Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— Qu’entendez-vous par l`a ? interrogea Havard.
— Rien, monsieur, c’est une parole imprudente !
Le chef de la S^uret'e insistait :
— Je veux conna^itre le fond de votre pens'ee, parlez, je vous l’ordonne !
— Eh bien, fit M. Mix, qui paraissait de plus en plus troubl'e, il y a des choses qui maintenant me reviennent `a l’esprit. Votre d'ecouverte de la culpabilit'e de L'eon Drapier 'eclaire pour moi d’un jour nouveau certaines affaires, certains crimes jusqu’`a pr'esent demeur'es myst'erieux.
— Ah ! s’'ecria M. Havard, vous songez `a l’assassinat du valet de chambre Firmain…
Mix hocha la t^ete.
— J’y songe, en effet, monsieur.
Michel intervenait dans la conversation :
— Souvenez-vous, monsieur le chef de la S^uret'e, dit-il, que cette nuit nous avons remarqu'e que les scell'es appos'es dans le cabinet de travail de M. L'eon Drapier ont 'et'e arrach'es, puis replac'es, et que l’on a fait un faux cachet.
— Est-ce possible ? s’'ecria Mix, qui jouait merveilleusement la stup'efaction.
Havard, cependant, poursuivait :
— Du vol `a l’assassinat, il n’y a qu’un pas. Il est prouv'e, `a mon avis, que L'eon Drapier est le voleur de la Monnaie. Croyez-moi, nous ne tarderons pas `a d'ecouvrir le meurtrier de Firmain !
Mix interrogea :
— Et cette malheureuse Paulette de Valmondois ?
Le chef de la S^uret'e s’approchait de Mix :
— Assassin'ee, monsieur ! assassin'ee, elle aussi ! Et assassin'ee par son amant, j’en mettrais la main au feu d'esormais. Il la manqua une premi`ere fois, lorsqu’il tira sur elle le coup de revolver, il r'eussit `a l’achever en lui envoyant, d'etail horrible, par son fils, ce bouquet de fleurs empoisonn'ees.
Havard se tournait vers ses inspecteurs :
— Messieurs, d'eclarait-il, nous n’avons pas une minute `a perdre. Il s’agit de nous 'elancer au plus vite sur les traces de L'eon Drapier. Qu’on t'el'ephone `a toutes les gares ! Que l’on pr'evienne les postes-fronti`eres, les ports d’embarquement ! En tout cas, nous allons tenter une d'emarche qui vraisemblablement ne sera pas couronn'ee de succ`es, mais il ne faut rien n'egliger !
Havard se tournait vers Mix.
— Monsieur, fit-il, mes inspecteurs vont aller remplir les missions que je leur donne. Quant `a moi, je me rends, sans perdre un seconde, au domicile de L'eon Drapier. Voulez-vous m’y accompagner ?
— Ah ! monsieur ! fit le d'etective priv'e, c’est une cruelle 'epreuve que vous m’imposez l`a ! J’ai cru longtemps `a l’innocence de ce mis'erable et si, par hasard, il se trouve chez lui, lorsqu’il me verra en votre compagnie, il s’imaginera que je l’ai trahi…
— Il s’imaginera tout ce qu’il voudra ! articula Havard. Lorsqu’il s’agit de d'emasquer un coupable, la trahison n’est pas une infamie, c’est un devoir social, c’est un honneur !
Puis Havard ajoutait, se penchant vers Mix :
— Vous connaissez la disposition de la maison mieux que moi, vous me rendrez service en m’accompagnant. Je vous disais tout `a l’heure que j’'etais `a m^eme d’appr'ecier votre habilet'e, je ferai reconna^itre votre d'evouement, et s’il vous pla^it d’accepter une situation d’inspecteur au nombre de mes d'evou'es collaborateurs, votre nomination sera sign'ee en m^eme temps que l’ordre d’'ecrou de L'eon Drapier !
Caroline venait d’ouvrir la porte ; elle reconnut le chef de la S^uret'e.
— Votre ma^itre est-il l`a ? demanda celui-ci.
— Oui, monsieur, fit la vieille cuisini`ere, m^eme que monsieur est bien fatigu'e, bien malade. Si monsieur savait ce qui s’est pass'e ! Voil`a madame qui a disparu, rapport `a ce qu’elle a d'ecouvert que monsieur avait une ma^itresse !… Je demande un peu `a monsieur si madame devait agir de la sorte !… Surtout que la ma^itresse de monsieur est d'ec'ed'ee… L`a o`u il n’y a plus personne, le diable y perd ses droits !…
Havard avait jet'e un coup d’oeil de triomphe `a Mix, il p'en'etra dans la chambre de M me Drapier, o`u le malheureux directeur de la Monnaie 'etait demeur'e, abasourdi, atterr'e, depuis le d'epart subit et inattendu de sa femme.
Lorsqu’il vit entrer le chef de la S^uret'e en compagnie de Mix, L'eon Drapier se leva.
— Monsieur, d'eclara le chef de la S^uret'e, je suis heureux de vous trouver enfin `a votre domicile ! Je m’apercois que j’arrive `a temps et que, d'ecid'ement, la justice aura le dernier mot ! Au nom de la loi, je vous mets en 'etat d’arrestation, car vous ^etes inculp'e non seulement des vols commis `a la Monnaie, mais encore du double assassinat du malheureux Firmain et de votre infortun'ee ma^itresse, la fille Poucke, dite Paulette de Valmondois !
`A ces paroles, L'eon Drapier devint livide.
Il 'ecarquilla les yeux, remua les l`evres, d’abord incapable d’articuler une seule parole, enfin il murmura d’une voix blanche :
— Vous avez perdu la t^ete ! Vous ^etes fou !
— Je ne suis pas fou, d'eclara s'ev`erement M. Havard, je crois au contraire que j’ai raisonn'e selon les plus s^urs principes de la logique et de la vraisemblance, et c’est pour cela que je vous mets en 'etat d’arrestation. L’enqu^ete prouvera si je me trompe, l’instruction 'etablira votre culpabilit'e.
— Mais je suis innocent ! hurla L'eon Drapier.
M. Havard r'etorquait ironiquement :
— Vous le pr'etendez !… Et je reconnais que vous avez fait preuve d’une habilet'e telle, dans l’ex'ecution des diff'erents forfaits que l’on vous reproche, que les policiers les plus subtils s’y sont tromp'es !
`A ce moment, L'eon Drapier jetait un regard inquiet et interrogateur sur son d'etective priv'e, sur Mix, qui assistait, sans mot dire, `a la tragique discussion.