Le mariage de Fant?mas (Свадьба Фантомаса)
Шрифт:
Or, Backefelder, qui 'etait l’amant de la Recuerda, avait, quelques jours avant de tomber aux mains de Fant^omas, laiss'e dans la chambre de celle-ci un v^etement qu’il poss'edait, o`u se trouvait son portefeuille bourr'e de documents officiels.
— Allons chez la Recuerda, d'ecida-t-il. Allons chercher ces papiers.
Mais lorsqu’il apparut devant la complice de Fant^omas, la Recuerda poussa un cri d’horreur.
`A peine avait-elle ouvert sa porte, en effet, surprise que Backefelder lui rend^it visite `a pareille heure, la Recuerda se jetait en arri`ere, 'epouvant'ee.
— Tes oreilles ? hurla-t-elle, tes oreilles ?
Backefelder eut un froid sourire.
— Oui, faisait-il simplement, c’est Fant^omas qui me les a coup'ees, mais je me vengerai.
Et il raconta.
La Recuerda l’'ecouta d’abord avec horreur, avec rage ensuite :
— Ah, dit-elle enfin, c’est horrible ce qui t’est arriv'e, mon pauvre Backefelder, cela prouve que tout ce qu’on dit sur Fant^omas est vrai. Mais tu ne seras pas seul `a te venger. Je t’aiderai !
***
Une heure plus tard, Backefelder et la Recuerda revenaient d’un bar o`u ils s’'etaient pr'ecipit'es tous deux comme des fous, pour y chercher des compagnons et les interroger sur l’endroit o`u ils pourraient joindre Fant^omas.
La Recuerda et Backefelder n’avaient trouv'e personne au bar. Fant^omas n’y 'etait point venu.
Ils regagn`erent donc lentement Montmartre. La Recuerda habitait tout en haut de la rue Berthe. Arrivant place Clichy, l’Espagnole se cramponna au bras de son compagnon.
— Back, dit-elle, comptes-tu vraiment passer sur le pont Caulaincourt ?
— Mais, sans doute, pourquoi me demandes-tu cela ?
— Parce que le pont est hant'e, parce qu’il y a le fant^ome.
Backefelder eut un gros rire. Il 'ecouta avec complaisance le r'ecit que la Recuerda lui faisait de l’apparition du spectre en plein pont Caulaincourt, puis il haussa les 'epaules :
— Le spectre n’existe pas, d'eclara p'eremptoirement Backefelder, il faut craindre les vivants, mais pas les morts. Si tu as confiance en moi, la Recuerda, tu traverseras ce pont avec moi.
La Recuerda 'etait 'emue, amoureuse aussi de Backefelder. Elle r'epondit simplement :
— Allons.
Ils s’engag`erent sur le pont sinistre qui domine les tombes du cimeti`ere. L’aube p^ale baignait les mausol'ees d’une lumi`ere verd^atre. Frissonnante, la Recuerda jetait des regards effar'es `a droite et `a gauche :
— H^atons-nous, supplia-t-elle.
— Allons donc, lui r'epondit son compagnon, les fant^omes, ca n’existe pas.
Et, de fait, la Recuerda et Backefelder travers`erent, en son entier, le pont Caulaincourt sans apercevoir la moindre apparition.
13 – HANDS UP
— C’coup-ci, c’est `a moi l’p`eze, aboule ta thune.
Bec-de-Gaz, qui tenait une pi`ece de cinq francs dans le creux de sa main, fit un grand geste de d'en'egation.
— Tr`es peu, dit-il, tu n’as tomb'e que trois quilles sur sept et Mort-Subite en a foutu quatre par terre.
B'eb'e, l’interlocuteur auquel Bec-de-Gaz venait de faire cette d'eclaration, se rapprocha de lui, l’oeil 'etincelant, la bouche mauvaise :
— O`u c’est-y qu’il est, l’arbitre ? fit-il, pour d'ecider qui a raison. Mort-Subite a quatre quilles ? r'ep`ete-le donc voir un peu. C’est malheureux de tricher comme ca. Probable, Bec-de-Gaz, que tu fais la combine avec Mort-Subite.
Tr`es digne, Bec-de-Gaz, qui se sentait fort, car c’est lui qui tenait l’argent, ne releva pas les propos malveillants de B'eb'e, mais se tournant vers la foule des camarades group'es un peu plus loin, il appelait de sa voix tonitruante :
— H'e l`a, Beaum^ome, rapplique un peu !
Cela se passait sur le foss'e des fortifications, dans la r'egion d'eserte qui s’'etend entre la porte d’Issy et celle de Vaugirard. Il faisait une belle et douce journ'ee de printemps et tous les r^odeurs de Grenelle, tous ceux, du moins, qui constituaient la bande des ins'eparables, semblaient s’^etre donn'e rendez-vous sur le talus d'esert pour s’y livrer `a leurs distractions favorites : le jeu de boules et la boisson.
`A l’appel de Bec-de-Gaz, Beaum^ome, qui occupait ce jour-l`a les hautes fonctions d’arbitre, s’avanca lentement en se dandinant. Il grogna, furieux :
— Faudra le dire, quand tu auras fini de gueuler mon nom d’oiseau comme ca pour que tous les flics du quartier l’entendent. Tu veux donc me faire poisser ?
On protestait autour de lui : Ad`ele, l’ancienne femme de chambre, qui semblait fort 'eprise de l’'evad'e de la prison londonienne, protesta :
— T’inqui`ete pas, Beaum^ome, on te sauverait, nous autres, si jamais les cognes voulaient t’emmener.
Cependant, la Chol'era, au visage plus renfrogn'e que d’ordinaire, proclamait avec un geste farouche :
— Moi qui ai toujours r^ev'e de saigner les mouches de la Pr'efectance, ce serait la belle occasion.
Beaum^ome ne les remerciait pas et, en homme habitu'e aux hommages des femmes, il paraissait trouver ces d'eclarations toutes naturelles.
Marie Legall, l’ancienne petite bonne, qui avait 'et'e si cruellement bless'ee, jadis, dans l’explosion myst'erieuse du bureau de placement Thorin, 'ecoutait, admirative aussi. Profitant d’un moment o`u elle 'etait seule `a c^ot'e de lui, elle murmura timidement :