La gu?pe rouge (Красная оса)
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Mais d’un geste, Mme Faramont l’interrompit et la femme du b^atonnier prof'era :
— Ce n’est pas l’avis d’Henri. Henri croit que son client n’est pas le vrai Fant^omas.
8 – UNE ENQU^ETE DE JUVE
Une petite voix fl^ut'ee criait `a travers la porte :
— Il est cinq heures, monsieur, levez-vous !
Juve s’'eveilla. Cependant il 'etait encore plong'e dans un demi-sommeil car, machinalement, il s’'ecria :
— C’est compris, Jean, je me l`eve.
Or ce n’'etait 'evidemment pas Jean, son vieux domestique, qui venait de lancer cet appel. Jean n’avait pas une voix de femme aussi fluette, aussi pointue.
Pour 'eviter d’^etre repris par le sommeil, l’inspecteur de la S^uret'e ne se posa pas de questions. Il bondit hors du lit mais ses genoux heurt`erent le plancher, le matelas sur lequel Juve reposait 'etait en effet au niveau du sol et, tandis qu’il se frottait les rotules qu’il s’'etait violemment heurt'ees, Juve se souvint qu’il n’'etait pas chez lui, mais `a Ville-d’Avray, dans la villa de M. de Keyrolles.
Il y 'etait arriv'e la veille `a minuit sur un appel t'el'ephonique du fils du b^atonnier.
Juve, toutefois, n’avait pas pu interroger le principal int'eress'e, la victime de l’attentat. Me Henri Faramont dormait `a ce moment, et le m'edecin qui l’avait soign'e avait d'efendu qu’on le troubl^at.
Juve, alors, au grand 'ebahissement de toute la famille qui l’entourait et le pressait de se rendre sur les lieux de l’agression, annoncait avec son calme imperturbable :
— Je voudrais bien me coucher. Pourriez-vous me faire 'etendre un matelas dans une chambre quelconque ?
On avait acquiesc'e au d'esir du c'el`ebre policier. Il s’'etait couch'e sur le sommier d’un lit qu’il partageait avec Fandor. Car Juve avait emmen'e Fandor avec lui.
— Debout, Fandor ! cria Juve.
Le journaliste avait dormi `a poings ferm'es. Il poussa un long b^aillement, s’'etira, puis interrogea le policier d’un air stup'efait :
— Que me voulez-vous ? Que se passe-t-il ? On vient `a peine de se coucher.
Le policier le brusqua :
— Il ne s’agit pas de faire la grasse matin'ee. Nous avons `a proc'eder `a une enqu^ete d'elicate.
Fandor, pendant quelques instants, semblait, en effet, l’avoir oubli'e. La m'emoire lui revint cependant :
— Ma foi, grommela-t-il en faisant une rapide toilette et 'eclaboussant partout l’eau qui servait `a ses ablutions, nous aurions pu, sans dommage, dormir une heure ou deux de plus. Les constatations `a faire dans la maison du crime seront toujours aussi bonnes puisque le commissaire de police de la localit'e a eu l’ing'enieuse id'ee de faire cerner tout le diable et son train depuis hier au soir par les agents du pays.
— Possible, mais ca n’emp^eche qu’il ne faut pas nous attarder.
Fandor, d’ailleurs, au fur et `a mesure qu’il se r'eveillait, partageait l’avis de son ami. La maison tout enti`ere, pour qui connaissait les habitudes des Keyrolles, s’agitait d’une facon anormale `a cette heure matinale.
La petite bonne Brigitte, 'evidemment, avait recu des ordres la veille et elle obligeait tout le monde `a se mettre sur pied.
Juve et Fandor 'etaient les premiers, cependant, `a passer de la demeure des Keyrolles dans le jardin de la maison abandonn'ee.
Le policier recommanda aux agents qui avaient pass'e toute la nuit en faction devant les issues diverses de la propri'et'e :
— Ne laissez entrer personne jusqu’`a ce que j’aie fait les premi`eres constatations.
Et alors Juve, accompagn'e de Fandor, p'en'etra dans le jardin de la myst'erieuse maison :
— Ne marchons pas sur le sable des all'ees, recommanda-t-il, il y a des traces de pas qu’il s’agit de relever au pr'ealable et de ne point m^eler aux n^otres.
Juve et Fandor avaient l’habitude de ces sortes d’op'erations. Ils prirent chacun dans leur poche du papier blanc, un m`etre, un crayon, des ciseaux.
Au bout de quelques instants ils revenaient triomphants, l’un et l’autre d'etenteurs d’un certain nombre de semelles de papier qu’ils juxtaposaient. C’'etait un spectacle curieux que celui de ces deux hommes, en melons, agenouill'es sur le gazon dont l’herbe montait tr`es haut et qui 'etalaient avec une minutie extr^eme ces semelles d'ecoup'ees dans des morceaux de journaux.
— Nous avons l’air de faire un puzzle, d'eclara Fandor en riant.
Mais Juve demeura s'erieux. Il avait pris toutes les coupures, les placait dans un ordre d'etermin'e.
— Ca y est ! s’'ecria-t-il joyeusement. Ils 'etaient quatre.
Juve appela un agent :
— Allez me demander, fit-il, l’une des bottines de M. le B^atonnier.
Quelques instants apr`es, l’homme lui apporta la chaussure et Juve identifia avec l’une des empreintes qu’il avait relev'ees.
— Voil`a le b^atonnier, dit-il.
Puis il recommanda `a Fandor :
— Maintenant, petit, toi qui dessines comme un architecte, fais-moi le plan exact de ce jardin et de ses all'ees en partant de la grille.
Lorsque Fandor eut achev'e son trac'e, Juve le prit et releva, d’apr`es nature, les traces laiss'ees par l’avocat.
— M. Henri Faramont, d'eclara-t-il, apr`es avoir franchi la grille, a obliqu'e sur la gauche, parcouru environ cinquante m`etres, c’est `a ce moment qu’il a 'et'e attaqu'e. Les individus qui le guettaient ont surgi de ce buisson dans lequel ils 'etaient tapis depuis quelque temps, `a en juger par les nombreux pi'etinements que je rel`eve. Ils 'etaient deux, un homme de petite taille vraisemblablement et mal chauss'e, car ses semelles sont us'ees et ses talons ont des angles arrondis, si j’en crois les empreintes. Le complice de cet homme 'etait une femme dont les bottines ont des talons Louis XV.