Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
Шрифт:
— Peu importe ce que je sais, parle, je comprendrai.
— Eh bien, voil`a, continua B'eb'e, on a fait trois choses : primo et d’une, on a vol'e des bijoux. Bon c’est moi qui ai fait le coup. Deuxi`emement et de deux : on a refait deux cent cinquante mille francs, ca c’est l’ouvrage `a Ribonard et `a moi. Troisi`emement et de trois : on a zigouill'e un ponte, un nomm'e Chamb'erieux.
— Alors ?
— Alors, Fant^omas, qu’est-ce que tu veux ? Voil`a ce qui s’est pass'e : les bijoux faits, je les ai confi'es `a Ribonard qui les a cach'es dans un endroit que je ne sais pas. Bref, ce cochon-l`a, maintenant, il ne veut plus les rendre.
Ribonard protesta :
— Si, si, je veux bien rapporter les bijoux, mais je ne veux pas que B'eb'e les garde en entier. Faut partager. C’est-y pas la justice, Fant^omas ?
Fant^omas ordonna encore :
— Tais-toi, Ribonard. Et l’argent, o`u est-il. B'eb'e ?
— L’argent, je l’ai confi'e `a ma ma^itresse, une poule que tu connais pas, Fant^omas, une nomm'ee Rosa qu’est
B'eb'e ajouta :
— Ca l’argent, elle est en s^uret'e. Je suis tout pr^et `a la rapporter pour faire un partage satisfaisant. Mais je veux tout de m^eme pas que Ribonard garde les bijoux entiers.
Fant^omas haussa les 'epaules :
— C’est bien, en voil`a assez sur ce sujet.
L’extraordinaire bandit posa la main sur l’'epaule de Ribonard qui ne put s’emp^echer de p^alir.
— 'Ecoute, tu seras apr`es-demain, `a trois heures de l’apr`es-midi au pied de la cath'edrale du Mans, en bas de l’escalier, pr`es du bassin, je t’y rejoindrai. Nous irons ensemble chercher les bijoux et c’est moi qui ferai le partage. Ne t’avise pas de manquer `a mon rendez-vous, tu sais, n’est-ce pas, Ribonard, qu’on ne d'esob'eit pas impun'ement `a Fant^omas ?
— Je sais.
— Bien. Alors va-t’en et `a apr`es-demain.
Fant^omas se tourna vers B'eb'e, il ajouta :
— Toi, reste. J’ai `a te parler.
En v'erit'e, Fant^omas 'etait bien le Ma^itre, le chef respect'e de tous ceux qui font du vol et du crime leur profession habituelle.
***
Deux heures plus tard, en pleins champs, loin de la ville du Mans, Fant^omas s’entretenait encore avec B'eb'e.
Le bandit venait de se faire raconter en d'etail comment B'eb'e avait r'eussi les deux premiers vols de Saint-Calais, tent'es, affirmait l’apache parisien, pour se procurer l’argent n'ecessaire `a l’'evasion de Fant^omas.
— C’est tr`es bien, tu n’as pas mal agi, approuva l’Insaisissable. Il va de soi que j’obtiendrai de Ribonard qu’il rende les bijoux. Je te ferai savoir d’ici quelques jours o`u, toi-m^eme, tu devras venir me consigner l’argent vol'e au marquis et que Rosa d'etient actuellement. Nous verrons `a partager le tout. Bon passons maintenant `a un autre ordre d’id'ees. Pourquoi, B'eb'e, as-tu tu'e Chamb'erieux ?
— Pourquoi j’ai tu'e Chamb'erieux ? D’abord Fant^omas, comment sais-tu que c’est moi qui ai fait le coup ?
— C’'etait bien malin `a deviner. L’assassin 'etait certainement, n’est-il pas vrai, parmi les voyageurs d’une automobile qui a pass'e la nuit du crime sur la route de Bess'e `a Saint-Calais, donc…
— Pourquoi dis-tu que l’assassin 'etait certainement parmi ces voyageurs ? interrogeait-il. Nous n’avons pas laiss'e de traces ?
— Imb'ecile, vous avez perdu une chambre `a air.
— C’est vrai.
— Naturellement. Je ne parle pas au hasard. Eh bien, sur cette chambre `a air, B'eb'e, j’ai relev'e la trace d’un poignard, dont la lame a 'et'e retrouv'ee, cass'ee `a demi, dans le corps m^eme de Chamb'erieux…
Et Fant^omas poursuivit ironique :
— Comme il 'etait difficile, n’est-ce pas, de deviner que les assassins venus en automobile avaient eu l’occasion de manipuler cette chambre `a air, de la glisser sous un coussin, de l’appuyer, par exemple, contre le poignard, dissimul'e au m^eme endroit. Il 'etait bien difficile, apr`es, sachant que l’assassin 'etait venu en automobile, de retrouver au Mans le garage o`u cette automobile avait 'et'e lou'ee et, ayant trouv'e tout cela, de songer `a visiter la toiture du garage o`u B'eb'e et Ribonard se cachaient, justement dans l’intention de revenir fouiller l’automobile et d’y reprendre le poignard 'egar'e ?
— Fant^omas, tu instruis les affaires, tu conduis les enqu^etes comme un vrai juge d’instruction.
Mais B'eb'e ne vit pas le sourire du Ma^itre de l’'Epouvante.
Fant^omas, d’ailleurs, feignit de ne pas entendre le compliment.
— Tout cela ne me dit pas pourquoi tu as tu'e Chamb'erieux. Allons, parle.
B'eb'e confessa.
— Dame, patron, j’ai zigouill'e le pante parce que ce n’'etait pas de la poudre d’imb'ecile. Figurez-vous que j’ai appris qu’il chauffait ma ma^itresse, Rosa, une gosse, vous savez, patron, ca n’a pas d’exp'erience. Bref, voil`a-t-y pas que ma m^ome lui avait 'ecrit. Le Chamb'erieux avait des lettres de Rosa. Si je l’ai tu'e, c’est tout bonnement pour les lui reprendre.
— Et tu les as reprises ?
— Non, j’ai pas eu le temps. Au moment o`u je fouillais le bonhomme pour lui chauffer les papiers compromettants, il y a des types qu’ont rappliqu'e dans la for^et, et j’ai tout juste pu cavaler sans ennuis.
— Alors ? ces lettres doivent ^etre au greffe du tribunal maintenant, entre les mains du juge d’instruction ?
— Oui, c’est le
— Je te d'efends de toucher `a un seul des cheveux de M. Pradier. Il faut que ce juge d’instruction vive, B'eb'e.
B'eb'e, surpris, allait demander pourquoi. Il n’en eut pas le temps.
Alors que B'eb'e levait les yeux, en effet, il poussa une exclamation d’'etonnement, de stup'efaction, d’angoisse.
Une seconde avant, il 'etait `a c^ot'e de Fant^omas, et maintenant il 'etait tout seul.
Fant^omas avait disparu. Fant^omas s’'etait 'evanoui. S’enfuyant dans la nuit. Fant^omas n’'etait plus l`a.