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La mort de Juve (Смерть Жюва)
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— Je n’ai vu qu’une seule personne, dit-il, je l’ai vue au Caf'e blancde la place de Courcelles. C’est un petit vieux monsieur, pauvre mais propre, un certain Bertrand, ancien officier, para^it-il, il a l’air tr`es s'erieux et il m’a propos'e d’entrer chez nous, `a l’essai, pour une quinzaine.

— Eh bien, c’est parfait, cela.

— Il a l’air stupide, dit P'erouzin.

— Qu’est-ce que ca fait ?

L’ancien cocher pr'epara un v'eritable plan de combat :

— Vous avez son adresse `a ce Bertrand ?

— Oui, 9, rue Saint-Antoine.

— Eh bien, Nalorgne va lui 'ecrire de se trouver demain matin, `a sept heures, au Caf'e blanc, place de Courcelles. Vous irez tous les deux, Nalorgne et P'erouzin, vous d'ebattrez les conditions de ses honoraires. Il faut avoir l’air s'erieux. Puis vous lui donnerez la facture Norel et vous l’enverrez encaisser `a huit heures du matin, bien exactement, chez Herv'e Martel. Mon ex-patron a horreur de se lever de bonne heure. Il sera furieux qu’on vienne toucher si t^ot, il engueulera notre repr'esentant, mais il paiera. Ah, la bonne farce. Moiti'e moiti'e, cinq mille balles pour vous, cinq mille balles pour moi. Ca vaut la peine.

Nalorgne et P'erouzin 'etaient bien de cet avis, mais Nalorgne, cependant, 'elevait une timide objection :

— Venez avec nous, Prosper, vous verrez l’individu, vous verrez ce Bertrand, s’il vous pla^it.

Autant e^ut valu chanter. Prosper 'etait d'ej`a debout :

— Ta, ta, ta, faisait-il, vous parlez comme un gosse, non, je n’irai pas au Caf'e blanc, inutile. Il vaut beaucoup mieux que je m’en aille r^oder aux environs de chez Herv'e, si jamais il y avait un coup de Trafalgar. Je vous t'el'ephonerais `a votre caf'e, pour vous pr'evenir d’avoir `a revenir d’urgence au Contentieux. Car, bien entendu, vous ne donnez pas l’adresse du Contentieux `a ce Bertrand. Vous direz que vous ^etes tr`es press'es, qu’il vous rapporte les fonds au caf'e o`u vous allez, en l’attendant, pr'eparer tout une tourn'ee d’encaissement. Quand il reviendra avec les sous, vous trouverez bien moyen de l’occuper jusqu’au soir et nous verrons ensemble s’il convient alors de l’employer `a d’autres exp'editions.

— Vous avez raison, disait-il, vous parlez comme un sage.

— Parbleu, je parle d’or.

***

— Ainsi, monsieur Bertrand, c’est bien entendu. Si, pendant huit jours, vous nous donnez satisfaction, si vous ^etes ponctuel, r'egulier, si vous ne donnez lieu `a aucune plainte de la part de nos clients qui sont tous des gens respectables, de gros industriels, de riches financiers, nous vous engagerons chez nous aux appointements mensuels de 1.200 francs, qui seront, apr`es un an de loyaux services, 'elev'es `a 1.300 francs. Cela vous va-t-il ?

Dans le petit Caf'e blanc, qui fait le coin de la place de Courcelles, un petit caf'e modeste, tranquille, o`u les consommateurs ne sont jamais bien nombreux, Nalorgne et P'erouzin n'egociaient, avec M. Bertrand, l’arrangement prochain.

M. Bertrand apparaissait comme un petit vieillard, d’^age ind'efinissable, plus pr`es de la soixantaine, cependant, que de la cinquantaine. Il 'etait grand, mais courb'e, maigre, il avait une face osseuse, embroussaill'ee d’une barbe forte et longue, une moustache relev'ee `a la mousquetaire. Sa mise 'etait simple, correcte. Un paletot lustr'e par l’usage, mais scrupuleusement bross'e, un melon que les averses avaient un peu d'eform'e, des bottines de coupe assez fine, bien cir'ees, mais pr^etes `a craquer. C’'etait le type du vieux militaire, vivant chichement d’une parcimonieuse retraite et perp'etuellement en qu^ete d’une petite occupation, d’un modeste emploi permettant d’ajouter quelque aisance au strict n'ecessaire que l’'Etat fournit `a ses anciens serviteurs. M. Bertrand, `a toutes les paroles de Nalorgne, `a tous les gestes de P'erouzin, s’inclinait, saluait, souriait, ne sachant, 'evidemment, dans sa candeur na"ive, comment manifester son contentement et le vif d'esir qu’il avait d’arriver `a une entente d'efinitive avec ceux qu’il n’osait pas appeler encore ses patrons.

