Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
Шрифт:
— C’est exact.
— Alors, continuait Fant^omas, voici ce que j’ai `a vous proposer, Juve : vous ^etes mon prisonnier, il vous est mat'eriellement impossible de vous 'echapper de ce pi`ege o`u vous avez eu la maladresse de tomber. D’autre part, je suis bien r'esolu `a ne vous rendre la libert'e que le jour o`u vous m’aurez dit o`u se trouve H'el`ene. Donnant, donnant. Jadis, en Angleterre, nous avons d'ej`a fait un pacte et nous l’avons respect'e. Faisons-en un nouveau. Dites-moi o`u est ma fille et vous ^etes libre.
Fant^omas faisait une pause. Juve, avec le flegme qu’il e^ut mis `a discuter de questions totalement indiff'erentes, en profita pour remarquer :
— Mais tout cela n’a rien `a faire avec mes menottes. D’ailleurs, Fant^omas, je vous ai dit `a maintes reprises d'ej`a, je vous l’ai fait dire par Backefelder au moins, et Fandor vous l’a r'ep'et'e, que j’ignorais o`u 'etait H'el`ene.
— Sans doute, mais je ne l’ai pas cru.
La discussion se poursuivait, surprenante, tragique et cependant fort calme. Juve jouait sa vie en r'epondant `a Fant^omas qu’il ne savait point o`u 'etait H'el`ene. Fant^omas, `a coup s^ur, qui recherchait sa fille avec tant d’ardeur, souffrait terriblement en entendant cette affirmation, et pourtant, ni lui ni le policier ne haussaient le ton, on e^ut cru qu’ils se trouvaient dans un salon, et qu’ils causaient de choses sans importance :
— Juve, je ne vous crois pas. Je sais que vous pr'etendez ignorer o`u est H'el`ene, mais peu m’importe. Je suis persuad'e que vous pouvez retrouver ma fille ou m’aider `a la retrouver. Voulez-vous vous allier pour cela avec moi ?
— Non.
— Vous pr'ef'erez demeurer mon prisonnier ?
— Oui.
Et Juve 'etait sinc`ere, car, sachant l’amour que Fandor 'eprouvait pour H'el`ene, il ne pouvait admettre que la fille de Fant^omas retomb^at jamais aux mains de son p`ere, ce qui e^ut 'et'e 'evidemment le pire des malheurs pour la malheureuse jeune fille.
Or, `a la r'eponse cat'egorique du policier, Fant^omas avait paru pris d’une rage subite :
— Alors, hurlait-il, appr^etez-vous, Juve, `a pourrir dans la prison que je vous choisirai. Au surplus, je suis persuad'e que six mois, un an de captivit'e, vous feront changer d’avis. Et puis, il ne s’agit pas de cela, Juve. Pourquoi avez-vous voulu venir au secours de Backefelder ?
— Est-il donc votre prisonnier ? interrogea Juve.
— Sans doute, et ce sont bien ses deux oreilles que je vous ai envoy'ees `a vous et `a Fandor.
— Pourtant, la lettre 'etait fausse, j’imagine ?
— Elle 'etait 'ecrite par moi, riposta Fant^omas.
Mais le bandit s’interrompit :
— Ah ca, faisait-il, Juve, je vous trouve extraordinaire, ma parole. Vous m’interrogez, je n’ai plus `a vous r'epondre. Taisez-vous. Mort de Dieu ! c’est moi qui commande. Vous devriez vous souvenir Juve, que les ordres de Fant^omas sont sans r'eplique.
Juve se tut, attendant les 'ev'enements.
Du fond de son trou, Juve entendait, sans le voir, Fant^omas qui marchait de long en large, `a quelque distance du pi`ege. Brusquement le bandit s’arr^eta, se rapprocha du pr'ecipice :
— Juve.
— Fant^omas ?
— Je vous ordonne de vous passer les menottes que vous avez dans votre poche. Quand vous les aurez, vous me donnerez votre parole d’honneur qu’elles sont r'eellement cadenass'ees et vous me jetterez la cl'e.
