Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— `A quel propos, monsieur ?
— Au sujet de l’assassinat du valet de chambre Firmain, trouv'e mort dans l’appartement de M. L'eon Drapier.
Paulette devenait livide.
— C’est-`a-dire, fit-elle, que j’ai lu dans un journal quelque chose comme ca.
« Un domestique du nom de Firmain a 'et'e trouv'e mort chez un M. D…, c’est ca ?
Elle s’interrompit un instant.
— Ah mon Dieu ! je comprends maintenant. D…, ca voulait dire Drapier ?… Et le domestique que l’on appelait Firmain, c’est…
— C’est celui, continua Juve, que vous d'esignez dans ces faux certificats.
Paulette se laissa choir dans un fauteuil.
— Que me dites-vous l`a, monsieur, ce n’est pas possible. Firmain, Firmain est mort assassin'e ! Mais c’est 'epouvantable, c’est affreux ! Ah ! mon Dieu ! mon Dieu !
La demi-mondaine semblait sur le point de d'efaillir. Juve alla ouvrir la fen^etre ; un peu d’air frais p'en'etra, le policier lui frappa dans les mains ; Paulette au surplus r'eagissait.
Elle sanglotait, d'esormais, doucement.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! balbutiait-elle, dire que j’ai lu tout cela sans comprendre ! et que L'eon ne m’a rien dit ! Mais, l`a… pas un mot de cette affaire ! Oh ! c’est affreux ! affreux !…
Juve s'ev`erement reprit :
— Mademoiselle, il faut me dire la v'erit'e ! C’est tr`es grave ! Quel est ce Firmain ?
— Mais, fit Paulette `a travers ses larmes, c’est quelqu’un que je connais, qui cherchait du travail ; il m’a dit qu’il pourrait se placer s’il avait de bons certificats, que sans ca c’'etait inutile de chercher une condition. Alors j’ai 'ecrit, moi, tout ce qu’il voulait.
Juve, fixement, consid'erait la jeune femme.
— Ce garcon, n’est-ce pas, c’'etait votre amant ?
— Non ! non ! monsieur ! C’'etait pas mon amant ! Ca, je vous le jure sur la t^ete de ma m`ere ! Ah ! par exemple ! mon Dieu ! mon Dieu ! le pauvre garcon !…
— Comment le connaissiez-vous ?
— Je ne sais pas ! je ne sais pas !… Vous savez, nous autres, on conna^it un tas de gens qu’on voit, qu’on ne voit plus ou qu’on retrouve !…
Juve, malgr'e lui, se sentait gagn'e `a l`a piti'e par la douleur tr`es sinc`ere que semblait 'eprouver la demi-mondaine. Douleur toute faite d’'emotion et de sensibilit'e, d’ailleurs ; il n’insista plus.
Au demeurant, la conviction de Juve 'etait `a peu pr`es faite.
Et cependant que son interlocutrice se recueillait, cherchait `a calmer sa douleur, le policier imaginait ce qui avait d^u se passer.
Garcon d’h^otel ou de restaurant, sans doute, ce Firmain… qui, certainement avait eu l’occasion de rencontrer `a maintes reprises Paulette de Valmondois, vraisemblablement 'etait ou avait 'et'e son amant. Il tenait d’elle deux certificats faux qui lui permettaient de se placer et le hasard ou la mauvaise chance le conduisait chez L'eon Drapier.
Par suite d’une f^acheuse co"incidence, il advenait que L'eon Drapier reconnaissait cet homme, ou alors apprenait, devinait peut-^etre ses relations avec Paulette de Valmondois, leur commune ma^itresse. Une sc`ene 'eclatait entre les deux hommes et, furieux d’^etre tromp'e par son valet de chambre, L'eon Drapier, au cours d’une altercation, assassinait ce dernier !
C’'etait l`a une hypoth`ese vraisemblable, il ne s’agissait plus que de savoir dans quelles conditions le drame s’'etait produit et ce qui avait pu le d'eterminer.
Juve laissait Paulette de Valmondois se reprendre, se r'econforter, puis doucement il l’interrogea :
— Mademoiselle, fit-il, voulez-vous me dire la v'erit'e tr`es exacte ? Cela a beaucoup d’importance pour vous, comme d’ailleurs pour M. L'eon Drapier…
« Dites-moi, le vendredi 27, qu’est-il arriv'e, lorsque vous avez pass'e la soir'ee au th'e^atre, toute seule ?
« ^Etes-vous rentr'ee chez vous ? 'Etiez-vous accompagn'ee ?
Juve s’attendait `a une r'eponse n'egative, il fut tr`es surpris lorsque Paulette lui d'eclara sur un ton de na"ive sinc'erit'e :
— Mais oui, monsieur ! Mon amant est venu me chercher `a la sortie. Il a pass'e la nuit enti`ere chez moi, ce qui ne lui arrivait presque jamais…
— Votre amant ? fit Juve, duquel voulez-vous parler ?
— Mais, d'eclara Paulette, de L'eon, de L'eon Drapier !
— Ah ! murmura le policier, voil`a qui change mon hypoth`ese !
Et, en effet, il se disait :
— J’'etais convaincu que L'eon Drapier n’avait pas pass'e la nuit dans son lit au moment du crime, mais je ne croyais pas qu’il 'etait venu coucher chez Paulette !
« J’imaginais qu’au contraire il 'etait rest'e tout le temps dans son cabinet de travail. L’affaire se complique singuli`erement.
Juve, soudain, se demandait :
— Cette petite femme me dit-elle la v'erit'e ? Drapier a-t-il r'eellement pass'e la nuit avec elle ?
Le policier interrogea encore :
— Quelqu’un a-t-il vu votre amant pendant cette nuit, soit entrer, soit sortir de chez vous ? C’est tr`es important ce que je vous demande l`a… R'efl'echissez bien…
Paulette ob'eissait, elle ferma les yeux, serra son front dans ses mains, puis au bout d’un instant d'eclara :
— Ma foi, oui, monsieur ; lorsque nous sommes rentr'es vers deux heures du matin L'eon Drapier s’est souvenu qu’il avait dans sa poche une lettre qu’il fallait mettre `a la poste pour sa tante, une dame qui habite Poitiers, je me rappelle cela parce que je connais Poitiers, et alors il m’a dit :