L'?vad?e de Saint-Lazare (Побег из Сен-Лазар)
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— A"ie, je vous attendais-l`a, mais patience, dans cinq minutes, vous ne rigolerez plus.
— Je ne rigole jamais, Riquet, lorsqu’il s’agit de choses s'erieuses. Mais pourquoi me dis-tu que je vais ^etre ennuy'e ?
— Oh, c’est simple comme tout, vous allez le comprendre lorsque vous saurez quel est le v'eritable nom de l’infirme connu sous le sobriquet de Taxi.
— Dis-le.
— Taxi, monsieur Juve, c’est Fandor.
— Fleur-de-Flic, tu as trop bu de vin blanc.
Mais le gamin protesta :
— Sur la t^ete de ma m`ere, je vous jure que je ne suis pas saoul, et je vous jure aussi que l’infirme et votre ami le journaliste ne font qu’un m^eme et seul personnage.
— Explique-toi, petit, explique-toi.
Riquet n’h'esita plus alors `a tout confier `a son ami. Apr`es quoi, le policier reprit tr`es grave :
— 'Ecoute bien, petit, il y a un myst`ere que nous devons 'eclaircir et dans le plus bref d'elai. De deux choses l’une, ou tu te trompes, ou tu as raison. Si tu fais erreur et si le faux infirme n’est pas Fandor, comme je l’esp`ere, nous n’h'esiterons pas `a arr^eter ce suspect mendiant. Si au contraire c’est Fandor…
— Eh bien ? si c’est Fandor ?
— Eh bien, poursuivit Juve nettement, si c’est Fandor et qu’il soit coupable, je ferai mon devoir jusqu’au bout. Allons-y.
Juve se leva.
— O`u cela ?
— Impasse Urbain, dit le policier.
Quelques instants plus tard, l’homme et l’adolescent se retrouvaient dans la rue, marchant silencieusement, c^ote `a c^ote. Riquet ne se sentait pas de joie, d'ecid'ement, comme l’avait dit Juve, il 'etait en train de devenir un grand policier.
Ils approchaient de l’immeuble dans lequel habitaient le fameux Taxi et Blanche Perrier, lorsque Riquet s’arr^eta brusquement :
— Qu’est-ce qu’il y a ? fit Juve.
— Regardez.
C’'etait une sorte de poussette, de petit v'ehicule constitu'e par une grossi`ere caisse de bois mont'ee sur un essieu, aux extr'emit'es duquel des roues 'etaient assujetties. Le chariot gisait dans le ruisseau en pi`etre 'etat. La caisse 'etait d'efonc'ee, l’essieu bris'e, les roues tordues.
— Aussi s^ur que je suis ici, d'eclara-t-il, c’est le chariot de Fandor. Mais lui, qu’est-il devenu ?
Juve s’'etait rapproch'e, il arracha l’engin du ruisseau, le mit sous son bras et fit volte-face.
— Juve, que faites-vous ? interrogea Riquet. Renoncez-vous `a votre projet ? ne montons-nous pas voir ?
— C’est inutile, du moment que la cage est dans la rue, tu peux ^etre s^ur que l’oiseau est envol'e, d’ailleurs je me contente d’emporter ceci comme pi`ece `a conviction, l’avenir nous dira le parti qu’il faut en tirer, car demain il y aura du nouveau, tu peux m’en croire.
— Est-ce au sujet de Fandor ? interrogea Riquet anxieusement.
'Evasivement Juve r'epondit :
— Au sujet de Fandor, je ne puis te le dire, mais au sujet du mort, certainement.
— Ah, s’'ecria Riquet, je suis s^ur que vous savez qui est le cadavre.
— Hum, ne cherche pas `a me faire bavarder Riquet, je ne te dirai qu’une seule chose, mais celle-l`a, je te l’affirme : avant demain soir, il va y avoir un coup de th'e^atre.
8 – UNE ARRESTATION
M. Bagot, le commissaire de police de Saint-Denis, arriva fort tard ce matin-l`a `a son commissariat, o`u on l’attendait depuis plusieurs heures.
— Rien de particulier ? demanda le commissaire, en entrant.
— Rien, monsieur le commissaire, absolument rien. Nous n’avons, depuis hier soir, qu’un ivrogne arr^et'e pour outrages aux agents, et un marchand des quatre-saisons, qui n’avait pas sa carte de circulation.
— Bien, fit M. Bagot, d’un air distrait, o`u sont ces gaillards-l`a ?
— Au violon, monsieur le commissaire.
— Vous avez fait le n'ecessaire et v'erifi'e leur identit'e ?
— Oui, monsieur le commissaire.
— Alors tout va bien. On ne m’a pas demand'e ?
Le secr'etaire sourit :
— Si, tous ces gens qui sont l`a, et l’employ'e d'esignait la foule entass'ee dans la salle d’attente.
M. Bagot passa dans son bureau, non sans avoir invit'e son secr'etaire `a l’y suivre.
Lorsque les deux hommes furent seuls, M. Bagot r'ep'eta sa question, en la pr'ecisant :
— Vous ^etes s^ur que personne ne m’a demand'e ? Je veux dire, demander par mon nom. Personnellement.
— Non, monsieur le commissaire.
— Bien, fit M. Bagot, vous pouvez vous retirer.
— Monsieur le commissaire, recevrez-vous tout ce monde ?
— Pas tout de suite, en tout cas. Je vais voir d’abord les affaires que j’ai `a d'ebrouiller, et ce courrier.
M. Bagot d'ecacheta les lettres. Une `a une, il les parcourut. Un document, machinalement, lui fit faire la grimace. Il grommela :
— Naturellement, je m’y attendais.
C’'etait une lettre `a en t^ete du Parquet du Tribunal de la Seine. Le substitut de service qui, conform'ement `a l’usage, avait sign'e d’une facon illisible, r'eclamait en termes nets et pr'ecis, une solution dans l’affaire que l’opinion publique qualifiait d'esormais de :
— Une solution, une solution, monologua le commissaire en levant les bras au ciel. Comme c’est facile. Ces ronds-de-cuir sont extraordinaires, ils s’imaginent que je puis aller plus vite que je ne vais. Ils ont le cul sur leur tabouret et ca vient vous presser.
Le commissaire s’arr^eta de d'ecacheter. Il se renversa en arri`ere dans son fauteuil, alluma un cigare, en tira des bouff'ees m'ethodiques, puis, apr`es avoir longuement consid'er'e le plafond, il se leva, alla `a un placard, dont il retira un dossier assez volumineux :