Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— Alors ? fit Juve.
— Alors, poursuivit la demi-mondaine, je suis all'ee jusque chez la concierge, et j’y ai dit : « C’est une babillarde `a coller dare dare dans la fissure du bureau de poste ! » J’ai gliss'e une pi`ece de vingt sous avec et la concierge est all'ee faire la commission sur le coup de six heures du matin…
— C’est parfait, cela ! pensa Juve tout haut. Bien !… L’affaire, tout en se compliquant, s’'eclaircit et l’innocence de Drapier m’appara^it d'esormais ! Certes, il a menti en d'eclarant qu’il avait pass'e la nuit chez lui ; mais je comprends qu’il l’a fait pour 'eviter une sc`ene avec sa femme l'egitime. Seulement, ce mensonge aurait pu lui co^uter cher !
Juve se leva.
— Mademoiselle, dit-il s'ev`erement avant de quitter Paulette, je dois vous pr'evenir que vous vous ^etes mise dans une situation fort grave en fabriquant de faux certificats.
« Je reconnais que c’est dans une bonne intention, mais je vous conseille vivement de ne pas recommencer, et je vous signale qu’`a l’heure actuelle vous encourez deux ans de prison !
Paulette devint livide.
— Ah, monsieur ! monsieur ! de gr^ace, ne m’arr^etez pas !
— Je ne vous arr^ete pas ! fit Juve, mais prenez garde !
Et sur cette recommandation le policier quittait la demi-mondaine.
Celle-ci demeurait 'ecroul'ee, abasourdie, `a demi effondr'ee sur le divan o`u elle venait de sangloter.
Soudain la Normande r'eapparut.
Elle avait son air niais et stupide de ses plus grands jours de b^etise.
Elle articula `a voix haute :
— C’'etions encore un autre homme pour madame, tout de m^eme, ca en fait-t’y des billets !
Paulette sursautait de col`ere.
— Qu’on me foute la paix ! cria-t-elle, je ne veux voir personne !
Mais il 'etait trop tard, la bonne avait introduit le visiteur dans le petit boudoir et s’'eclipsait imm'ediatement.
— Qu’est-ce que vous voulez ? demanda Paulette au nouveau venu.
Celui-ci souriait aimablement, il avait l’air 'el'egant, distingu'e, cossu, des yeux noirs brillaient dans son visage, qu’encadrait une grande barbe poivre et sel.
— Je veux vous voir, vous regarder, jolie Paulette, et vous dire aussi les tendres sentiments que vous m’inspirez !
— Zut alors ! fit la demi-mondaine, maussade, je crois que c’est pas le moment ! La police sort d’ici… j’ai plein d’emb^etements !
— Vraiment ? fit le personnage, subitement int'eress'e, ne pourrais-je pas vous aider ?
— Qui c’est que vous ^etes ? demanda Paulette.
— Un homme, ma ch`ere enfant, qui s’int'eresse `a vous et qui ne manque pas de relations, bien au contraire ! Dites-moi ce qui s’est pass'e exactement avec le policier qui sort d’ici. Racontez-moi ce que vous lui avez dit.
Et l’homme ajoutait `a part :
— Je saurai peut-^etre de la sorte ce qu’il convient de faire !
Paulette, qui, depuis qu’elle avait appris la mort de ce Firmain, 'etait compl`etement d'esorient'ee, incapable, semblait-il, d’avoir la moindre volont'e, d’une voix larmoyante raconta sans omettre un d'etail la conversation qu’elle venait d’avoir avec Juve.
Elle 'etait si absorb'ee dans son r'ecit qu’elle ne se rendait point compte de l’impression f^acheuse que celui-ci produisait sur le visiteur.
De temps `a autre celui-ci grommelait `a part :
— Mais c’est stupide ! idiot ! Mais les aveux de cette femme, d'eclarant que L'eon Drapier a pass'e la nuit chez elle et qu’il 'etait ici `a l’heure du crime, innocentent compl`etement L'eon Drapier ! Ah ! nom d’un chien ! serais-je arriv'e trop tard ? Et va-t-il falloir recommencer ?
L’homme semblait anim'e d’une col`ere contenue.
— Ce Firmain, quels rapports aviez-vous avec lui ? Pourquoi lui avez-vous donn'e ces faux certificats ?
Paulette, tortur'ee par toutes ces questions, et s’imaginant avoir affaire encore `a un policier, se tordait les bras en sanglotant.
— Est-ce que je sais, moi ! J’ai cru bien faire !
L’homme questionnait comme Juve avait fait pr'ec'edemment :
— Voyons, c’'etait votre amant ?
— Mais non ! non ! et non ! hurla, d'esesp'er'ee, Paulette de Valmondois. J’ai pas pu le dire `a l’autre qui m’a bourr'e le cr^ane avec toutes ses questions, mais la chose est pourtant facile `a comprendre, puisque Firmain, c’'etait mon frangin !… L`a ! quoi !… Ca vous entre-t-il dans la caboche, maintenant ?
Mais tout d’un coup Paulette reculait terrifi'ee.
L’expression de son interlocuteur 'etait devenue farouche. L’homme s’avancait menacant vers la demi-mondaine…
Il sortit de sa poche un revolver, le braqua sur la jeune femme.
— Paulette, articula-t-il, 'ecoutez bien les ordres que je vais vous donner !… Il faudra les ex'ecuter sans oublier le moindre d'etail ! Sans quoi `a la premi`ere d'efaillance, `a la premi`ere faute, je t’abattrai comme une chienne ! Entends-tu bien ?
Un cri rauque retentit…
Assur'ement l’interlocuteur de Paulette ne s’attendait pas `a une semblable attitude de la part de la jeune femme !
Celle-ci, `a la vue du revolver qu’on braquait sur elle, au lieu de reculer, de s’immobiliser dans un angle de la pi`ece, avait fonc'e en avant, elle bousculait l’homme, puis bondissait hors du boudoir !
— Au secours ! au secours ! hurlait-elle 'eperdument…
Paulette traversait la salle `a manger, elle arriva dans l’entr'ee, la porte s’ouvrait `a ce moment, quelqu’un p'en'etra…