La livr?e du crime (Преступная ливрея)
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— C’est-y que j’ai l’air d’avoir froid aux yeux ? interrogea-t-elle, tu ne te rappelles donc pas qu’Ad`ele a travaill'e d'ej`a et qu’elle a toujours su se d'efiler. On a de la pratique, voyons Fant^omas.
— C’est vrai, fit Fant^omas, je sais que tu es une brave fille et qu’on peut compter sur toi. Eh bien, 'ecoute, changeons de plan. Puisque tu n’as pas peur, tu vas retourner l`a-bas, tu vas te montrer. Ne crains rien, tu poss`edes assez d’alibis pour que nul ne te soupconne. Seulement, il faut t’arranger pour ne pas rester longtemps dans la place. Ca sentirait mauvais `a la longue.
Ad`ele interrompit :
— C’est compris, Fant^omas, autrement dit, je vais m arranger pour qu’on me flanque `a la porte.
— Bien, dit Fant^omas.
— Mais que faudra-t-il faire ensuite ?
— Une belle fille comme toi n’est jamais en peine, et d’ailleurs, puisque tu fais les femmes de chambre, tu n’as qu’`a retourner `a ton bureau de placement. On te retrouveras du travail, tu as de si bons certificats.
— Et que tu sais si bien fabriquer, Fant^omas.
— On est s^ur de trouver des places de tout repos.
4 – LE RETOUR D’AD`ELE
Avec un
— Ah, par exemple, continuait le concierge, voil`a pr'ecis'ement Ad`ele, voil`a la bonne.
Juve n’'etait pas moins surpris que M. Casimir.
Depuis quelques minutes, le policier nourrissait une s'erie d’hypoth`eses relativement `a l’affaire dont il 'etudiait en ce moment les c^ot'es myst'erieux, et ces hypoth`eses trouvaient pr'ecis'ement leur point de d'epart dans la disparition simultan'ee de Rita d’Anr'emont et de la domestique qu’elle avait engag'ee. Or, cette domestique arrivait.
Juve, apr`es avoir contempl'e d’un rapide coup d’oeil la mise simple, mais coquette, de la jeune femme de chambre, qui s’'etait arr^et'ee en apercevant le concierge et Juve qui 'etait un inconnu pour elle, se pr'ecipita vers l’arrivante et l’interrogea :
— C’est vous Mlle Ad`ele ?
— Mais oui, monsieur.
— La femme de chambre de Mme d’Anr'emont.
— Oui, monsieur.
— D’o`u revenez-vous ?
— De faire mes courses.
En r'epondant, la jeune bonne jetait des regards 'etonn'es dans la direction de M. Casimir, qui, d’'enervement, de stup'efaction, demeurait muet, la bouche ouverte, les yeux blancs.
Juve ne tint aucun compte de l’attitude de la jeune femme de chambre qui se demandait 'evidemment `a qui elle avait affaire. Il continuait son interrogatoire, le pr'ecisait, esp'erant surprendre par la vivacit'e de ses questions la jeune bonne qui se trouvait devant lui.
— Vous revenez de faire vos courses ? Lesquelles ?
— Mais, celles que Madame m’avait donn'ees. J’ai 'et'e chez sa couturi`ere, puis chez la modiste, j’ai pass'e chez le fourreur.
— Bon, bon, et o`u est madame ?
— Madame ? mais je pense qu’elle est avec monsieur, ici.
Juve, pour le coup, tapa du pied. Est-ce que la jeune fille se moquait de lui ? Est-ce qu’elle ignorait ?
— Voyons, Mademoiselle, reprit Juve, entra^inant la petite bonne dans le salon et fermant la porte au nez de M. Casimir, s’appr^etant `a le suivre. Voyons Mademoiselle, savez-vous ce qui s’est pass'e ici ?
— Je n’y comprends rien du tout monsieur, on m’a dit que M. S'ebastien avait eu des ennuis. Rien de grave j’esp`ere ?
— Si, au contraire. Votre malheureux ma^itre, a recu le contenu d’un bol de vitriol `a la figure. Il est probable qu’on le sauvera, mais il est probable aussi que ce crime aura de terribles cons'equences pour lui. Mais il ne s’agit pas de cela, les soins `a donner `a M. S'ebastien ne nous regardent ni l’un ni l’autre et n’int'eressent que le m'edecin. Vous allez me dire exactement votre emploi du temps depuis hier soir huit heures ?
Juve tout en questionnant, ne perdait pas de vue le visage de son interlocutrice. Or, il crut la voir tressaillir.
— L’emploi de mon temps, monsieur, le voil`a : je n’ai rien fait que ce qui m’a 'et'e command'e. Hier soir, `a huit heures, je suis sortie pour quelques commissions et j’ai 'et'e causer dans la loge des concierges, puis, j’ai caus'e avec Mme Thorin la directrice du bureau de placement qui m’a envoy'ee ici, et enfin vers les dix heures, je suis rentr'ee, apr`es avoir mis `a la poste les lettres que M. S'ebastien et madame m’avaient donn'ees.
— O`u avez-vous couch'e, mademoiselle ?
— Mais ici, monsieur.
— Bon. `A quelle heure vous ^etes-vous lev'ee ?
— `A sept heures, sept heures moins le quart, ainsi que madame me l’avait recommand'e.
— Et vous n’avez rien vu de suspect ? rien entendu d’extraordinaire pendant la nuit ?
— Absolument rien.
— C’est tr`es bien, mademoiselle. Et qu’avez-vous fait une fois lev'ee ?
— Je me suis d'ep^ech'ee de m’habiller, puis je suis sortie sans faire de bruit, comme madame me l’avait recommand'e, pour me rendre, ainsi que je l’ai dit `a monsieur, chez la teinturi`ere, le couturier, la modiste, le fourreur…
— Pas si vite, pas si vite.
Il se leva, il alla dans un angle du salon, o`u, sur un petit meuble, se dressait un appareil t'el'ephonique :
— Le nom et l’adresse des fournisseurs ?
Juve y consacra pr`es de trois quarts d’heure. Avec une pr'ecision extr^eme, en effet, le policier v'erifia l’itin'eraire que la jeune bonne affirmait avait suivi. Il 'etait parfaitement exact. Dans les diff'erentes maisons o`u Ad`ele pr'etendait s’^etre pr'esent'ee, Juve obtint confirmation de son passage. La bonne avait dit la v'erit'e. Elle 'etait bien partie le matin de bonne heure faire des courses urgentes pour sa patronne, elle 'etait bien pass'ee, aux heures o`u elle le disait, chez les fournisseurs qu’elle indiquait, et le temps m^eme qu’elle avait mis `a effectuer ces diff'erentes courses 'etait normal, raisonnable. Elle n’avait pas pu faire autre chose.