Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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C’'etaient l`a des propos qui achev`erent de d'esesp'erer Juve. Le c'el`ebre policier se leva brusquement, renversant dans son imp'etuosit'e son fauteuil, et se promena de long en large.
Backefelder disait la v'erit'e. Jamais, il le savait, l’Am'ericain ne consentirait `a lui d'evoiler quelle 'etait la retraite de Fant^omas. Il 'etait trop honn^ete, l’extraordinaire Yankee, pour trahir qui que ce f^ut. Il ne renseignerait pas plus Fant^omas sur Juve qu’il ne renseignerait Juve sur Fant^omas.
— Achevez, finit par d'eclarer Juve d’une voix sifflante, dites-moi tout ce que vous avez `a me dire, Backefelder, et bon Dieu d'ep^echez-vous de sortir ensuite, car la pens'ee que vous venez de la part de Fant^omas me bouleverse au point que je ne sais pas si je pourrais ^etre longtemps ma^itre de moi et ne pas…
— J’ach`eve, coupa tranquillement Backefelder.
Et le bizarre amateur poursuivait en effet, d’un ton assur'e, comme s’il n’e^ut point tenu les plus effroyables propos :
— Juve, affirma-t-il, je viens de la part de Fant^omas, vous demander l’adresse de sa fille. Fant^omas a 'echapp'e `a la mort lors du naufrage, comme vous devez bien vous en douter. Fant^omas ne sait pas o`u est sa fille et comme vous le savez, vous, il m’a charg'e de venir vous demander ce renseignement et j’ajoute…
— Mais bon Dieu, je ne le sais pas, moi o`u est sa fille, depuis je ne sais combien de temps je la cherche.
Or, au moment o`u Juve d'eclarait – ce qui 'etait la v'erit'e – qu’il ignorait o`u 'etait H'el`ene, Backefelder s’'etait lev'e et un peu de son calme semblait l’avoir abandonn'e subitement :
— Vous ignorez, demandait-il d’une voix tremblante o`u se trouve H'el`ene ?
— Mais oui.
— Alors, c’est horrible.
— C’est horrible ? r'ep'eta Juve. Pourquoi ? ah c`a, avez-vous tellement piti'e des sentiments paternels de Fant^omas ? Croyez-vous, que m^eme si je savais o`u est H'el`ene, j’aurais l’amabilit'e de le lui dire ?
Mais Backefelder 'etait devenu nerveux :
— Taisez-vous Juve, faisait-il `a son tour, je ne vous ai point encore tout dit.
Et, parlant lentement, d’une voix sourde, baissant les yeux, Backefelder continuait :
— Juve, Fant^omas m’a tenu ce matin ce langage : Va trouver Juve, dis-lui qu’il te donne aujourd’hui m^eme l’adresse de ma fille, dis-lui qu’il te donne les moyens de la retrouver ou que sans cela, avant la fin de cette semaine il recevra, lui, Juve, l’oreille droite de Fandor, que je couperai d’un coup de rasoir. Dis-lui qu’`a chaque jour de retard, je mutilerai Fandor. Je lui arracherai l’oreille gauche apr`es l’oreille droite, je lui trancherai les doigts, je le torturerai sans piti'e et sans merci pour lui faire payer la torture que j’'eprouve `a ne pas savoir ce qu’est devenue mon enfant. Juve, si vous savez o`u est H'el`ene, dites-le-moi. Parlez. Fant^omas n’h'esitera pas. C’est la vie de Fandor qu’il faut lui racheter.
Mais Juve ayant entendu l’horrible menace que Backefelder, ambassadeur de l’'epouvantable Fant^omas, venait lui transmettre, en apprenant le danger que courait Fandor, ne r'epondit pas. Fandor qu’il n’avait point trouv'e chez lui, Fandor qui n’avait pas r'epondu `a ses coups de t'el'ephone devait se trouver aux mains de Fant^omas. Juve, atteint en plein coeur, pour une fois, vaincu par le destin, s’'etait 'ecroul'e sur un canap'e et la t^ete dans ses mains, avec des yeux hagards, des yeux o`u s’amassaient des larmes lourdes et br^ulantes, il consid'era Backefelder avec un stupide affolement :
— Parlez, r'ep'eta l’Am'ericain, o`u est H'el`ene ?
— Je ne sais pas, disait Juve, je ne sais pas. O`u est Fandor ? Je ne sais pas. Je ne sais pas o`u est H'el`ene, je ne peux pas racheter Fandor. Je ne sais pas o`u est H'el`ene, r'ep'eta Juve, sur mon ^ame, je ne le sais pas !
Mais il devinait bien que Fant^omas ne croirait pas `a son ignorance et qu’il n’avait pas le droit, aux yeux du bandit, d’ignorer la retraite d’H'el`ene.
Juve, de longues minutes, r'efl'echit. Soudain il redressa la t^ete, se retourna brusquement pour faire face `a Backefelder qui venait de passer derri`ere lui :
Et Juve alors d’un mouvement rapide, sauta `a l’autre bout de son cabinet : il venait de voir que Backefelder enroulait tranquillement une corde.
— Que faites-vous ? demanda-t-il.
Backefelder haussa les 'epaules.
— Rien, dit l’Am'ericain, je plie cela.
Et comme Juve le regardait toujours, Backefelder expliqua :
— J’'etais charg'e par Fant^omas, mon cher Juve, de vous ligoter au moment o`u vous n’y penseriez point, ceci afin d’'eviter que vous ne preniez ma piste lorsque je vous laisserai. D’ailleurs, je ne sais pas o`u retrouver Fant^omas, j’ai 'et'e charg'e de vous faire la commission que je viens de vous faire, et voil`a tout. Je n’ai pas rendez-vous avec Fant^omas, c’est lui qui doit m’aborder o`u et quand bon lui semblera. Le mieux est donc que vous ne me suiviez pas, il vous apercevrait, sa col`ere ne pourrait que nuire `a votre malheureux Fandor.
Juve savait bien que Backefelder avait raison. R'eellement, `a cette minute, il se sentait vaincu par Fant^omas. Il ne fallait pas risquer d’exciter encore le ressentiment du bandit quand il apprendrait que Juve n’avait point donn'e l’adresse d’H'el`ene.
— Partez Backefelder, r'epondit Juve, d’une voix bris'ee, allez dire `a Fant^omas que je ne sais point o`u est H'el`ene, allez lui dire que je n’ai jamais voulu de mal `a sa fille et qu’il faut qu’il 'epargne Fandor.
Mais Backefelder, debout sur le seuil du cabinet de travail, r'ep'eta, de sa voix sourde et ferme :
— H'elas, Juve, les paroles de Fant^omas sont, je le crains, d'efinitives. Ses arr^ets, vous le savez, sont sans appel.
Et Juve, frissonnant, lui aussi, dit comme Backefelder :
— J’ai peur, j’ai peur pour Fandor.
5 – UN MAUVAIS QUART D’HEURE
D'elivr'e enfin du cheval laiss'e `a la fourri`ere, Fandor, harass'e, s’'etait jet'e sur son lit, apr`es avoir, par acquit de conscience, d'ecroch'e le t'el'ephone.