La gu?pe rouge (Красная оса)
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Fant^omas, malheureusement pour ces avides orateurs, n’'etait pas homme `a se d'ecider `a la l'eg`ere. Il repoussa tous ceux qui tentaient de l’approcher, il eut un « non » sec et cassant pour toutes les sollicitations. Sans avoir rien promis, sans avoir 'ecout'e personne, il r'eint'egra sa cellule.
Mais, `a peine Fant^omas 'etait-il dans son cachot, `a peine la porte verrouill'ee s’'etait-elle referm'ee sur lui, qu’il se prit `a r'efl'echir.
— Parbleu, disait le ma^itre de l’'Epouvante, c’est 'evident, il faut que je prenne un avocat, mais `a qui m’adresser ?
Il r'efl'echit longtemps, puis, un sourire passa sur ses l`evres :
— Je suis le roi des Bandits, avait murmur'e Fant^omas, il me faut le roi du Barreau.
4 – AU CABARET DES RACCOURCIS
— C’est entendu, monsieur Sunds, je vous laisse ce vase pour trois cent cinquante francs, y compris le prix de la copie que vous devez en faire, pour que mon mari ne s’apercoive pas de la vente.
Le personnage `a qui s’adressaient ces paroles 'etait le Danois 'Erick Sunds, chineur de son m'etier, qui venait de traiter avec Mme Faramont, femme du c'el`ebre b^atonnier, un march'e des plus avantageux pour lui.
Mme Faramont, en effet, qui estimait que les objets d’art dont son mari aimait `a s’entourer 'etaient ruineux, avait trouv'e une combinaison tout `a fait ing'enieuse ; elle les revendait au Danois 'Erick Sunds pour des prix 'evidemment peu 'elev'es. Mais Mme Faramont pr'ef'erait revendre `a perte que de garder une collection artistique absolument inutile, `a son avis.
Pour que Me Faramont ne s’aperc^ut de rien, le Danois, qui 'etait tr`es habile artiste, faisait une copie des objets d’art ainsi rachet'es, et le b^atonnier, ravi de sa collection, vantait `a tous ses pr'ecieux bibelots, qui n’'etaient que des copies r'eussies.
— Alors, au revoir, monsieur Sunds.
Le Danois semblait h'esiter `a s’en aller, lorsque Me Henri Faramont entra lui-m^eme dans la pi`ece :
— Tiens, bonjour, cher monsieur, fit-il s’adressant `a Sunds, comment va ?
— Tr`es bien, ma^itre, je venais justement vous voir pour vous proposer une affaire int'eressante.
Mme Faramont, un peu g^en'ee, car elle se sentait l'eg`erement coupable vis-`a-vis de son mari, se retira, et le b^atonnier, rapidement, se dirigea vers la salle `a manger o`u l’attendait son d'ejeuner.
— Venez avec moi, monsieur Sunds, je suis horriblement press'e, nous parlerons, si vous le voulez, pendant que je d'ejeunerai.
Les deux hommes p'en'etr`erent dans la pi`ece et tout en offrant un si`ege au chineur, Me Faramont reprenait :
— Alors quelle est-elle, cette superbe affaire ?
— Voici, fit Sunds. En ce moment, je connais une potiche admirable dont le d'etenteur, ou plut^ot la d'etentrice, se d'eferait `a bon compte. Il s’agit d’un br^ule-parfum ancien. Un chine de la famille verte de la plus belle et authentique esp`ece.
— Ah, s’'ecria Me Faramont fort int'eress'e, et o`u peut-on voir cette potiche ?
— Tout pr`es de chez votre beau-fr`ere, `a Ville-d’Avray, dans une villa voisine de chez lui.
— Tiens, justement je dois y aller d^iner apr`es-demain, nous prendrons rendez-vous, si vous le voulez, et j’irai voir avec vous cette merveille. Vous me retrouverez `a la gare Saint-Lazare.
— C’est entendu, ma^itre, je vous attendrai au train de six heures, apr`es-demain soir, nous ferons route ensemble.
Les deux hommes 'echang`erent une cordiale poign'ee de main et Me Faramont, ayant termin'e son repas, se dirigea vers son cabinet de travail, o`u son fils Jacques, avocat depuis quelques jours, s’occupait `a d'epouiller le volumineux courrier du b^atonnier.
— Y a-t-il quelque chose d’int'eressant, Jacques ? demanda Me Faramont.
— Deux lettres de l’avou'e d’Orl'eans, r'epondit Jacques, puis voici un nouveau client, je ne connais pas son nom, il annonce sa visite pour demain, papa.
— Et cette lettre ? demandait l’avocat en voyant que son fils dissimulait une enveloppe de laquelle il venait de retirer un papier mauve.
Le jeune homme rougit jusqu’aux oreilles.
— Ce n’est pas pour toi, dit-il, mais c’est pour moi. C’est personnel.
Le b^atonnier sourit.
— As-tu donc d'ej`a des clients ?
— Mais pourquoi pas ? fit Jacques. Je suis inscrit `a l’assistance judiciaire.
— Ce ne sont pas les clients de l’assistance judiciaire qui vous envoient des lettres qui sentent aussi bon. Enfin, petit, cela te regarde, je ne suis pas un p`ere s'ev`ere.
Jacques changea volontiers le sujet de la conversation, car la lettre qu’il avait d'ecouverte m^el'ee au volumineux courrier de son p`ere, bien qu’elle lui f^ut destin'ee, provenait en effet de sa petite amie, Brigitte.
Elle lui demandait un rendez-vous et Jacques, tout en continuant `a d'epouiller le courrier paternel, cherchait un moyen de s’'eclipser le soir m^eme pour aller la retrouver, lorsque, brusquement, de ses doigts tomba une nouvelle lettre qu’il tenait.
— Ah par exemple, dit-il, voil`a quelque chose, papa, qui n’est pas ordinaire !
L’avocat, qui pr'ecis'ement venait de se lever de son bureau pour aller `a sa biblioth`eque chercher dans un livre un renseignement de jurisprudence, ne s’'etonna pas outre mesure de la surprise manifest'ee par son fils. Il savait par exp'erience que les avocats, et surtout le b^atonnier, recoivent des lettres de toute nature.
Le b^atonnier pr^eta l’oreille, son fils venait d’annoncer :
— La lettre porte le cachet de la prison de la Sant'e.
Puis le jeune homme lut `a haute voix :