L'assassin de lady Beltham (Убийца леди Бельтам)
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L’argument 'etait en effet sans r'eplique.
Les deux agents, satisfaits, continu`erent `a tourner autour de leur voiture, la couvant des yeux fort amoureusement, car plus ils avaient de peine avec elle, plus ils l’aimaient, `a la facon des m`eres de famille qui s’attachent surtout `a leurs enfants souffreteux. Or, il y avait quelques secondes `a peine que Nalorgne et P'erouzin stationnaient aux abords du Lac Palace et ils soufflaient encore, car le dernier kilom`etre parcouru leur avait co^ut'e de p'enibles efforts, ayant 'et'e marqu'e par sept mises en marche successives, lorsque le carillon d’alarme retentit `a l’int'erieur de l’h^otel.
— Attention, Nalorgne, disait P'erouzin, voil`a une sir`ene. C’est s^urement une voiture de course comme la n^otre qui arrive.
— Laissez donc, r'epondait P'erouzin, il n’y a pas deux voitures comme la n^otre au monde. Et puis cela, ce n’est pas une sir`ene, c’est une sonnerie d’alarme.
Que faire dans cette circonstance ?
Nalorgne et P'erouzin h'esitaient encore et ne savaient quel parti prendre, lorsqu’une femme apparut, v^etue de noir, qui sortait avec pr'ecipitation de l’h^otel et il n’y avait point `a s’y tromper : elle 'etait en fuite.
— Parbleu, jura Nalorgne, si mon flair ne me trompe pas, nous arriverons au beau moment.
— Oui, r'epondait P'erouzin, voil`a assur'ement la dame que Juve doit arr^eter et qui se sauve.
— Nous allons l’enlever.
— Si vous le voulez.
— L’enlever dans notre voiture ?
— Parfaitement ! Cela ira plus vite. Mettez en marche, Nalorgne.
Par extraordinaire, le moteur ronfla au premier coup. Or, la fugitive approchait.
P'erouzin bondit sur la jeune fille, qui n’'etait autre qu’H'el`ene et lui barra la route.
— Au nom de la loi, je vous arr^ete, madame.
— Laissez-moi passer ! cria H'el`ene.
— Aidez-moi P'erouzin.
P'erouzin et Nalorgne se jet`erent en m^eme temps sur la malheureuse fille de Fant^omas. H'el`ene eut beau r'esister, elle fut prise par les deux agents, entra^in'ee vers l’automobile.
— En route, en route ! criait P'erouzin.
Il l^acha H'el`ene pour s’emparer du levier du changement de vitesse qu’il allait actionner. Or, `a ce moment pr'ecis, des deux c^ot'es de la route, deux hommes surgirent qui bondirent vers la voiture.
— Nom de Dieu, tenez bon ! cria une voix vibrante.
Ph'enom`ene extraordinaire, c’'etait la voix de Fandor.
— Tenez bon ! criait en m^eme temps une autre voix, une voix qu’H'el`ene ne reconnaissait pas.
Et, alors, avec une rapidit'e inou"ie une nouvelle lutte s’engageait.
P'erouzin, pris au collet, se sentit litt'eralement arrach'e de son si`ege. Il roula dans la poussi`ere `a dix pas de l`a, o`u d’ailleurs Nalorgne vint le rejoindre une seconde plus tard.
Puis, il y eut un grand bruit.
— Fuyez, fuyez ! cria une voix.
Le ronflement de la voiture prit de l’intensit'e. L’automobile d'emarra. H'el`ene avait saut'e au volant, c’'etait elle qui partait. Puis le silence de la nuit se refit, profond, imp'en'etrable sur la route d'eserte.
`A cet instant Nalorgne se releva en g'emissant.
— ^Etes-vous mort, P'erouzin ? demanda-t-il.
— Non, r'epondait P'erouzin, et vous ?
Les deux agents 'etaient consid'erablement abrutis par l’extraordinaire agression dont ils venaient d’^etre victimes.
Nalorgne, cependant, retrouvait un peu sa pr'esence d’esprit.
— Et la voiture, demandait-il, o`u est-elle ? Ah sapristi !
Mais P'erouzin le consola :
— Oh, elle est repartie, mais bien s^ur, elle ne va pas aller loin. Nous n’avons qu’`a marcher tranquillement, nous la rejoindrons.
Il ne venait pas une seconde, en effet, `a l’esprit de l’agent que la malheureuse voiture, m^eme pilot'ee habilement, p^ut effectuer plus d’un kilom`etre sans s’arr^eter une heure durant.
***
Que s’'etait-il pass'e cependant ?
Quels 'etaient les deux myst'erieux personnages qui, si opportun'ement, avaient surgi des bords de la route pour sauter au collet de Nalorgne et P'erouzin et d'ebarrasser H'el`ene de leur poursuite stupide ?
Fandor 'etait l’un de ces hommes.
Et Fandor, sit^ot la voiture partie, s’'etait rejet'e sur le bas-c^ot'e de la route o`u il se tenait maintenant, immobile, cach'e derri`ere le tronc d’un arbre.
Le journaliste paraissait extraordinairement pr'eoccup'e :
— C’est `a n’y rien comprendre, disait-il. Qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi H'el`ene n’est-elle pas venue `a mon rendez-vous et pourquoi Nalorgne et P'erouzin voulaient-ils l’arr^eter ? Enfin qu’est-il devenu ?
Il, le personnage myst'erieux que Fandor ne nommait pas 'etait 'evidemment l’homme, qui avec lui s’'etait 'elanc'e au secours d’H'el`ene. Fandor l’avait vu, Fandor l’avait reconnu.
— Mordieu, je tirerai cela au clair ! jura le journaliste.
Et, immobile, l’oreille aux 'ecoutes, il guetta dans l’obscurit'e sans pr^eter la moindre attention au d'epart de Nalorgne et P'erouzin, partis en trottinant pour tenter de rejoindre leur voiture.
Or, Fandor guettait ainsi dans l’ombre depuis quelques instants, il 'etait exactement onze heures cinq `a sa montre, ainsi qu’il venait de le constater `a la lueur blafarde de la lune, lorsque soudain le journaliste fr'emit de la t^ete aux pieds.
— L`a, l`a ! murmura-t-il.
Et il regardait en face de lui dans la direction oppos'ee de la route.