Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
Шрифт:
— Les femmes, cria alors OEil-de-Boeuf, fichez-vous toutes au fond de la boutique. Coup-de-B^aton, va monter la garde devant la lourde. Si d’aventure on frappait, tu n’ouvrirais pas tout de suite, hein ?
Comme on s’empressait d’ex'ecuter ces ordres, `a l’improviste, OEil-de-Boeuf sauta sur Fandor, lui fit un croc-en-jambe qui l’'etala brusquement sur le sol.
— `A l’aide, les aminches, on va lui choper ses frusques, au roussin. Beaum^ome va les prendre et nous, nous le cr`everons.
Fandor n’eut pas m^eme le temps de r'esister. L’attaque avait 'et'e men'ee si rapidement qu’il 'etait d'epouill'e de son pantalon et de sa veste avant d’avoir pu se reconna^itre.
— Allez, cavale, Beaum^ome.
Beaum^ome, de son c^ot'e, n’avait pas perdu son temps.
Au fur et `a mesure qu’on les lui passait, il avait rev^etu les v^etements du malheureux J'er^ome Fandor.
— Cavale, recommandait B'eb'e, en te voyant sous d’autres frusques, les roussins ne te reconna^itront pas. Vas-y, d'ebine !
Coup-de-B^aton entreb^aillant la porte, la referma derri`ere Beaum^ome.
— Et maintenant, reprit B'eb'e, faisant signe pour qu’on l^ache Fandor, on va zigouiller monsieur, histoire de lui apprendre que s’il est connu sur le boulevard de la Villette, il ferait bien de pas venir tra^iner `a Grenelle.
`A ce moment, Fandor pensa soudain qu’il 'etait peut-^etre n'ecessaire de faire son acte de contrition.
— Fichu, se dit-il `a lui-m^eme, en voyant les couteaux briller au-dessus de sa t^ete. Je ne peux m^eme pas me d'efendre.
En calecon et en chemise, Fandor 'etait, en effet, incapable d’opposer la moindre r'esistance `a ses agresseurs. Il se croisa les bras et attendit.
— Venez donc, l^aches, murmura-t-il en crachant `a ses pieds. Pour traiter les autres de bourriques, faut-il que vous soyez vaches, tout de m^eme. Et encore vous vous mettez `a dix contre un.
Mais ces paroles se perdirent dans le tumulte. On ne l’'ecoutait pas. On allait le tuer pour en finir, lorsqu’un individu, qui jusqu’alors avait dormi sur le haut d’une futaille sauta au-devant des agresseurs de Fandor.
— Messieurs, d'eclarait-il tr`es poliment, vous allez faire une sottise si vous tuez ce bonhomme. Il n’y a aucun doute que les agents, tout `a l’heure, si d’aventure ils visitent le caveau, ne s’en apercoivent, et dans ce cas…
L’homme qui avait parl'e et que l’on 'ecoutait, J'er^ome Fandor le reconnut avec surprise.
— Mais c’est Backefelder, murmurait le journaliste, c’est le richissime milliardaire que Juve a sauv'e des apaches, jadis. Ah c`a, qu’est-ce qu’il fiche ici ?
Backefelder, cependant, continuait `a plaider la cause de Fandor :
— Ya bien mieux `a faire qu’`a le tuer, il faut le fiche dehors.
`A ce moment, la porte s’ouvrit grande. Les apaches avaient 'et'e si pr'eoccup'es par l’attentat m'edit'e contre Fandor, qu’ils avaient n'eglig'e de surveiller Coup-de-B^aton. Or, Coup-de-B^aton, `a la r'eflexion, s’'etait dit qu’il avait peut-^etre eu tort de signaler `a ses redoutables clients celui qu’il prenait, comme tout le monde, pour un agent de la S^uret'e. Que, par aventure, il f^ut tu'e, et certainement, lui, Coup-de-B^aton, aurait des ennuis. Sans bruit, le tenancier avait alors ouvert la porte, rejoint dans la rue les agents, qui guettaient la sortie de Beaum^ome, les avait appel'es.
C’'etaient eux, maintenant, qui p'en'etraient dans le bouge. Naturellement, `a leur apparition ce fut la bousculade. Tandis que les gardiens de la paix, accompagn'es de nombreux agents en bourgeois, envahissaient le caveau, les apaches entra^inant Fandor, se ruaient dans l’escalier, renversaient au passage les policiers, s’'echappaient dans la rue.
Et Fandor, entra^in'e par eux, courant au milieu d’eux, ne se souciant nullement d’^etre arr^et'e, lui aussi, comprenait que ce qu’il avait de mieux `a faire 'etait encore de les guider.
— Par ici, hurla-t-il, par l`a, deux `a droite, deux `a gauche.
Dans le danger et tandis que tous galopaient, poursuivis par les agents, Fandor, avec une belle tranquillit'e, s’improvisait le chef de ceux qui avaient failli le tuer.
Il diss'eminait son monde, on lui ob'eissait, instinctivement, parce qu’on sentait qu’il 'etait parfaitement calme et n’avait pas peur.
***
Dix minutes plus tard, dans Grenelle, le calme r'egnait.
Fandor s’'etait jet'e, au dernier moment, dans une encoignure sombre au fond d’un terrain vague. Les agents 'etaient pass'es, puis 'etaient revenus sur leurs pas. Y avait-il des apaches de pris ? c’'etait possible, mais `a coup s^ur, beaucoup avaient d^u s’'echapper.
— Tr`es bien, murmura Fandor, sortant avec prudence de sa cachette. J’ai encore une fois tir'e mon 'epingle du jeu. Seulement, je me demande comment je vais m’en sortir d'efinitivement. Le r'esultat de ma soir'ee, c’est que me voil`a `a moiti'e nu en plein Paris. Bougre de nom de nom, pourvu que je trouve un fiacre !
6 – LE CERCUEIL N° 7
— Quoi c’est-y qu’il y a d’'ecrit sur le papier ? bon sang de bon Dieu, ca ne devrait pas ^etre permis de faire des barbouillages aussi fins, pas moyen de s’y reconna^itre.
Le personnage qui ronchonnait ainsi tournait et retournait dans ses mains h'esitantes un papier tout crasseux, us'e aux angles et qui semblait avoir fait dans les poches de son d'etenteur, un interminable s'ejour.
Ce n’'etait pas le cas, pourtant ; l’homme avait recu ce papier, une lettre administrative, `a en-t^ete imprim'e la veille au soir simplement, mais il faut croire que le document avait, depuis quelques heures, pass'e par des 'etapes et des itin'eraires qui ne brillaient pas pr'ecis'ement par le soin et la propret'e.