La main coup?e (Отрезанная рука)
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— Plaignez-vous donc, richard.
— Oh, je ne me plains pas.
Juve avait lieu d’^etre satisfait.
Tandis que le policier d'emontrait avec son habilet'e coutumi`ere, son extraordinaire science polici`ere, le truc qui avait permis `a un ing'enieux voleur, encore inconnu, de faire sortir `a volont'e le 7, M. de Vaugreland avait eu une id'ee charmante. Il avait attir'e Juve `a part et l’avait forc'e `a reprendre, `a titre de gratification, tout ce qu’il avait gagn'e le soir m^eme `a la roulette en jouant le fameux num'ero 7.
— Gardez cela, avait dit le directeur, cet argent vous appartient en propre, vous l’avez bien gagn'e.
Et comme Juve se d'efendait, refusait une lib'eralit'e qui lui semblait exorbitante, M. de Vaugreland avait ajout'e :
— Mais si, prenez cette somme, que diable. En vous l’abandonnant, le Casino gagne encore. Ce truc aurait pu lui co^uter bien davantage. Vous n’avez pas de scrupules `a avoir.
Et Juve s’'etait laiss'e faire.
Juve 'etait possesseur maintenant de cent huit beaux billets de mille francs qui, suivant son expression, ne devaient rien `a personne.
Toujours g'en'ereux, d’ailleurs, Juve s’'etait empress'e de dire `a Fandor que cet argent leur appartenait `a tous les deux par moiti'e. Une discussion en 'etait n'ee entre le journaliste et le policier, l’un voulait forcer l’autre `a partager ce petit tr'esor et bien entendu le journaliste avait refus'e obstin'ement.
— Allons toujours souper, avait conclu Juve et ma foi, offrons-nous un festin digne de cette soir'ee.
C’'etait ce festin qu’ils achevaient, vidant coupes sur coupes, ne m'enageant pas les vins g'en'ereux.
Mais tandis que Juve 'etait d’une 'etourdissante gaiet'e, Fandor, lui, demeurait sombre.
C’est qu’`a la v'erit'e, Fandor 'etait effray'e.
Juve ne tarissait pas d’anecdotes sur la roulette. Avec des d'etails fi'evreux, il contait `a son ami toutes les 'emotions qu’il avait ressenties au cours de la soir'ee, alors que la bille venait avec une r'egularit'e stup'efiante se poser sur le 7, alors qu’il voyait enfler, d’une mani`ere prodigieuse, le tas d’or qui repr'esentait ses gains.
— Ah ca, dit-il, `a la fin, savez-vous, Juve, que vous commencez `a m’inqui'eter ? Vous vous emballez d’une mani`ere extraordinaire. Est-ce que par hasard la roulette vous aurait conquis ?
Juve haussa les 'epaules, vida encore une fois sa coupe :
— Ma foi, dit-il, peut-^etre bien.
16 – DAME DE COEUR, DAME DE PIQUE
En suivant l’avenue des Rosiers, toute calme, toute ensoleill'ee, riante et gaie ce matin-l`a, J'er^ome Fandor, qui cheminait lentement, avait peine `a s’imaginer qu’il 'etait dans cette m^eme avenue o`u, quarante-huit heures auparavant, alors que la nuit 'etendait son voile d’ombre sur le paysage alentour, un drame incompr'ehensible et brutal se d'eroulait.
'Etait-il possible que dans un pays aussi d'elicieux, aussi pittoresque, que dans une r'egion de r^eve et d’enchantement comme celle qu’il parcourait, il y e^ut parfois des attaques nocturnes et que le sang coul^at sur les fleurs ?
Il 'etait onze heures du matin.
Fandor avait r'esolu d’aller tout simplement se pr'esenter `a la maison de famille des H'eberlauf et de demander `a voir M lleDenise. Apr`es tout, cette myst'erieuse personne allait peut-^etre le recevoir ?
Fandor, lorsqu’il 'etait descendu de la baleini`ere dans laquelle Ivan Ivanovitch avec sa brutalit'e toute ouralienne l’avait embarqu'e de force, avait eu la surprise de retrouver en arrivant `a terre, en la personne du commandant, un homme d’une politesse exquise, d’une obs'equiosit'e presque exag'er'ee.
L’officier s’'etait excus'e d’avoir impos'e au journaliste cette promenade et cela dans des termes tels qu’il semblait difficile de lui en garder rancune. Il avait all'egu'e un malentendu, une m'eprise.
Certes, Fandor n’'etait pas dupe de ce pr'etexte. Mais il n’osait trop rien dire et au surplus, l’officier lui annoncait qu’il allait le conduire imm'ediatement aupr`es de cette personne qu’il avait poursuivie, aupr`es de cette 'enigmatique Denise, celle-ci 'etant d'esireuse, assurait l’officier, de faire sa connaissance.
Fandor, ce soir-l`a, avait pass'e de surprises en surprises.
`A peine s’'etaient-ils approch'es de la maison des H'eberlauf, que son compagnon et lui 'etaient tomb'es dans une embuscade, avaient d^u se d'efendre contre de myst'erieux bandits.
L’officier s’'etait battu comme un lion : sur les rapides indications de Fandor, il avait m^eme port'e secours `a Juve, puis aussit^ot il avait disparu, s’enfuyant, non pas avec la pr'ecipitation d’un coupable, mais avec la discr'etion d’un homme qui veut 'eviter les effusions de sympathie et fuir les remerciements.
Juve avait cru qu’il s’agissait de tout le contraire, qu’Ivan Ivanovitch 'etait un des plus acharn'es de ses agresseurs mais Fandor savait que son ami s’'etait tromp'e.
Naturellement, la bataille et les 'ev'enements qui s’en 'etaient suivis avaient emp^ech'e Fandor de se rendre au rendez-vous de la jeune fille. Mais il avait d'ecid'e que ce n’'etait que partie remise, il s’y rendait. Le journaliste cependant 'etait perplexe. Quel allait ^etre le r'esultat de sa d'emarche ? Fandor n’'etait pas homme `a h'esiter. Apr`es avoir sonn'e `a la grille du jardin de la maison H'eberlauf, ayant remarqu'e que l’un des battants 'etait entrouvert, il avait suivi l’all'ee qui conduisait `a l’entr'ee de la maison et attendit sur le perron.