Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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Le guide n’essayait pas de protester, car il savait que ces sortes de d'ecision sont immuables, mais les clients 'etaient furieux.
Ils avaient pay'e d’avance leur voyage, le programme de celui-ci comportait la visite des ateliers de la Monnaie…
L’un d’eux, tout particuli`erement, une sorte d’Am'ericain, temp^etait plus que les autres.
— Je vous ferai un proc`es ! faisait-il au guide, cela ne se passera pas comme ca !
— Cas de force majeure, monsieur, articulait le guide.
Et, quelques instants apr`es, la foule des visiteurs oblig'ee de quitter l’atelier se retrouvait dans la cour de l’h^otel, gagnait la sortie.
L’Am'ericain continuait `a temp^eter, il ameutait les autres voyageurs. Le guide ne savait plus o`u donner de la t^ete, et comme tous ces gens faisaient un formidable tapage, quelques ouvriers qui travaillaient `a l’atelier des monnaies d’or quitt`erent leurs occupations pour aller dans la cour assister en curieux `a la discussion.
Deux d’entre eux venaient `a peine d’abandonner leur poste que de sous une sorte de tr'eteau surgissait une forme humaine qui s’y 'etait dissimul'ee.
Assur'ement, ce personnage s’'etait introduit dans l’atelier avec les visiteurs et il s’'etait abstenu de sortir en m^eme temps qu’eux.
Ce personnage 'etait v^etu de noir, portait un v^etement souple n’attirant point l’attention. Il tenait `a la main des gants noirs et une sorte de foulard, noir 'egalement, qui avait tout `a fait l’air d’une cagoule.
'Evidemment, pour s’^etre dissimul'e de la sorte et cach'e dans un endroit si surveill'e, l’homme devait avoir une audace extr^eme !
`A peine sorti de sous le tr'eteau qui lui avait servi momentan'ement d’abri, il ne s’attarda point dans l’atelier de l’or o`u se trouvaient encore un contrema^itre et deux autres ouvriers.
Sans faire le moindre bruit, car assur'ement il avait des semelles feutr'ees, il se glissa le long d’un mur obscur, se confondant presque avec la cloison.
Puis, `a un moment donn'e, comme une sorte de monte-charge parvenait `a la hauteur d’une ouverture pratiqu'ee dans ce mur, l’homme, avec une extraordinaire agilit'e, se lanca dans ce monte-charge qui ralentissant `a peine sa marche, continuait `a s’'elever au sommet de l’immeuble.
Le myst'erieux personnage, au moment o`u il allait arriver dans les combles de l’h^otel des Monnaies, tout en restant accroupi dans le monte-charge, sortait un revolver de sa poche et l’armait.
— On ne sait jamais qui l’on peut trouver ! grommelait-il sourdement. Malheur `a quiconque voudrait m’emp^echer de passer !
L’homme, toutefois, ne trouvait aucun obstacle.
Le monte-charge, qu’il avait oblig'e `a monter jusqu’au sommet en actionnant la corde qui le commandait, venait de s’arr^eter `a l’entr'ee d’un grand grenier absolument vide.
L’homme sauta prestement hors de son ascenseur improvis'e, renvoya le monte-charge `a son point de d'epart, s’'elanca dans le grenier et, d`es lors, inspecta le local dans lequel il se trouvait.
C’'etait une grande salle vide qui ne pr'esentait rien de particulier, si ce n’'etait toutefois une petite porte encastr'ee dans la charpente du toit.
L’homme qui venait de s’introduire dans cette salle sortit de sa poche un trousseau de cl'es ; il en choisit une qui lui permit d’ouvrir la serrure de cette porte dissimul'ee sans la moindre difficult'e.
Assur'ement, ce n’'etait pas premi`ere fois qu’il passait par ce chemin !
La porte s’entreb^ailla ; elle donnait acc`es au sommet d’une sorte de petit escalier, excessivement 'etroit, et qui pivotait comme une vrille autour d’un m^at central.
L’homme alors referma la porte prudemment, puis se mit `a descendre cet escalier. Il descendit la valeur de deux cent seize marches.
Au fur et `a mesure qu’il s’enfoncait, l’obscurit'e se faisait de plus en plus 'epaisse. Lorsqu’il parvint au bas de l’escalier, il se heurta encore `a une porte qu’il ouvrait au moyen d’une des cl'es de son trousseau…
Le personnage, d`es lors, frissonnant machinalement, releva le col de son v^etement. La temp'erature, en effet, 'etait singuli`erement fra^iche.
L’homme pr^eta l’oreille ; il n’entendit aucun bruit, sauf celui du p^ene qui grinca dans la serrure, lorsqu’il referma la porte sur lui.
D`es lors, le myst'erieux individu, sortant de sa poche une petite lampe 'electrique, appuya sur le commutateur et la lampe s’illumina, 'eclairant autour d’elle la salle dans laquelle se trouvait l’'etrange visiteur.
C’'etait une cave immense et profonde.
De solides et robustes piliers de pierre en soutenaient les vo^utes arrondies comme la crypte de quelque 'eglise romane.
Le rayon lumineux de la lampe 'electrique se refl'etait toutefois sur d’'enormes blocs de mati`ere jaune et brillante, qui 'etaient amoncel'es dans cette cave. Lorsqu’on consid'erait ces blocs aux reflets 'eblouissants, on se rendait compt'e qu’il s’agissait l`a, non point de blocs compacts, mais d’innombrables pi`eces d’or dispos'ees en pile les unes au-dessus des autres et maintenues dans des sortes de cuves en verre !
Cette cave 'etait une des caves de la Monnaie, elle contenait une partie du tr'esor de l’atelier de fabrication.
Quant au personnage qui venait de s’introduire dans ce local aux collections extraordinaires et pr'ecieuses, c’'etait un ^etre dont la r'eputation 'etait mondiale, dont la cruaut'e n’avait d’'egale que celle des b^etes f'eroces, dont l’audace n’avait 'et'e approch'ee par personne.
Le personnage v^etu de noir, arm'e d’un revolver et porteur d’une lampe 'electrique, qui s’'etait adroitement introduit dans ce merveilleux sous-sol, n’'etait autre que Fant^omas !…