Le magistrat cambrioleur (Служащий-грабитель)
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Or, tout le temps que les invit'es causaient et discutaient d’aventures de chasse, un gros petit homme `a figure terrible qui r'epondait au nom de Livet s’agitait d'esesp'er'ement, repris par des ardeurs belliqueuses.-
— Et alors, disait-il, m^achonnant d’un air furibond un 'enorme cigare dont il n’avait m^eme point pens'e `a enlever la bague, et alors, est-ce qu’on s’'eternise ici ?
Le sous-pr'efet souligna la remarque faite par ce gros petit homme.
— C’est vrai, dit-il, nous nous engourdissons dans les d'elices de Capoue. Morbleu, voici trois heures que nous d'ejeunons. Il serait peut-^etre temps de retourner aupr`es de messieurs les li`evres, perdreaux, faisans, et autres ?
La proposition 'enonc'ee d’abord `a mi-voix, rallia des suffrages enthousiastes.
Tous ces hommes chauss'es d’'enormes brodequins, en culotte cycliste et coiff'es de feutres `a plumes, s’'etaient rassembl'es par simple d'esir de tuer d’innocents lapins. Ils estimaient qu’ils avaient
Dans la cour du ch^ateau, on entendait les valets calmer les chiens, une meute h'et'eroclite o`u les bassets voisinaient avec les 'epagneuls, o`u les chiens `a longue queue d'edaignaient les humbles chiens d’arr^et. Et tout ce vacarme d’aboiements, de coups de fouet, de commandements, montait au cerveau des chasseurs, les grisait d’un d'esir d’air pur et vif.
— Tergall, eh Tergall, songez-vous qu’il va bient^ot ^etre deux heures et demie ? Mon cher, si nous voulons aller jusqu’`a la lisi`ere de votre bois…
Maxime de Tergall, lui, ne semblait nullement press'e.
Par une savante manoeuvre, il avait bloqu'e le cur'e et le juge d’instruction dans une embrasure de fen^etre. Les deux hommes, alternativement, devaient r'epondre aux questions du ch^atelain. Or, Maxime de Tergall avait de graves pr'eoccupations.
Il voulait tenir du cur'e l’indication exacte de la somme qu’il convenait d’offrir pour payer le pain b'enit, renseignement que le pr^etre s’efforcait d’'eluder, esp'erant obtenir davantage de l’ignorance du ch^atelain que de sa g'en'erosit'e avertie. Il voulait savoir du juge d’instruction comment il convenait de faire proc'eder au bornage de son bois, et s’il pouvait en racheter certaines servitudes, choses que Fant^omas 'etait bien incapable de lui apprendre dans son ignorance g'en'erale des questions de droit non p'enal.
— Tergall, mon bon Tergall, recommencait le sous-pr'efet, les lapins vous r'eclament. Madame la marquise ne nous en voudra certainement pas.
— Madame de Tergall, reprit le sous-pr'efet adressant son plus gracieux sourire `a la ch^atelaine, doit trouver que nous l’empestons avec nos cigares. Venez-vous, cher Maxime ?
Cette fois, il fallut bien r'epondre.
Pradier d’ailleurs, trop heureux de saisir un pr'etexte pour se tirer de l’embarras o`u le mettaient les questions du propri'etaire, frappa sur l’'epaule du marquis :
— On vous r'eclame, dit-il.
Maxime de Tergall s’avanca :
— Eh bien, en chasse, messieurs, en chasse. Vous avez parfaitement raison. Il est plus que temps de remettre la bretelle `a l’'epaule.
Un grand brouhaha 'eclata dans le salon.
Avides d’'emotion, les chasseurs se pr'ecipitaient vers le vestibule, commencaient `a s’harnacher, mais comme il sortait le dernier, suivant le juge d’instruction Pradier, qui, famili`erement, avait pris le cur'e par le bras et, ne chassant pas, s’appr^etait `a aller faire avec lui le tour des serres o`u Antoinette de Tergall cultivait de merveilleuses vari'et'es de roses, Maxime de Tergall souffla `a sa femme :
— Ma ch`ere, ne vous inqui'etez pas si dans dix minutes vous me voyez revenir. Je vais conduire nos invit'es jusque dans le bois, puis quand ils ne pourront s’en apercevoir, je reviendrai m’'etendre une heure ou deux sur mon lit. J’ai une migraine de tous les diables.
— Le froid vous a saisi, probablement ?
— Sans doute, r'epondit Maxime, qui d'ej`a d'ecrochait son fusil, en criant d’une voix joyeuse :
`A quatre heures de l’apr`es-midi, pr`es de deux heures apr`es le d'epart de ses invit'es, Antoinette de Tergall s’occupait `a faire dresser par ses domestiques, dans le salon du rez-de-chauss'ee, les petites tables sur lesquelles elle comptait offrir le th'e au retour des Nemrod au carnier plein.
Antoinette de Tergall 'etait si absorb'ee qu’elle sursauta en entendant la porte de la pi`ece o`u elle se trouvait, s’ouvrir lentement.
C’'etait le cur'e et Pradier qui, la visite des serres termin'ee, revenaient s’installer au ch^ateau pour y attendre le retour des disciples de saint Hubert.
— Vous voici d'ej`a ? questionnait Antoinette de Tergall. C’est gentil `a vous de ne pas me laisser plus longtemps seule.
— Mais nous ne vous croyions pas seule, marquise, nous vous supposions en compagnie de M. de Tergall. Des serres, nous l’avons vu qui revenait vers le ch^ateau. Il n’'etait pas souffrant ? `A d'ejeuner, j’ai remarqu'e qu’il avait mauvaise mine ?
Antoinette de Tergall, continuant `a disposer, apr`es s’en ^etre excus'ee d’un geste, des assiettes de petits fours, r'epondit en souriant :
— Maxime a un peu la migraine, en effet. Il est mont'e s’'etendre quelques minutes dans sa chambre. Mais vous le verrez descendre `a l’heure du th'e.
— La faim chasse le loup du bois.
— J’imagine, dit de son c^ot'e le juge d’instruction, que M. de Tergall aura pris froid ce matin. Il sifflait une bise qui ne rappelait en rien les ti'edeurs de l’'et'e.
— En effet, r'epondait la marquise, je crois qu’il a pris froid. Mais ce ne sera certainement rien. Tout `a l’heure, quand il est mont'e, j’ai 'et'e allumer un petit po^ele `a gaz qui chauffe sa chambre en une minute. C’est bien commode. En tout cas, je pense qu’ayant chaud maintenant, il va rapidement faire la r'eaction. Maxime sera bien portant demain.