Le pendu de Londres (Лондонская виселица)
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— Moussi'e Charley…
— Qu’y a-t-il, Job ?
— Moussi'e Charley, vous dire au patron… que moi peux pas rester ici… bien content pourtant gagner les shillings, mais pas bon travail pour n`egre… et puis Job est ennuy'e avoir fait des b^etises avec M lleDaisy… voulu l’embrasser… bien m'echant, n’est-ce pas ?… vilain noir… vilain singe…
Le n`egre, que Charley d'esormais consid'erait avec ahurissement, se d'epouilla en h^ate de la grande houppelande verte qui constituait son uniforme.
— Moi, rendre le manteau dor'e, d'eclara-t-il, non sans regret.
Puis bondissant vers la sortie, apr`es avoir encore jet'e sa casquette aux pieds de Charley, il gagna la rue `a toute allure et se m^elait `a la foule des passants.
Le jeune employ'e de Sigissimons, Charley, n’'etait pas encore revenu de sa stup'efaction, il n’avait pas encore compris la soudaine d'ecision du n`egre qui, somme toute, se sauvait sans m^eme avoir song'e `a r'eclamer sa semaine, que M meDavis, connue dans la maison du photographe sous le nom de M lleDaisy, revenait de chez le premier ministre.
Elle monta, apercut Charley :
— O`u en sont mes photographies ? demanda-t-elle aussit^ot.
L’employ'e leva les bras au ciel :
— Je les ai oubli'ees, dit-il, mais n’ayez pas peur, miss, on va rattraper le temps perdu…
— Je vous en prie, supplia M meDavis, faites vite, c’est tr`es press'e…
Tout en r'epondant :
— On y va… on y va…
Charley s’introduisait dans le cabinet noir… Il y prolongeait son s'ejour…
— Mademoiselle Daisy ?
— Qu’y a-t-il, Charley ? r'epondit M meDavis…
— O`u avez-vous mis votre clich'e ? je ne le trouve pas…
M meDavis, sinistrement inqui`ete, se pr'ecipitait `a son tour dans le cabinet noir. En vain fouilla-t-elle avec l’employ'e les coins et recoins de la pi`ece, la pr'ecieuse pellicule repr'esentant M meGarrick sur le pont du navire demeurait introuvable.
— Mon Dieu !… Mon Dieu !… s’'ecria la femme d'etective, quelle malchance s’acharne sur nous…
Mais elle poussait un ah ! de stup'efaction. Dans la salle voisine elle apercevait, gisant sur le plancher, la somptueuse d'efroque du n`egre Job.
— Qu’est-ce que cela signifie ? demanda-t-elle…
En deux mots, Charley lui expliquait la r'ecente d'ecision prise par le n`egre :
— J’ai cru comprendre, fit-il, que Job, vous ayant manqu'e de respect, n’osait plus repara^itre devant vos yeux, et que c’est pour cela qu’il quittait la maison…
— Vraiment, fit sur un ton 'evasif et tr`es 'enigmatique la femme d'etective qui resta quelques instants silencieuse, absorb'ee dans ses r'eflexions.
Le myst`ere ne s’'eclaircissait pas du tout `a ses yeux, bien au contraire.
Si la disparition du document photographique dont elle avait besoin, et la fuite du n`egre 'etaient concomitantes, fallait-il voir dans cela de simples co"incidences, ou alors une pr'em'editation ?
Cependant la perplexit'e de M meDavis ne dura pas longtemps…
Sans fournir la moindre explication au jeune employ'e Charley, elle alla s’enfermer dans la cabine t'el'ephonique.
— Allo… allo… Scotland Yard…
On r'epondait de la pr'efecture de police.
M meDavis demanda `a parler `a Shepard, elle donnait un num'ero d’ordre qui certainement allait aviser le d'etective de la qualit'e de son interlocuteur.
Quelques secondes se passaient, puis M meDavis reconnaissait la voix de son coll`egue :
— Qu’y a-t-il pour votre service ? interrogeait celui-ci.
— Allo… Shepard… allo mon ami… J’ai besoin d’un renseignement… connaissez-vous un certain n`egre… se faisant appeler Job et employ'e ces derniers temps en qualit'e de portier dans la maison du photographe Sigissimons ?
De sa voix grave, Shepard renseignait M meDavis :
— Job… parfaitement je le connais, c’est un Africain, ancien chauffeur `a bord des cargo-boats, ivrogne et voleur `a l’occasion… avant d’^etre portier chez le photographe, il dressait des puces savantes…
— Allo Shepard… que pensez-vous de sa mentalit'e ?… le croyez-vous capable d’une initiative quelconque… peut-on lui confier une mission d'elicate ou audacieuse ? En un mot, est-ce un homme intelligent ou un imb'ecile ?…
— Un imb'ecile ! r'epondit Shepard sans la moindre h'esitation…
— Allo… merci… `a bient^ot… je vous verrai `a ce sujet…
M meDavis raccrochait le r'ecepteur, mais ne quittait pas la cabine.
Job lui avait fait la m^eme impression qu’`a Shepard ; tous deux tenaient donc le n`egre pour un parfait cr'etin.
M meDavis h'esitait. Elle ne pouvait pas conclure absolument dans ce sens.
En r'ealit'e que redoutait-elle ?
Deux hypoth`eses se pr'esentaient `a son esprit :
Job, r'eellement amoureux d’elle, apr`es avoir essay'e de la violenter, et, n’ayant pas r'eussi, redoutant un ch^atiment s’'etait sauv'e de la maison.
C’'etait la version la plus plausible en apparence, la plus simple aussi…
Mais il y en avait une autre, une autre plus compliqu'ee, `a laquelle M meDavis se serait volontiers arr^et'ee si elle avait pu se persuader de l’intelligence de Job.
C’'etait la suivante :