— Et pourquoi ferais-je cela, Fant^omas ?
— Parce que, faisait le bandit, j’ai l’intention de vous transf'erer de ce trou dans une autre prison o`u vous serez mieux, Juve. Juve, je ne veux pas que vous mourriez. Il faut que vous me disiez o`u est ma fille. Il faut que vous m’aidiez `a la retrouver.
— Jamais !
— Si, vous aurez piti'e.
— Piti'e ? Je croyais que vous ne connaissiez pas le sens de ce mot, Fant^omas ?
Ce fut le bandit qui n’osa point r'epondre. Juve, pourtant, au m^eme moment songeait :
— Apr`es tout, n’ai-je pas int'er^et `a ^etre transf'er'e hors de ce pi`ege ? Je suis certain de ne pouvoir en sortir seul, qui sait si ailleurs je n’arriverai pas `a fuir ?
Juve se passa les menottes, jeta la cl'e `a Fant^omas.
— Je suis prisonnier, d'eclara-t-il, emmenez-moi si vous le voulez.
Fant^omas r'epondait :
— Aurez-vous piti'e, Juve ?
Et il semblait, en v'erit'e, tant il y avait d’angoisse et de souffrance dans cette question, que c’'etait Fant^omas le vaincu.
11 – SUR LES TRACES D’H'EL`ENE
Il 'etait environ minuit, une heure du matin, peut-^etre, Fandor ne dormait pas. Le journaliste s’'etait couch'e, l’esprit pr'eoccup'e, soucieux. La journ'ee qui avait mal commenc'e par son incarc'eration au poste de police du faubourg Montmartre, s’'etait plus mal achev'ee encore. Certes, il avait eu la satisfaction de voir Juve, d’^etre lib'er'e par lui, mais `a peine avait-il pu s’entretenir avec son ami le policier que les deux hommes 'etaient oblig'es de se s'eparer. Ils avaient pris rendez-vous pour la soir'ee, or, Fandor avait attendu en vain l’inspecteur de la S^uret'e. Juve, l’homme exact par excellence, n’avait pas donn'e signe de vie, Fandor l’avait inutilement attendu. De guerre lasse, Fandor apr`es un repas rapide dans le restaurant m^eme o`u Juve devait venir le rejoindre, 'etait rentr'e chez lui, perplexe, la communication t'el'ephonique qu’il avait demand'ee avec l’appartement de Juve 'etait rest'ee sans r'eponse.
Le journaliste, s’'etait donc couch'e, en d'esespoir de cause, mais il ne parvenait pas `a s’endormir. `A un moment donn'e, Fandor se leva en grommelant :
— Cette insomnie est assommante.
Puis il allait `a la fen^etre, arrangeait ses rideaux.
— Il vient de la lumi`ere par l`a, monologua-t-il, c’est ce qui m’emp^eche de m’endormir.
Depuis quelque temps d'ej`a, Fandor, en effet, avait remarqu'e que sur le mur de la chambre oppos'e `a son lit se silhouettaient de temps `a autre des lueurs blafardes qui allaient et venaient comme des feux follets.
Et Fandor imaginait que c’'etaient l`a des reflets, des lumi`eres de la rue, qui se glissaient dans son appartement par l’interstice laiss'e entre les rideaux mal ferm'es.
Fandor se recoucha, d'esormais assur'e que l’obscurit'e serait compl`ete. Mais il ne resta pas longtemps 'etendu. Le journaliste s’assit sur le bord de son lit, interdit, les yeux hagards, cependant que ses l`evres balbutiaient :
— Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Fandor pouvait ^etre 'etonn'e. Sur le mur faisant face `a son lit se profilait nettement, un grand cercle lumineux, qui allait en s’'elargissant. Fandor tourna la t^ete et s’apercut que ce pinceau de lumi`ere provenait d’un petit trou perc'e dans le mur au-dessus de sa t^ete. Fandor y porta la main, boucha cet orifice insoupconn'e jusqu’alors, et d'etermina l’obscurit'e compl`ete, mais d`es qu’il enlevait le doigt, la tache lumineuse se produisait `a nouveau.