La gu?pe rouge (Красная оса)
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— Bouzille, sais-tu o`u est ma fille ?
— Ta fille, Fant^omas, ah, oui, ta fille… Eh bien dame, ca, c’est dommage…
Et il s’interrompit. Mais Fant^omas l’avait empoign'e `a nouveau :
— Parle donc, mis'erable, hurla-t-il, o`u est H'el`ene ?
— Chez Isolino.
— Chez qui ?
— Chez Mario, avec Nadia.
— O`u cela ?
— Dans leur cave.
— Mais, que fait-elle l`a ?
Bouzille grogna quelque chose d’inintelligible, puis porta la main `a son gosier :
— Pas possible de parler, faisait-il d’une comique voix de fausset. J’ai tellement soif que mes paroles tombent en poussi`ere.
— Bois, dit le Ma^itre du Crime `a Bouzille.
Le chemineau lampa l’alcool d’une seule gorg'ee et, en faisant claquer sa langue, d'eclara :
— Et alors, patron, qu’est-ce qu’il y a pour votre service ?
— Tu disais que ma fille 'etait chez Mario Isolino avec Nadia dans la cave. Est-ce vrai ?
— Oui, c’est vrai, c’est m^eme pour cela que je suis so^ul. J’ai vu la chose, ca m’a fait de la peine et j’ai d'ecid'e de me taper la t^ete.
— Mais quoi ? Qu’as-tu vu ? Parle donc !
— Eh bien, voil`a : para^it qu’H'el`ene les a flou'es. La demoiselle leur avait indiqu'e un coup `a faire. Mario et Nadia y ont 'et'e avec elle, et puis, quoi, maintenant, elle ne veut plus partager, elle dit qu’elle n’a pas pris de p`eze.
— Alors ?
— Alors le Mario et la Nadia l’ont chop'ee en douce, l’ont ficel'ee par les pattes et maintenant, dans leur cave, je crois qu’ils lui font chauffer les pieds, histoire de lui faire dire o`u elle a cach'e la galette.
Fant^omas, d’une pouss'ee, envoya rouler Bouzille. Son attitude avait pris quelque chose de dur, d’imp'en'etrable :
— Les aminches, demanda-t-il d’une voix sifflante, vous savez o`u habitent Nadia et Isolino ?
— Oui, `a deux pas, r'epondit le Bedeau.
— Alors venez tous avec moi. C’est ma fille qu’il faut sauver de l`a.
Une certaine h'esitation se manifesta parmi les groupes. Ce que demandait Fant^omas 'etait grave. Mario Isolino et Nadia logeaient en effet dans un petit pavillon au fond d’une cour derri`ere un grand immeuble habit'e par de nombreux locataires. Dans ces conditions comment tenter un coup ?
Mais Fant^omas avait l’habitude qu’on lui ob'e^it. Le bandit avait tir'e de sa poche une liasse de billets de banque :
— Il y en a pour tout le monde, dit-il. Quand je demande un service je paye.
Et il paya en effet. `A ces bandits il distribua les billets bleus.
— Vous venez ?
— Oui ca va. On radine.
Huit hommes sortirent du cabaret, derri`ere Fant^omas. Si la police les avait rencontr'es, ces huit individus, elle les e^ut arr^et'es tous les huit et sans doute, quelques mois plus tard, leurs huit t^etes fussent tomb'ees sous le couteau de Deibler, mais les rues de Montmartre 'etaient d'esertes. C’est sans faire nulle rencontre, sans apercevoir aucun passant que la petite troupe atteignit le logis d’Isolino et de Nadia.
Alors, l’affaire ne tra^ina pas.
D’un coup d’'epaule le Barbu fit sauter la porte, puis p^ele-m^ele, en se bousculant, la bande envahit la cave o`u Nadia et Isolino s’occupaient, en effet, `a torturer la malheureuse H'el`ene.
— Bandit, mis'erable ! hurla Fant^omas.
Il sauta `a la gorge de l’Italien qui roula sur le sol. En m^eme temps une clameur formidable s’'eleva :
— Bravo, Fant^omas !
Nadia, d'ej`a, 'etait r'eduite `a l’impuissance.
La lutte n’avait dur'e qu’un instant.
Fant^omas se retourna, cherchant des yeux H'el`ene.
— Ma fille ? demanda-t-il.
H'el`ene n’'etait plus l`a.
Devenu bl^eme, Fant^omas dut s’appuyer `a la muraille pour ne point choir. Le monstre avait 'evidemment une terrible envie de revoir sa fille et il devait 'eprouver une d'eception cruelle `a s’apercevoir qu’elle lui avait 'echapp'e une fois de plus.
Pourtant, apr`es un instant d’abattement, Fant^omas se rapprochait de Nadia qui, attach'ee, sur ses ordres, gisait sur le sol :
— Tu me paieras tout cela, hurla-t-il au visage de la pierreuse. Ce qui arrive est de ta faute.
Il allait continuer `a parler, il allait menacer encore la Circassienne, lorsqu’il crut surprendre sur son visage une extraordinaire expression, presque une invite au silence.
Fant^omas se baissa. Il s’agenouilla sur le sol, approcha son visage du visage de Nadia et r'ep'eta avec une haine effroyable, de facon `a ce que les apaches pr'esents pussent l’entendre :
— Tu torturais ma fille. Tu mourras dans la torture.
Mais la Circassienne lui disait :
— Tais-toi et fais sauver les copains, j’ai `a te parler. Fant^omas, j’ai une commission `a te faire de la part de la dame de Ville-d’Avray.
***
Pendant ce temps, folle de terreur, H'el`ene fuyait dans la nuit.
H'el`ene se demandait `a haute voix :
— 'Etait-ce bien mon p`ere ? 'Etait-ce bien Fant^omas, qui est venu me sauver tout `a l’heure ou bien 'etait-ce l’autre ?
Sa main froissait sous son corsage les pr'ecieux papiers d'erob'es la veille `a Enghien.
11 – L’HOMME QUI A TU'E
— En somme, toute l’affaire est arrang'ee maintenant. J’en suis bien content.
C’'etait Jacques Faramont qui venait d’exprimer ainsi son optimisme.
Fandor releva la t^ete :
— Arrang'ee ? Qu’entendez-vous par l`a ?
— J’entends, mon cher ami, que la f^acheuse agression dont mon p`ere a 'et'e victime n’a pas eu les cons'equences tragiques que l’on pouvait redouter. Papa est compl`etement gu'eri de la secousse morale et physique qu’il a 'eprouv'ee. Il va et vient comme auparavant, s’occupe activement de ses affaires, aussi bien de celles qui concernent le Palais, que de ses objets d’art. Ce brave 'Erick Sunds, gr^ace `a la perspicacit'e de M. Juve, a 'et'e compl`etement innocent'e.