Le pendu de Londres (Лондонская виселица)
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Francoise Lemercier, lui disait en substance la bonne femme, venait de descendre une demi-heure auparavant pour s’en aller faire ses provisions. Elle laissait dans son appartement, son enfant, le petit Daniel, elle le laissait tout seul dans le salon en train de jouer, or, voici que remontant chez elle, au bout de dix minutes, l’appartement 'etait vide.
Le petit Daniel avait disparu.
Par o`u ? Comment ?
On n’en savait rien… L’enfant ne s’'etait pas cach'e, la pi`ece dans laquelle il se trouvait, lors du d'epart de sa m`ere, ne pr'esentait aucun d'esordre. Qui avait enlev'e l’enfant ? car c’'etait cela, s^urement qui s’'etait pass'e…
Nul ne pouvait le dire !
— Vous allez monter la voir, d'eclarait la vieille femme, en essuyant les larmes qui perlaient `a ses yeux, peut-^etre que vous pourrez l’aider ?…
Mais Fandor h'esitait. 'Etait-ce bien le moment ?
J'er^ome Fandor monta donc chez la chanteuse.
Le journaliste ne s’attarda pas aupr`es d’elle. Il n’y avait rien `a tirer de la malheureuse. Francoise Lemercier, au surplus 'etait entour'ee de voisines et de comm`eres devant lesquelles Fandor, de toute facon, n’aurait pas voulu parler.
J'er^ome Fandor, dans la rue arpentait le trottoir, soucieux, il se r'ep'etait machinalement :
— L’enfant de la chanteuse a disparu… Comment ?… Pourquoi ?… Comment ? comment cet enfant a-t-il disparu ?… Je n’en sais rien et je m’en moque, mais ce qui m’int'eresse beaucoup plus, c’est de savoir pourquoi il a disparu, et ce pourquoi, je vais peut-^etre y r'epondre… Oh ! oui, poursuivait -il, je vais y r'epondre par l’affirmative, car cette fois j’ai la ferme conviction que je tiens la solution du probl`eme. Juve, mon ami Juve, il se passera fort peu de temps que vous n’ayez de mes nouvelles… `a votre t'el'egramme m’annoncant que vous avez d'ecouvert lady Beltham, je r'epondrai par une d'ep^eche vous informant que moi, j’ai d'ecouvert…
***
Le soir et particuli`erement le dimanche soir, Whitechapel est d'esert.
Magasins et bureaux sont ferm'es depuis le samedi apr`es-midi, et tous ceux qui ont pu s’'eloigner de cette vision de mis`ere et de travail l’ont fait.
La nuit tombait embrum'ee, lourde d’orage sur la capitale, et sur Whitechapel pesait un grand silence.
Nini Guinon, l’'epouse l'egitime de lord Duncan, habitait un bouge inf^ame de Whitechapel, une vieille maison mal fam'ee de Belmont Street.
Tous les 'etages de cet immeuble 'etaient occup'es par une population mis'erable et malfaisante, et certes, si les voisins de Nini Guinon avaient pu savoir que la jeune Francaise 'etait l’'epouse l'egitime d’un membre du Parlement anglais, ils en auraient 'et'e fort surpris, mais nul ne le soupconnait, hormis toutefois deux ou trois apaches, francais comme Nini Guinon et qui, depuis longtemps d'ej`a, avaient cru n'ecessaire de mettre entre eux et la police parisienne la rassurante barri`ere de la Manche et de la Mer du Nord.
Parmi eux, le Bedeau, ce souteneur de M'enilmontant qui avait connu Nini d`es son enfance, et Beaum^ome, un habile pickpocket, quelques autres encore.
Ils formaient une bande 'equivoque et redoutable dont Nini Guinon s’'etait institu'ee la reine, malgr'e les efforts de son mari qui n’avait pu l’en arracher.
Et pourtant, Nini avait besoin de lord Duncan, non seulement de ses lib'eralit'es, dont elle vivait, mais encore de son appui, de son influence dans le Royaume.
Or, Nini venait de perdre le talisman qui lui assurait l’impunit'e.
Le petit Jack 'etait mort.
D’abord elle n’avait pas voulu y croire.
Ivre, elle rentrait chez elle, et dans le berceau, le petit corps froid de son fils.
La veille, il avait 'et'e malade.
— C’est de la mauvaise graine, avait dit Nini, ca ne craint rien.
Le froid l’avait achev'e. Nini en 'etait encore 'etonn'ee.
Ce n’'etait pas le sentiment maternel, mais Jack, une fois mort et enterr'e, son mari n’h'esiterait pas `a demander le divorce, `a se d'ebarrasser d’elle.
Puis il y avait eu l’entrevue avec lord Duncan, la voix myst'erieuse qui lui ordonnait chez Duncan m^eme de taire la mort de son fils.
Cela, c’'etait samedi.
`A pr'esent, ce dimanche soir, Nini Guinon, de plus en plus perplexe, attendait, dans son logement, au milieu du silence.
Les apaches, ses voisins 'etaient partis faire la bombe et avaient laiss'e Nini Guinon seule avec son enfant, car Nini Guinon, subtile et m'efiante n’avait inform'e personne du d'ec`es du petit Jack, survenu l’avant-veille…
Nini Guinon, qui, machinalement, allait et venait dans la pi`ece, tressaillit en entendant sonner dix heures.
— Il devrait ^etre l`a, murmura-t-elle…
La jeune femme, le matin m^eme avait recu par la poste un billet ainsi concu :
« Serai avec Jack, chez toi, ce soir avant dix heures.
Billet 'etrange en v'erit'e, car le texte qui semblait 'ecrit `a l’encre, au bout de deux heures avait disparu et il n’'etait rest'e entre les mains de Nini qu’une feuille de papier blanc…
Le myst'erieux billet 'etait sign'e Fant^omas, et elle se rappelait le mariage avec Ascott, puis la mort du p`ere et du fr`ere d’Ascott.
Oui, Fant^omas.
Nini Guinon en 'etait l`a de ses r'eflexions, lorsqu’un craquement se fit entendre `a la porte de son logement :
Dominant ses nerfs, surmontant ses appr'ehensions, Nini Guinon fut `a l’entr'ee du logis, et `a travers la porte demanda :
— Qu’est-ce que c’est ?
Du dehors, une voix :