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Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
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Une porte s’ouvrit. Quelqu’un se pr'esenta `a lui, un jeune homme blond et p^ale, au visage distingu'e, aux v^etements de coupe irr'eprochable :

— Permettez-moi, fit le nouveau venu, de me pr'esenter `a vous, monsieur, je suis le marquis Ange de Villars, directeur de la maison. Je me doute des circonstances douloureuses qui vous am`enent `a solliciter mon concours, soyez assur'e que…

Fandor interrompit l’'el'egant personnage :

— Je vous demande pardon, monsieur, fit-il, je ne viens pas pour un enterrement, mais pour vous demander la faveur de m’autoriser `a voir de toute urgence une personne employ'ee dans votre administration. Il s’agit de M me Delphine Fargeaux `a laquelle j’ai une importante communication `a faire.

— S’il s’agit d’une affaire de service, monsieur, je suis l`a pour r'epondre au nom de mes employ'es.

— C’est pour une affaire personnelle, monsieur, strictement personnelle. Je vous en prie, accordez-moi la faveur que je sollicite.

— C’est entendu, fit le marquis Ange de Villars, qui se retira, ayant c'er'emonieusement salu'e le journaliste.

Quelques instants apr`es, Delphine Fargeaux arrivait, stup'efaite, de voir Fandor.

— Monsieur, demanda-t-elle, pour quel motif… ?

Mais Fandor, sans s’attarder `a des pr'eliminaires, entrait dans le vif du sujet.

— Madame, fit-il, vous voyez devant vous quelqu’un que torture une angoisse profonde. Peut-^etre avez-vous entendu parler des extraordinaires aventures qui, depuis plusieurs ann'ees bouleversent mon existence. Il me faut aujourd’hui savoir `a tout prix ce qu’il est advenu d’une personne `a laquelle je m’int'eresse 'enorm'ement, tenez, je vais tout vous dire, il s’agit d’une femme que j’aime, d’une jeune fille qui s’appelle H'el`ene.

— H'el`ene, la fille de Fant^omas ? s’'ecria Delphine Fargeaux.

— Vous la connaissez, n’est-ce pas ? Je sais par Juve, d’ailleurs, qu’il y a quelques mois, son existence a 'et'e li'ee `a la v^otre. Je vous en prie, madame, dites-moi tout, absolument tout ce que vous pouvez savoir d’elle.

L’'emotion de Fandor 'etait si sinc`ere, si communicative, que Delphine Fargeaux eut piti'e de lui.

Elle raconta `a Fandor les 'ev'enements qui lui 'etaient survenus, les tragiques circonstances dans lesquelles son fr`ere, puis son mari, avaient p'eri, victimes indubitablement de Fant^omas, puis elle pr'ecisait l’enl`evement d’H'el`ene par l’infant d’Espagne, et enfin, prenant des pr'ecautions pour ne point trop 'emouvoir le journaliste, elle lui dit ses craintes, au sujet de la mort de cette myst'erieuse personne que don Eugenio avait fait enterrer sous le nom de Merc'ed`es de Gandia.

`A la fin de ce r'ecit, Fandor 'etait bl^eme, mais il y avait dans ce coeur g'en'ereux des tr'esors d’'energie. Il remercia sinc`erement Delphine Fargeaux de ce qu’elle venait de lui dire et se pr'ecipita comme un fou hors du macabre 'etablissement que dirigeait le marquis Ange de Villars.

Une demi-heure plus tard, Fandor carillonnait `a la porte de l’h^otel de l’infant d’Espagne, rue Erlanger. La rue 'etait d'eserte, les abords de l’h^otel silencieux, l’int'erieur de la demeure restait muet.

Fandor, le visage contract'e, mordant ses l`evres pour dissimuler son 'emotion, sonna pendant un quart d’heure.

Le journaliste ne se r'esignait pas. Il carillonna encore, s’'ecarta de la maison en scrutant du regard les abords. Soudain quelqu’un l’interpella. C’'etait un cantonnier :

— Vous perdez votre temps, jeune homme, prof'era celui-ci, il n’y a personne. Les patrons et les domestiques sont partis depuis quelques jours.

— Ah, fit Fandor, d’un air si d'esol'e que le cantonnier s’en apercut.

— Ca vous emb^ete, hein ? vous auriez voulu les voir ces gens-l`a ?

— Oui, d'eclara Fandor, qui, dans l’espoir que ce cantonnier pourrait le renseigner, se faisait loquace. On m’a promis une place chez l’infant d’Espagne.

— Une place ? Vous n’avez pourtant pas l’air d’un domestique.

— C’'etait une place d’employ'e, de secr'etaire.

— Ah oui, fit le cantonnier, probablement que vous ^etes comptable de votre m'etier ?

— C’est cela, fit Fandor. Renseignez-moi donc un peu. Quelqu’un, m’a-t-on dit, est mort dans la maison tout r'ecemment ?

— Oui, m^eme que l’enterrement a 'et'e superbe. Seulement ca m’a donn'e du travail. Parce que les Pompes fun`ebres ont fait des d'eg^ats. Ils ont creus'e la chauss'ee et laiss'e des bouts de fleurs partout.

— Connaissiez-vous la personne que l’on a enterr'ee ?

— Je la connaissais pour l’avoir vue deux ou trois fois quand elle venait voir l’infant d’Espagne. C’'etait sa ni`ece qu’on m’a dit.

— Comment 'etait-elle ?

— Ah une belle fille, je vous jure, et je m’y connais, une superbe brune. Para^it que c’'etait la ni`ece de l’infant, mais elle n’habitait pas avec lui. C’'etait m^eme assez rare quand on voyait la demoiselle venir rendre visite `a son oncle.

— Merci, dit Fandor, cependant qu’`a demi rassur'e, il quittait la rue Erlanger.

Mais il n’avait pas fini sa journ'ee, bien au contraire. Pendant quelques heures, il courut Paris, apprit par la mairie, que les obs`eques c'el'ebr'ees rue Erlanger, quelques jours auparavant, 'etaient tr`es r'eguli`erement celles de M lle Merc'ed`es de Gandia, ni`ece de don Eugenio, infant d’Espagne. Et cela lui redonna courage. Le journaliste se disait que, vraisemblablement, ce ne pouvait ^etre H'el`ene. H'el`ene au contraire devait avoir 'et'e enlev'ee par l’infant, comme le lui avait appris Delphine Fargeaux. La jeune fille, sans doute, se trouvait encore au pouvoir de son ravisseur. En Espagne, selon toute probabilit'e, dans l’inaccessible r'esidence de don Eugenio. Au palais de l’Escurial.

***

`A onze heures du soir, Fandor 'etait place Blanche. Trois quarts d’heure plus tard, il s’introduisait dans le restaurant o`u il pensait avoir rendez-vous avec l’'ecuy`ere de Grenelle.

`A peine eut-il p'en'etr'e dans l’'etablissement, que Fandor sursauta. La premi`ere personne qu’il vit, au fond du caf'e 'etait la Recuerda.

Le coeur du journaliste battit violemment. Ainsi donc il ne s’'etait pas tromp'e ? Il avait compris le rendez-vous de Fant^omas, et Fandor, d'esormais, se disait :

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