La gu?pe rouge (Красная оса)
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L’homme murmura :
— C’est l`a que la dame aux cheveux blancs a dit `a son m'ecanicien d’apporter le tableau.
Et il r'efl'echissait.
— Elle a donn'e cet ordre tr`es haut, intentionnellement. Il est bien 'evident que si elle a agi de la sorte, c’est pour que son adresse soit r'ep'et'ee, c’est un rendez-vous qu’elle a donn'e.
L’homme s’avanca de quelques pas, franchit la grille. Il 'etait dans la propri'et'e.
D`es lors, il s’arr^eta, et, dissimul'e derri`ere un massif, il entreprit de se masquer le visage.
C’'etait Fant^omas qui proc'edait ainsi, Fant^omas qui abaissait, sur ses traits 'energiques, la fameuse cagoule gr^ace `a laquelle il passait myst'erieux et terrible, invisible, ind'efinissable, partout o`u il voulait se faire voir, se manifester, sans que l’on p^ut, toutefois, distinguer ses traits.
— Est-ce moi, se demandait Fant^omas, que cette myst'erieuse personne veut voir, ou un autre ? C’est ce qu’il va s’agir de d'ecouvrir.
Le terrible bandit 'etait arm'e. Il v'erifia son revolver, puis d`es lors, pr'ecautionneusement, lentement, il traversa la pelouse du gazon, pour se rapprocher de la maison myst'erieuse.
Tout 'etait sombre, obscur, silencieux, aux abords de cette villa, mais Fant^omas, qui semblait fort 'emu, gravit lentement les premi`eres marches du perron.
Il arrivait `a la porte d’entr'ee donnant sur le vestibule.
Celle-ci 'etait ferm'ee, mais cela ne g^enait pas le bandit. Avec un passe-partout, qu’il introduisait dans la serrure, il entreb^aillait le battant de la porte.
Il allait entrer dans le vestibule, lorsque soudain, il s’arr^eta p'etrifi'e, sur le seuil.
Une l'eg`ere lueur scintillait `a l’int'erieur de la maison, et elle 'eclairait une grande forme blanche, aux allures de spectre.
Fant^omas voyait se pr'eciser devant lui une apparition, et cette apparition lui semblait sans doute si extraordinaire, si fantastique, que le bandit, malgr'e son audace et sa t'em'erit'e, se sentit devenir bl^eme, et pour la premi`ere fois de sa vie, peut-^etre, Fant^omas trembla, trembla de tous ses membres.
Il voulut articuler une parole, sa gorge serr'ee l’en emp^echa. Il fit un geste, mais `a ce moment une d'etonation retentit. L’apparition s’'evanouit aussit^ot et Fant^omas sentit une balle lui siffler aux oreilles.
Cependant, une voix, une voix lointaine et presque surnaturelle, avait prof'er'e, comme dans un sanglot :
— Mis'erable.
Fant^omas resta un instant immobile, comme frapp'e de stupeur, puis brusquement, il tourna les talons, prit la fuite.
Et alors Fant^omas tr'ebucha, tombant dans les massifs, se relevant pour aller se heurter dans les arbres et arrivait en titubant comme un homme ivre jusqu’`a la grille de la propri'et'e.
Il s’'elanca dans l’avenue d'eserte et courut, courut `a perdre haleine, en prof'erant d’une voix surcharg'ee d’'epouvante :
— Mon Dieu, c’est elle et pourtant, non. C’est impossible, impossible, absolument !
22 – LA COPIE ET L’ORIGINAL
Un double coup de sonnette 'energique et violent apprit `a Juve l’arriv'ee de Fandor.
Le vieux domestique Jean alla ouvrir et, quelques instants apr`es, le journaliste bondissait litt'eralement dans le cabinet de toilette o`u le policier achevait de se v^etir.
Il 'etait `a peine huit heures du matin, c’'etait le lendemain du jour o`u avait eu lieu la vente `a l’h^otel Drouot des objets ayant appartenu au Danois 'Erick Sunds et au cours de laquelle le commissaire-priseur avait adjug'e, `a fort bon compte, d’ailleurs, la fameuse copie du tableau de Rembrandt que la m`ere Toulouche payait la modique somme de quinze francs.
Fandor arrivait chez Juve, ce matin-l`a, avec un visage chavir'e qui d'etermina une question imm'ediate de la part de l’inspecteur de la S^uret'e.
— Que se passe-t-il donc ? interrogea celui-ci. Mon pauvre Fandor, tu parais ravag'e ?
Le journaliste se laissa tomber sur un fauteuil :
— Ouf, je ne tiens plus debout ! Il est vrai, ajoutait-il en se passant les mains sur le front, que j’ai couru toute la nuit. En vain, d’ailleurs. Je voulais `a toute force retrouver H'el`ene qui se d'erobe, qui me fuit sans que je puisse savoir pourquoi.
— Et l’as-tu rencontr'ee ?
— Non. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’elle en ce moment, j’ai des choses urgentes `a vous dire et qui r'eclament toute votre attention. Au moment o`u j’allais, de guerre lasse, rentrer chez moi pour me reposer de cette nuit de d'emarches inutiles, figurez-vous, Juve, que j’ai rencontr'e Paquerett.
— Le commissaire de police de Clignancourt ?
— Lui-m^eme ! Il m’a racont'e des choses extraordinaires.
— Paquerett est un imaginatif, je t’en pr'eviens d’avance.
— Imaginatif ou non, grommela Fandor, il y a les faits qui sont l`a. Ils vont vous faire bondir.
— Je t’'ecoute.
— Donc, commenca Fandor, Paquerett a 'et'e saisi hier soir d’une plainte.
— Ce sont des choses, constata Juve, qui arrivent assez souvent aux commissaires de police.
— Si vous m’interrompez tout le temps, je n’en aurai jamais fini.
— Commence donc.
— Eh bien, dit Fandor, voil`a : figurez-vous Juve, que, hier soir vers huit heures et demie environ, un m'ecanicien s’est pr'esent'e au commissariat, boulevers'e. Il voulait `a toute force parler au commissaire, celui-ci 'etait pr'ecis'ement `a son bureau. L’homme lui a d'eclar'e :
— C’est tout `a fait int'eressant ce que tu me racontes l`a. Ce m'ecanicien est sans doute venu dire que sa cliente lui avait refil'e une pi`ece en plomb.
— Non. Au lieu de partir directement pour Ville-d’Avray, le m'ecanicien s’est arr^et'e `a quelques m`etres de la place du Tertre, chez un marchand de vin, pour y prendre l’ap'eritif. Il est rest'e cinq minutes `a peine dans l’'etablissement ; lorsqu’il en est sorti, plus de voiture. L’automobile avait 'et'e vol'ee.
— C’est bien fait, d'eclara Juve, il n’avait qu’`a ob'eir aux ordres recus.