous croyez qu’il faut que Brigitte parle, permettez-lui de dire qu’elle 'etait avec un autre amoureux.
Fandor hocha la t^ete. L’affaire, `a ses yeux, commencait `a se compliquer. Il se rapprocha de Juve. Le policier semblait tout d'epit'e.
— Je viens, dit-il, de visiter la maison de la cave au grenier, elle est assez mal meubl'ee, vraisemblablement inhabit'ee et cependant, si quelqu’un s’y trouvait hier soir, il lui aurait 'et'e facile de s’en aller par une porte de derri`ere. Les agents ont eu beau cerner la maison toute la nuit, comme ils ne sont arriv'es que deux heures apr`es l’aventure, les int'eress'es ont eu tout le temps de se sauver.
Juve, savez-vous qu’une femme habitait l`a ?
— Non, fit le policier. Une jeune femme peut-^etre ? Non, je ne crois pas. Une femme vieille, au contraire. Parce qu’il y a une femme jeune, m^eme deux femmes jeunes, qui sont m^el'ees `a cette affaire. Si j’ignore la personnalit'e de l’une d’elles, par contre, je connais l’autre.
— Bravo, de votre part, Juve, le contraire m’aurait 'etonn'e, et quelle est-elle ?
Juve ne r'epondit pas `a la question de Fandor, mais, parlant `a b^atons rompus, semblait-il, il demanda :