— Eh bien, monsieur Bertrand, puisque nous sommes d’accord, au travail. C’est un peu imprudent, ce que nous allons faire, mais vous nous inspirez confiance. Tenez, vous allez entrer imm'ediatement en fonctions. Voici une facture, une facture de la maison Norel, que nous sommes charg'es d’encaisser chez un monsieur. Il est en ce moment huit heures moins vingt, h^atez-vous de vous rendre `a cette adresse, car il faut toucher `a huit heures exactement. On devra vous remettre dix mille francs. Je n’ai pas besoin de vous recommander de faire attention pour qu’il n’y ait pas d’erreur. En mati`ere de finances, une erreur est toujours d'esagr'eable et je dois vous pr'evenir que mon associ'e et moi sommes intraitables `a ce sujet. Nous ne nous trompons pas dans nos comptes, nous ne voulons pas que l’on se trompe. Allons, d'ep^echez-vous, monsieur Bertrand, vous en avez pour une demi-heure, trois quarts d’heure au plus, vous nous retrouverez ici, car pendant que vous allez effectuer cet encaissement, nous verrons `a 'etablir la liste des courses urgentes que nous aurons `a vous donner pour tout `a l’heure.

M. Bertrand s’inclina, salua, resalua. P'erouzin le cong'edia d’un geste superbe :

— Au revoir, mon ami, `a tout `a l’heure.

M. Bertrand n’'etait pas sorti que les deux hommes d’affaires se communiquaient leurs impressions.

— J’ai peur, r'ep'etait P'erouzin, j’ai peur qu’il ne soit bien b^ete.

— C’est le type qu’il nous fallait, au contraire. Vous allez voir, mon cher P'erouzin, que dans une heure d’ici nous serons plus riches de dix mille francs, de cinq mille francs plut^ot, car il faudra laisser la moiti'e du gain `a Prosper. Ah, il nous co^ute cher, Prosper.

***

Une heure plus tard, M. Bertrand, ayant d^ument touch'e les dix mille francs d’Herv'e Martel,— car le courtier maritime, n’ayant aucune raison de se d'efier d’une facture aux apparences r'eguli`eres qui lui 'etait pr'esent'ee `a la date pr'evue, avait pay'e sans la moindre difficult'e,— regagnait le Caf'e blanc.

M. Bertrand, sans doute depuis le moment o`u il sentait dans sa poche la liasse des dix billets de mille francs, avait gagn'e beaucoup d’assurance, car c’'etait presque sans timidit'e qu’il entra dans la petite salle basse.

Or, l’encaisseur en entrant dans la salle, demeura fig'e de surprise.

La table o`u Nalorgne et P'erouzin l’avaient entretenu une heure plus t^ot, 'etait d'ebarrass'ee, vide. P'erouzin et Nalorgne n’'etaient point dans le caf'e.

— Ca par exemple murmura le digne M. Bertrand, `a voix haute et s’adressant `a la cantonade, ca, par exemple, c’est un peu fort.

Et il appelait le garcon :

— S’il vous pla^it, les deux messieurs qui 'etaient l`a tout `a l’heure, que sont-ils devenus ?

— Ils sont partis.

— Il y a longtemps ?

— Une demi-heure. Ils ont 'et'e au t'el'ephone et ils sont partis.

— Et ils n’ont laiss'e aucune commission pour moi ?

— Pour vous ? non, pourquoi ?

— Vous ^etes certain qu’ils n’ont pas pr'evenu `a la caisse ?

— Dites donc, mademoiselle la caissi`ere, les deux clients qui 'etaient l`a tout `a l’heure, sont partis sans rien dire, n’est-ce pas ?

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