La gu?pe rouge (Красная оса)
Шрифт:
— Dis-moi, Fandor, sais-tu si ta sympathique amie H'el`ene porte habituellement une bague d’un m'etal quelconque, mais dans laquelle seraient encastr'es un ou plusieurs de ces 'eclats de diamant que l’on appelle des roses ?
— Ma foi, je ne crois pas, mais tout est possible et cependant je n’ai aucun souvenir qu’H'el`ene ait un bijou pareil. Vous savez combien, Juve, elle est peu coquette.
Mais brusquement le journaliste p^alit :
— Pourquoi me parlez-vous d’H'el`ene en ce moment ? demanda-t-il. Croyez-vous donc qu’elle puisse ^etre m^el'ee `a cette affaire ?
— Je ne le crois pas, Fandor, j’en suis certain.
Et, sans attendre de r'eponse, Juve prit son ami par le bras, l’amena pr`es du gros arbre derri`ere lequel une femme, avait-il constat'e, s’'etait dissimul'ee.
Il montra `a Fandor une empreinte de bottine tr`es nettement marqu'ee dans le sol mou de la terre entourant l’arbre :
— Penche-toi, recommandait-il, et regarde bien la trace laiss'ee par ce talon.
Fandor regarda :
— Je vois bien, reconnut-il, que c’est un talon de femme un peu plus large, un peu plus plat que les talons Louis XV que portent habituellement les dames, mais de l`a `a conclure que cette trace est celle d’H'el`ene ?
— Lorsqu’on est policier, fit Juve, il faut tout pr'evoir… Souviens-toi que le petit Poucet, pour retrouver son chemin, semait la route de cailloux blancs. Moi, pour suivre les gens qui m’int'eressent, je les marque et je les marque au talon.
— Que voulez-vous dire ?
— Voici, fit Juve. Dans la s'erie de nos aventures, il est int'eressant pour moi, Fandor, de reconna^itre `a la trace plusieurs personnes, parmi lesquelles ton amie H'el`ene. Donc j’ai us'e pour cela d’un stratag`eme : je sais qu’H'el`ene use ses bottines de telle sorte qu’un certain clou, un peu `a droite `a l’arri`ere du talon, ressort toujours de pr'ef'erence aux autres. Ce clou s’est enfonc'e dans la terre molle comme le reste du talon. Regarde maintenant, tu en verras l’empreinte, et c’est ce qui permet d’affirmer qu’H'el`ene 'etait bien l`a hier soir.
— H'el`ene ne peut pas ^etre coupable ni complice de cet attentat.
— Assur'ement non. Je dirai m^eme que sa pr'esence va faciliter notre enqu^ete. Elle nous dira ce qui s’est pass'e. D’ores et d'ej`a, je puis t’affirmer que si le b^atonnier est encore en vie `a l’heure actuelle, et en possession des trente-deux mille francs que l’on convoitait, c’est `a H'el`ene qu’il en est redevable.
Fandor 'etait de plus en plus abasourdi :
— Expliquez-vous, Juve, demanda-t-il.
— Ce que je dis est pourtant clair, d'eclara le policier. C’est H'el`ene qui a sauv'e le b^atonnier et a mis en fuite ses agresseurs.
— Mais comment cela ?
— Oh c’est bien simple ! En jetant aux yeux des assaillants du poivre en poudre. Malheureusement, le pauvre b^atonnier en a recu sa part. On ne peut pas toujours 'epargner ses amis.
Fandor ne r'epondit rien. Il regarda Juve avec des yeux ronds.
Le policier tira de sa poche un petit sac de papier rose qu’il montra au journaliste.
— Voil`a, fit-il, dans quoi a 'et'e enferm'e le poivre en poudre qui a permis de mettre en fuite les agresseurs. H'el`ene, s^urement, avait pr'em'edit'e cette d'efense, et je comprends maintenant que la lettre o`u elle me d'eclarait :
— Comment savez-vous que c’est elle qui a port'e ce sac de poivre ?
