Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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— `A moins, observa Barnab'e que ce soit Fumier. Il en est bien capable.
— Tout de m^eme, reprit le p`ere Teulard, c’est pas une position pour un mort que de le coller debout.
— Ca tient moins de place.
Puis, machinalement, les deux hommes se rapproch`erent de la bi`ere n° 7 et la firent basculer `a nouveau sur ses tr'eteaux, s’'evertuant `a lui faire reprendre sa position normale.
Mais `a peine avaient-ils termin'e, `a peine s’'eloignaient-ils pour aller chercher le brancard sur lequel ils allaient transporter, dans quelques instants, ce cercueil, qu’un bruit sourd leur fit tourner la t^ete.
— Ah, bon Dieu, s’'ecri`erent-ils ensemble, c’est plus fort que de jouer au bouchon.
Les deux fossoyeurs, en effet, pouvaient ^etre surpris. La bi`ere, perdant l’'equilibre, avait encore une fois bascul'e, elle se dressait encore debout, mais sens dessus dessous, cette fois.
— Nom de Dieu, jura Barnab'e, voil`a le mort qui se met la t^ete en bas maintenant.
— Ce qu’il est r'ecalcitrant grogna le p`ere Teulard, c’est rien de le dire.
Non sans une certaine inqui'etude, les deux camarades se rapproch`erent, surveill`erent la bi`ere. Ils constat`erent que dans sa chute, celle-ci s’'etait l'eg`erement ab^im'ee, le couvercle s’'ecartait de la bo^ite et il sembla `a Barnab'e, qui s’'etait pench'e par terre, que quelque chose filtrait par l’interstice.
— P`ere Teulard, cria-t-il, viens donc voir…
— Qu’est-ce que c’est ? fit le fossoyeur en chef. Barnab'e avait ramass'e quelque chose !
— Du sable, prof'era-t-il, il sort du sable de la bo^ite `a dominos.
— Faut pourtant savoir, sugg'era Barnab'e.
— Oui, fit le p`ere Teulard, car sans doute il se passe quelque chose d’extraordinaire : qu’est-ce que va dire le commissaire des morts lorsqu’il va s’amener ? Probable qu’on va nous mettre encore cette histoire-l`a sur le dos ; faut pas qu’il s’en apercoive.
Le p`ere Teulard proposa :
— On va resserrer le couvercle qui s’est un peu d'efait, probable que c’est l’humidit'e qui l’a fait un peu gondoler.
Barnab'e, se dandinant toujours, se releva, chercha autour de lui, des yeux, un instrument pour faire le travail conseill'e par le chef. Il ne trouva rien, mais, en fouillant ses poches, Barnab'e finit par y d'ecouvrir un solide tournevis.
— Voil`a l’affaire, d'eclara-t-il.
Puis, sans s’occuper du p`ere Teulard, il s’agenouilla aupr`es de la bi`ere.
— Qu’est-ce que tu fais ? interrogea au bout d’un moment le vieil ivrogne qui peu `a peu reprenait son 'etat normal et se d'econgestionnait.
Barnab'e se livrait `a une besogne inattendue. Au lieu de resserrer les vis qui fermaient le cercueil, ils les d'efaisait :
— J’ouvre la bo^ite, d'eclara-t-il, faut tout de m^eme voir ce qui s’est pass'e l`a-dedans.
— Mais, remarqua le p`ere Teulard, timidement, tu sais bien que c’est d'efendu.
Barnab'e, haussant les 'epaules, continuait ; il eut soudain un cri de surprise et se redressa brusquement, cependant qu’il rejetait de c^ot'e le couvercle, d'esormais enti`erement d'etach'e du cercueil.
— La bo^ite est vide, s’'ecria-t-il, on a mis du sable `a la place du macchab'ee.
Et c’'etait exact. Les deux hommes consid'eraient stup'efi'es le spectacle qui s’offrait `a leurs yeux. Es n’y comprenaient rien. `A l’int'erieur de la bi`ere, toute capitonn'ee de satin blanc, se trouvait, en effet, du sable fin qui s’'etait 'echapp'e de deux sacs de toile. L’un d’eux s’'etait crev'e et c’'etait pour cela que le sable avait filtr'e par les interstices du couvercle mal assujetti. Quelqu’un avait subtilis'e un cadavre et, pour donner le change aux fossoyeurs, on avait remplac'e le corps par une charge de sable.
Machinalement, les deux hommes plong`erent leurs mains h'esitantes dans ce sable. Soudain les doigts de Barnab'e rencontr`erent quelque chose qu’il attira et mit sous les yeux du p`ere Teulard. C’'etait un petit collier de pierreries multicolores.
— Des bijoux, s’'ecria-t-il ; par exemple, c’est encore plus 'epatant.
— Mets ca de c^ot'e, d'eclara Barnab'e, passant le collier `a Teulard.
Mais le fossoyeur en chef n’en voulait pas et comme s’il avait craint de toucher cet objet pr'ecieux, il le d'eposa non loin de lui, sur une autre bi`ere.
Puis les deux hommes se rapproch`erent l’un de l’autre, se regard`erent dans les yeux.
— Qu’est-ce qu’on va faire ? demanda Barnab'e `a Teulard.
Le p`ere Teulard, ayant r'efl'echi, d'eclara sentencieusement :
— Faudra pr'evenir le commissaire des morts, s^ur qu’il s’est pass'e l`a quelque chose.
Mais il poussa un nouveau juron ; machinalement, le p`ere Teulard venait de regarder dans la direction de l’endroit o`u il avait d'epos'e le collier. Or, celui-ci avait disparu.
— Barnab'e, s’'ecria-t-il, qu’as-tu fait des bijoux ?
— J’les ai pas, r'epliqua l’homme, c’est toi qui les avais il n’y a pas deux minutes.
— Sans doute, r'epliqua le p`ere Teulard, mais ils se sont d'ebin'es.
— Pas possible ? fit Barnab'e qui regardait le sol, convaincu que le collier 'etait tomb'e.
Rien sur la terre battue.
D’un air atterr'e, Barnab'e, toutefois, d'esigna du doigt la bouche d’'egout qui se trouvait `a proximit'e et que recouvrait une grille `a travers les barreaux de laquelle le collier avait peut-^etre pu glisser.
— Pourvu, s’'ecria-t-il, que le truc ne se soit pas d'ebin'e l`a-dedans.
Les deux hommes s’agenouill`erent, enlev`erent le grillage, plong`erent les mains dans le trou aussi profond'ement qu’ils pouvaient le faire, mais en vain, ils ne retrouv`erent pas le collier.
Tandis que Barnab'e cherchait, le p`ere Teulard, soudain, lui prit le bras. Et en m^eme temps, les deux hommes se retournaient :
— Qu’est-ce qu’il y a ? fit Barnab'e.
— Tu as entendu aussi ? interrogea le p`ere Teulard devenu tout p^ale.