Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— J’ai l’air mal 'elev'e comme cela, mais au fond, je le suis moins que je n’en ai l’air ! Et si j’ai pris votre place, monsieur le directeur, c’est parce qu’au fond je suis un maniaque ! Vous m’en excuserez !
L'eon Drapier ne savait que r'epondre…
Juve, d’ailleurs, ne laissait pas tomber la conversation.
— Vous devez ^etre fort occup'e, monsieur Drapier, d'eclarait-il, en votre qualit'e de directeur de la Monnaie ? C’est l`a une situation tr`es importante et qui comporte d’extr^emes responsabilit'es ; toutefois, j’imagine que la direction de cette usine d’un caract`ere si sp'ecial… doit ^etre fort attrayante…
— Mais certainement, monsieur, r'epliquait Drapier, qui s’imaginait peu qu’on allait le questionner sur ses occupations.
Juve, toutefois, poursuivait :
— Vous ^etes en somme une personnalit'e dans le monde des fonctionnaires, et vous devez sans cesse ^etre sollicit'e pour des recommandations ; si j’en juge par l’importance de votre appartement, non seulement vous ^etes riche, monsieur Drapier, mais encore vous devez beaucoup recevoir ?
— C’est-`a-dire, fit Drapier, que pendant la saison nous voyons quelques amis, mais ma femme est tr`es s'edentaire…
— Je sais, oui, elle sort rarement !
— Pour ainsi dire jamais ! poursuivit Drapier.
— Ce n’est pas comme vous, sourit aimablement Juve, vous appr'eciez la vie parisienne, charmante, d’ailleurs. Les restaurants 'el'egants ont l’honneur de vous compter au nombre de leurs clients ?
Interloqu'e, Drapier interrogea :
— Mais comment savez-vous cela ?
— Parce que c’est de notori'et'e publique, monsieur Drapier, sans doute !
— Vous m’'etonnez, fit le directeur de la Monnaie. Je ne dis pas que je ne vais pas quelquefois au restaurant, mais on ne m’y conna^it pas sous mon nom et bien peu de gens peuvent m’y voir…
— C’est juste ! fit Juve. J’imagine en effet que si vous allez dans les restaurants parisiens, vous y d^inez dans les cabinets particuliers !
— Pardon, monsieur, interrompit Drapier, il me semble que ce sont l`a des questions d’un ordre tout `a fait priv'e et qui ne concernent gu`ere l’enqu^ete que vous ^etes venu faire `a mon domicile ?
Juve protestait d’un geste de la main.
— Excusez-moi, monsieur Drapier, en effet, notre conversation s’est 'egar'ee `a mon insu, nous bavardions agr'eablement, j’oubliais mon r^ole.
« Voyons, je redeviens l’inspecteur de la S^uret'e, monsieur Drapier ; veuillez me raconter les circonstances dans lesquelles le drame d'ecouvert chez vous est survenu.
« Mais avant que vous ne commenciez, monsieur Drapier, je dois vous dire que j’ai lu votre d'eposition au commissariat de police, et que si vous n’avez rien d’autre `a y ajouter, il est inutile de me r'ep'eter les faits que je connais !
— Je n’ai rien d’autre `a dire, en effet, monsieur Juve… Mais pardon, que faites-vous ?…
Drapier consid'erait `a ce moment le policier non sans stup'efaction.
Juve, en effet, se livrait `a une 'etrange besogne.
Juve, tout en bavardant avec M. Drapier, avait sorti de sa poche un petit trousseau de clefs, il les essayait les unes apr`es les autres, puis, ayant fini par en d'ecouvrir une qui ouvrait l’un des tiroirs, il fouillait dans ce tiroir, en sortait des papiers, que, sans la moindre vergogne, il se mettait `a lire.
— Voyez, d'eclara-t-il tr`es simplement `a M. Drapier, sans para^itre se rendre compte de l’incorrection qu’il commettait, voyez, monsieur, comme le hasard sert souvent la police !
« Je venais chez vous dans l’intention de vous demander `a voir les certificats qui vous ont d'ecid'e `a engager ce malheureux valet de chambre !
« Or, voici que sans vous occasionner le moindre d'erangement, je trouve ces certificats dans votre bureau. Vous me permettez, n’est-il pas vrai, de les emporter ?
Drapier 'etait si abasourdi qu’il ne r'epondait absolument rien.
Juve, cependant, parcourait les fameux certificats si 'elogieux qui avaient si ais'ement d'ecid'e M me Drapier `a choisir son valet de chambre.
— C’est curieux ! articula-t-il, Alvarez ?… Alvarez Cruisa ?… Voil`a un consul du Mexique que j’ai rarement vu figurer dans les annuaires !… Ce qu’il y a d’'etonnant, c’est qu’il habitait, `a Paris, une rue ne comportant que quatorze num'eros, quinze au maximum, or le certificat indique que son domicile se trouvait au num'ero 27 !…
— Ah ! vraiment, vous croyez ? fit d`es lors M. Drapier qui, intrigu'e, se rapprochait de Juve, venait voir le certificat.
Le policier se mit `a lire, il regardait l’autre certificat fourni par une certaine baronne de Laverdier .
— La baronne de Laverdier, fit Juve, j’ai connu cela, autrefois, grand nom de l’Empire, famille disparue, si je ne me trompe, avec le d'ec`es du fils unique de la baronne, mort dans une maison de fous !
« Il faut d'ecid'ement tout savoir, lorsqu’on est de la police, n’est-il pas vrai, monsieur Drapier ?
— Monsieur Juve, articula le directeur de la Monnaie, vous commencez `a m’inqui'eter s'erieusement. Je comprends o`u vous voulez en venir, vos observations ne tendent-elles pas `a conclure que ces certificats 'etaient faux ?
— Je n’affirme rien ! fit Juve, mais `a vous parler franchement, ma conviction est faite, ces certificats sont faux, la seule chose int'eressante d’ailleurs, c’est de savoir qui les a fabriqu'es…