— Je n’en suis pas tr`es s^ur, fit le policier, mais je le suppose. Cependant, H'el`ene habite le quartier de Montmartre. Or ce sac provient de chez une 'epici`ere de la rue des Abbesses. Regarde plut^ot.
Fandor baissa la t^ete :
— Vous avez raison, Juve, vous devez avoir raison, mais cela me d'epasse.
— En tout cas, poursuivit le policier, si ce petit brillant que j’ai trouv'e, non pas pr`es de l’arbre, mais dans l’all'ee m^eme, `a l’endroit de l’agression, ne provient pas d’une bague ayant appartenu `a H'el`ene, cet objet nous facilitera singuli`erement la recherche de l’identit'e de l’autre femme, qui, elle, devait ^etre dans le camp de l’ennemi.
Juve s’arr^eta soudain pour aller au-devant du b^atonnier qui venait, appuy'e au bras de son fils.
Me Faramont serra chaleureusement les mains de Juve, cependant que Jacques interrogeait Fandor tout bas :
— Vous n’avez encore rien dit ? demandait-il.
— Non, fit Fandor sur le m^eme ton. Malheureusement, je crois qu’il le faudra tout `a l’heure.
— Je vous en supplie, ne le faites pas devant mon p`ere.
Me Faramont, un peu remis de son 'emotion, racontait `a Juve tout ce qu’il savait relativement `a son agression.
— Je crois bien avoir vu, dit-il, surgir en face de moi un homme de petite taille qui devait ^etre tr`es brun, un homme que je ne connais pas d’ailleurs. Je pourrais peut-^etre le reconna^itre si on me le montrait et encore je n’en suis pas tr`es s^ur, car ma vision n’a dur'e qu’un instant. Au m^eme moment, j’'etais renvers'e en arri`ere, aveugl'e par le poivre, alors vous comprenez…
— 'Evidemment, fit Juve.
— Je dois vous dire, mon cher Juve, que ma femme a sur cette affaire une id'ee tr`es arr^et'ee et que, dans une certaine mesure, je partage.
— Quelle est cette id'ee ?
— Ma femme dit qu’il ne peut s’agir que d’un attentat de Fant^omas.
— Fant^omas, s’'ecria Juve, qui ajouta : comme vous y allez, ma^itre. Ce serait un peu vif ! Nous savons que Fant^omas est capable de bien des choses, mais il me semble qu’`a l’heure actuelle, il est en prison, 'etroitement gard'e dans sa cellule de la Sant'e et que, mieux que personne vous devez en avoir vous, son d'efenseur, l’absolue certitude.
— Mon Dieu, mon cher Juve, je n’ai gu`ere de certitude en ce moment et, pour vous dire le fond de ma pens'ee, je me demande si le client auquel je vais rendre visite dans sa cellule `a la Sant'e est bien r'eellement Fant^omas et si ce n’est pas un vulgaire mystificateur. Je vous avoue que je m’imaginais ce sinistre bandit tout autre qu’il est r'eellement. Il est vrai que, jusqu’`a pr'esent, je n’avais jamais eu l’occasion de me trouver face `a face avec lui.
— Eh bien, ca n’est pas mon cas, r'epartit Juve, et moi qui le connais, je puis vous garantir que c’est bien Fant^omas que l’on d'etient actuellement `a la prison de la Sant'e.
Le policier, toutefois, comme s’il pensait tout haut, ajoutait :
— 'Evidemment, il se peut que l’agression dont vous avez 'et'e victime soit, dans une certaine mesure, imputable `a des complices de Fant^omas. Tout au moins `a des gens de sa bande. Mais je me demande quel int'er^et le bandit pourrait avoir `a vous faire attaquer, d'epouiller. Votre existence, au contraire, doit lui ^etre sacr'ee.