La gu?pe rouge (Красная оса)
Шрифт:
— Avez-vous entendu ?
— Non, je n’ai rien entendu.
— Vous me jurez, Dick, que vous n’aimez pas H'el`ene ?
— Oui, je vous le jure.
— Si je vous prenais au mot, si j’acceptais de partir en Am'erique, nous partirions imm'ediatement ?
— Oui, nous partirions.
— Si vous m’aimiez ? commencait Sarah.
Mais au m^eme moment, la jeune femme s’interrompit, elle poussa une exclamation d’effroi.
— Mon Dieu, Dick, je ne me trompe pas. On marche ici, `a c^ot'e, dans le fourr'e.
— Ma ch'erie, vous ^etes nerveuse et impressionnable et c’est pour cela que vous croyez entendre quelque chose, alors qu’en r'ealit'e, il n’y a rien. Non, nous sommes seuls ici.
— Rentrons `a l’h^otel, voulez-vous ?
— Soit, rentrons.
Dans le silence calme du soir un coup de sifflet retentit.
— Allons-y ! avait cri'e une voix.
`A quoi une voix de femme r'epondit :
— Ne lui faites pas de mal ! Il faut seulement l’arr^eter !
Trois hommes avaient surgi. Et tandis que Sarah affol'ee s’'elancait en avant, ayant si peur qu’elle ne pouvait m^eme pas crier au secours, Dick 'etait renvers'e sur le sol, 'etrangl'e `a moiti'e. On le fouillait, on lui arrachait son portefeuille.
Trois minutes plus tard, avertis par Sarah Gordon dont l’'emotion faisait peine `a voir, les gens de l’h^otel, portant des torches et arm'es de tout ce qui avait pu leur tomber sous la main, accouraient dans les all'ees du parc.
Or, en arrivant, les domestiques apercurent l’acteur, un peu p^ale, mais cependant tr`es calme.
— Eh bien, que s’est-il pass'e ? O`u sont-ils ?
Dick les rassura d’un mot :
— C’est une d'eplorable m'eprise qui vient d’avoir lieu, murmurait-il. C’est une abominable m'eprise ; je me promenais avec miss Gordon lorsque nous avons rencontr'e d’autres passants. Nous nous sommes mutuellement pris pour des voleurs et voici pourquoi elle s’est enfuie, voici pourquoi elle a donn'e l’alarme.
Dick en riant fournit d’autres d'etails sur sa m'esaventure. Il semblait amus'e.
Une demi-heure plus tard, cependant, Dick 'etait `a genoux devant la malheureuse Sarah, encore toute p^ale et dolente, 'etendue sur une grande chaise longue et Dick lui disait :
— Si vous m’aimez, Sarah, par piti'e vous ferez semblant de croire `a la fable que j’ai racont'ee tout `a l’heure aux gens de l’h^otel.
— On s’est vraiment jet'e sur vous ?
L’acteur se leva. Il baisa doucement les paupi`eres endolories de la jeune femme et lui r'epondit d’une voix tr`es lasse :
— Oui, Sarah, tout cela est vrai. Et tout cela est terrible. Par piti'e, ne m’interrogez pas. Il n’y a qu’une chose que je puisse vous dire : je vous aime et il n’y a point de ma faute dans tout ce qui arrive. Oui, sans doute, on vient de se jeter sur moi. On vient de me voler, de me voler des papiers auxquels je tiens plus qu’`a la vie. Mais, je les rattraperai, il faudra bien qu’H'el`ene…
Or, Dick avait `a peine laiss'e 'echapper le nom de la fille de Fant^omas, qu’il avait parfaitement reconnue parmi ses agresseurs, que Sarah se dressait devant lui :
— Ah je savais bien que vous la voyiez toujours et que cette femme voulait se venger. Dick, si vous m’aimez comme vous le dites, partons, partons tout de suite.
— Non, je ne peux plus partir ce soir. On vient de me voler. Il faut que je rattrape les voleurs.
Et se penchant sur Sarah, il la prenait dans ses bras, il la bercait comme on berce une enfant malade :
— C’est vous que j’aime, murmura-t-il, et c’est vous que j’aime par-dessus tout, par-dessus tous. Jamais il n’y a eu un mot d’amour entre cette H'el`ene qui vous fait peur et moi.
Sarah ne comprenait plus ce qui s’'etait pass'e, Sarah ne devinait pas et ne pouvait point deviner quels 'etaient les papiers que l’on venait de voler `a Dick ; elle fr'emissait seulement en l’entendant r'ep'eter :
— Je me vengerai.
***
Dans les bosquets obscurs du Cabaret des Raccourcis, un groupe d’apaches entourait Fant^omas, ou du moins un homme v^etu de noir et masqu'e.
Depuis une heure, le G'enie du Crime – si c’'etait bien lui – 'etait l`a, et depuis une heure, au milieu de ceux qui l’avaient aid'e `a accomplir ses desseins, il interrogeait avec cette autorit'e qui lui 'etait propre et qui faisait que tous s’inclinaient devant lui, acceptaient ses ordres, ex'ecutaient ses commandements, et cela souvent sans comprendre o`u le Ma^itre voulait en venir.
Fant^omas 'etait assis dans un coin d’ombre. Il semblait vouloir se dissimuler et, chaque fois que la porte du bouge s’ouvrait dans le jardin, il jetait un regard inquiet `a l’arrivant, un regard qui s’'eclairait seulement lorsqu’il reconnaissait un individu appartenant au monde de la p`egre.
Fant^omas, cependant, n’obtenait pas les renseignements qu’il voulait, car il paraissait d’humeur d'etestable.
— Tais-toi, Bedeau, dit-il.
Et comme le Bedeau, qui avait commenc'e `a chantonner, lui jetait un regard mauvais, Fant^omas reprit :
— Si tu n’es pas content, d’ailleurs, va-t-en.
Dans la troupe o`u il y avait Beaum^ome, Mort-Subite, le Barbu, des grognements s’'elev`erent.
— Dis donc, Fant^omas, commenca Beaum^ome, ca ne t’a pas rendu aimable, la prison, et puis, tout de m^eme, faudrait voir `a nous raconter comment que tu t’es d'ebin'e.
— Tais-toi, dit le bandit.
Et il se tourna vers l’entr'ee de la tonnelle. L’homme qui s’approchait n’'etait autre que Bouzille. Fant^omas l’appela :
— Viens ici !
Mais Bouzille 'etait entre deux vins.
— C’est pour boire un coup ? demanda-t-il. Pour boire un coup `a la sant'e de la mari'ee ? Eh bien, je reviens de la noce.
L’ancien chemineau titubait, essayait des entrechats qui menacaient de compromettre son 'equilibre et d’occasionner une chute grotesque.
Fant^omas se leva, il bondit plus qu’il ne courut vers l’homme et, le secouant :
— Bouzille, me reconnais-tu ?
— Le patron ? dit Bouzille. Pas possible ? Eh bien ! Et comment que ca va ?