Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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C’'etait L'eon Drapier.
— Ah ! te voil`a ! fit Paulette en se jetant dans ses bras, mais `a sa grande surprise elle 'etait repouss'ee par L'eon Drapier.
— Mis'erable femme ! hurla celui-ci dont les yeux lancaient des 'eclairs, hein ! Tu ne m’attendais pas aussi t^ot ? Tu croyais que je n’allais venir qu’`a cinq heures, et que tu aurais le temps d’ici l`a de recevoir tes autres amants ? Ah ! quel ^etre stupide j’ai 'et'e de croire `a ton amour ! de croire `a ta fid'elit'e !… Parbleu ? je sais maintenant ce qu’il en est ! On a beau ^etre b^ete et aveugle, on finit toujours par s’apercevoir de ces choses-l`a ! Je la connais, l’histoire de ton p`ere ! Et je sais ce que cela signifie ! Ce p`ere avait ton ^age, et ils 'etaient plusieurs ! Et ils te donnaient de l’argent pour tes baisers ! C’'etaient des amants que tu recevais, avec qui tu te moquais de moi. Tiens, je ne sais pas ce qui me retient…
Il levait la main sur Paulette, `a demi folle d’'epouvante, terrifi'ee par ce qui venait de se passer, abasourdie par ce qu’elle entendait, ne pouvant prof'erer une parole.
Elle 'etait semblable `a la b^ete traqu'ee que les chasseurs cernent de tous les c^ot'es, et ce n’'etait certes pas sur l’appui de la petite Normande qu’elle pouvait compter !
La jeune bonne, en entendant des altercations, s’'etait enferm'ee dans la cuisine et tra^inait le buffet et les chaises devant la porte, terrifi'ee, ne songeant qu’`a une chose, c’'etait `a ne point sortir de cette pi`ece qui, seule, croyait-elle, lui assurait la s'ecurit'e !
— L'eon ! balbutia enfin Paulette de Valmondois, je te jure que Firmain n’'etait pas mon amant et que si j’ai donn'e des certificats… c’'etait pour faire plaisir `a mon fr`ere, mais je ne savais pas qu’il allait aller se placer chez toi !
« Ah mon Dieu ! dire qu’il est mort assassin'e !…
C’'etait au tour de Drapier de rester abasourdi en entendant les propos que tenait sa ma^itresse. Il commencait `a comprendre et recueillant, bribe par bribe, les renseignements sur ces 'etranges aventures qui se produisaient depuis quelques jours, il parvenait `a les ordonner ensemble, `a en faire un tout.
L'eon Drapier, en effet, se rendait compte que, par un extraordinaire hasard de circonstances, c’'etait pr'ecis'ement chez lui qu’'etait venu se placer un certain valet de chambre pour lequel sa ma^itresse avait r'edig'e des certificats. Or, voici qu’il apprenait maintenant que ce valet de chambre n’'etait autre que le fr`ere de Paulette !
Quelle 'epouvantable histoire !
Quelle extraordinaire aventure !
Mais l’inqui'etude, toutefois, troublait L'eon Drapier plus que tout le reste.
— Pourvu, se disait-il, que ma femme ne sache jamais ce qui s’est pass'e et que tante Denise ne soit jamais au courant !…
Car le directeur de la Monnaie entrevoyait que, non seulement sa femme demanderait le divorce, mais qu’en outre sa tante, la prude et chaste Denise, ne manquerait point de le d'esh'eriter si elle 'etait au courant du moindre incident !
La col`ere 'ego"iste de L'eon Drapier allait se manifester par des exclamations violentes contre Paulette mais celle-ci les pr'evenait par une supplication.
— L'eon Drapier ! L'eon ! L'eon ! fit-elle, prot`ege-moi ! Sauve-moi ! il y a un homme dans mon boudoir, un homme avec un revolver qui a voulu m’assassiner ! C’est un policier, j’en suis s^ure ! Il est encore l`a, emp^eche-le de me faire du mal !…
L'eon Drapier haussait les 'epaules.
— Allons donc ! fit-il des histoires, pour d'etourner la conversation ! Depuis quand les gens de la police se font-ils meurtriers ? C’est une farce invent'ee `a plaisir ! Encore quelque amant que tu me caches ! J’ai 'et'e dupe de tes mensonges, j’ai 'et'e assez b^ete pour croire `a ces histoires de p`ere qui venait te voir… Certes ! tout est bien fini entre nous, Paulette, tout est fini, et je ne me laisserai pas moquer de moi ! Ah ! je vais lui parler, `a ce soi-disant policier ! Et puisqu’il se cache dans ton boudoir, il n’ira pas ailleurs ! `A nous deux, monsieur !
L'eon Drapier, fou de col`ere, traversa la salle `a manger et p'en'etra dans le boudoir, la canne lev'ee, le regard menacant.
Mais il s’arr^etait au milieu de la pi`ece… Celle-ci 'etait vide.
— L^ache ! cria-t-il, montrez-vous !
Et, du bout de sa canne, il 'ecartait un rideau pr`es de la fen^etre, s’imaginant que l`a 'etait cach'e le soi-disant policier qui, en r'ealit'e, ne devait ^etre autre qu’un amant de Paulette !
La porte de la chambre `a coucher toute voisine 'etait entreb^aill'ee.
— Il est l`a ! pensa-t-il.
D’un coup de pied, L'eon Drapier ouvrit cette porte, entra dans la chambre, elle aussi 'etait vide…
Mais alors qu’il allait revenir dans la salle `a manger, il s’arr^eta net et bl^emit.
Un coup de feu venait de retentir, suivi d’un cri d'echirant.
— Ah ! par exemple ! commenca Drapier.
Il s’arr^eta, pr^eta l’oreille, une voix tonitruante articulait `a l’autre bout de l’appartement :
— Tel est le sort de ceux qui r'esistent `a Fant^omas !…
Puis ce fut le silence absolu, plus impressionnant encore que les terribles bruits qui venaient de retentir !
L'eon Drapier demeurait immobile pendant pr`es de cinq minutes dans la chambre `a coucher, n’osant m^eme pas respirer tant il avait peur.
Que s’'etait-il pass'e ?
Il voulait savoir, et cependant n’osait pas !
Il redoutait quelque nouveau drame, quelque effroyable complication.
Enfin, n’entendant rien, il s’avanca et, lentement, apr`es avoir travers'e le boudoir vide, il p'en'etra dans la salle `a manger. Un spectacle horrible s’offrait `a sa vue.
Tomb'ee `a la renverse sur le plancher, Paulette de Valmondois gisait, toute couverte de sang !
Un revolver 'etait `a c^ot'e d’elle, et c’'etait tout. Il n’y avait personne d’autre ; mais la porte donnant sur l’antichambre 'etait entrouverte, celle du palier n’'etait pas ferm'ee. En l’espace d’une seconde, L'eon Drapier comprit qu’un malfaiteur venait de s’enfuir ou alors que, peut-^etre, c’'etait Paulette de Valmondois qui s’'etait elle-m^eme tir'e ce coup de revolver, d'esesp'er'ee par les propos que venait de lui tenir son amant.