Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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Fandor, alors, grinca des dents. Une rage folle l’envahissait en 'ecoutant Fant^omas.
Ah ! certes, le Ma^itre de l’effroi 'etait bien toujours le g'enial criminel, le tortionnaire qui ne reculait devant rien, qui inventait toujours une douleur nouvelle…
Fandor comprenait fort bien le plan de Fant^omas. Le bandit voulait profiter du voisinage o`u il 'etait de la vieille M me Rambert pour dicter ses conditions au journaliste.
En lui ordonnant de monter au premier 'etage, d’entrer dans la chambre dont la porte grincait, Fant^omas, naturellement, ne visait qu’`a une chose : l’'eloigner. Il aurait de la sorte quelque avance, et pourrait profiter pour s’enfuir, pour tenter de dispara^itre, pour dispara^itre certainement m^eme, car il 'etait avant tout l’insaisissable, celui que l’on n’arr^ete pas !
Fandor, en quittant le bandit, crut un instant qu’il ne serait pas ma^itre de ses sentiments, qu’il ne triompherait pas de sa col`ere. Ses mains eurent un tremblement. Il se pr'ecipita comme un fou, comme un furieux sur Fant^omas, mais l’imperceptible mouvement que fit le bandit, s’avancant un peu vers la chambre de sa m`ere, l’immobilisa encore.
— Allons ! jugea Fandor, je suis le plus faible… Il a raison, il faut c'eder, c’est mon devoir, mon devoir de fils.
Et, lentement, J'er^ome Fandor baissa la t^ete.
— Soit, disait-il simplement, j’accepte vos conditions. Nous recommencerons la lutte dans quelques instants.
— Entendu ! fit Fant^omas en ricanant.
J'er^ome Fandor alors se recula, marchant en arri`ere, car il ne voulait point perdre de vue Fant^omas qui 'etait fort bien capable de prendre son revolver et de tirer sur lui. Il s’approcha du petit escalier conduisant au premier 'etage de la maison. Lentement, il en gravit les degr'es ; il atteignit le palier, il longea le couloir, il entra dans la chambre…
Or, au moment o`u J'er^ome Fandor entendait le grincement de la porte qu’il ouvrait, il percevait aussi un bruit de pas pr'ecipit'es.
Fant^omas fuyait, Fant^omas disparaissait, Fant^omas 'echappait…
J'er^ome Fandor, pris d’un vertige, bondit vers l’escalier.
Il pensait donner la chasse au bandit, il voulait, maintenant qu’il n’avait plus `a craindre que sa m`ere ne f^ut m^el'ee au drame qui allait se passer, en terminer enfin avec le terrible monstre.
— Lui ou moi !… pensait-il.
Et des visions rouges passaient dans ses yeux…
J'er^ome Fandor, cependant, qui, en deux bonds, avait atteint l’escalier, s’arr^eta net et rebroussa chemin.
— Je deviens fou !…
Il avait entendu tout simplement le bruit d’une cl'e tournant dans une serrure. Pour gagner du temps, pour retarder la poursuite de J'er^ome Fandor, Fant^omas avait 'evidemment ferm'e la porte d’entr'ee de la maison. Il faudrait donc au jeune homme, s’il tentait de sortir par l`a, perdre quelques instants, dilapider quelques minutes pour enfoncer cette porte… Et les minutes 'etaient pr'ecieuses, les secondes avaient leur valeur…
J'er^ome Fandor rebroussa chemin, suivit `a nouveau le corridor. Il traversa la chambre dans laquelle il avait p'en'etr'e ; d’un geste, il ouvrit la fen^etre.
J'er^ome Fandor 'etait toujours le gymnaste entra^in'e ne redoutant aucune acrobatie. Le jeune homme n’h'esitait donc pas un instant.
Sauter d’un premier 'etage, c’'etait pour lui moins qu’un jeu, `a peine une plaisanterie. Il s’'elanca dans le vide. D’un bond, il franchit un 'enorme massif de fleurs, puis, retrouvant son 'equilibre, il se prit `a courir vers le bout du jardin.
J'er^ome Fandor, `a ce moment, 'etait envahi d’un grand espoir.
Il n’avait gu`ere perdu de temps. En sautant par la fen^etre, il avait en quelque sorte d'ejou'e la ruse de Fant^omas, qui l’avait forc'e `a monter au premier 'etage de la maison. Le bandit n’'etait pas loin, J'er^ome Fandor apercut sa silhouette au d'etour d’une all'ee. Fant^omas fuyait, il escaladait 'evidemment la cl^oture du jardinet, il allait gagner la route, il trouverait moyen de dispara^itre.
Mais Fandor, attach'e `a sa poursuite, ne d'esesp'erait pas de le rejoindre.
Et la course s’engageait, une course effr'en'ee, une course qui devait peut-^etre s’achever par la mort, la mort d’un de ces deux hommes, le poursuivant ou le poursuivi.
`A deux reprises, tout d’abord, J'er^ome Fandor put apercevoir Fant^omas et pensa tirer sur lui.
Mais, au moment o`u il serrait la crosse de son revolver, une pens'ee rapide le forcait encore `a demeurer calme. Ce coup de revolver, sa m`ere l’entendrait ; ce coup de revolver terrifierait assur'ement la vieille femme. Non, non, il ne fallait pas lui donner l’'eveil, il ne fallait pas qu’elle p^ut soupconner le drame, dont les p'erip'eties se d'eroulaient si pr`es d’elle !
Que faisait cependant Fant^omas ?
Pourquoi n’avait-il pas quitt'e le jardin ?
Il semblait en effet que le bandit, au lieu de sauter la cl^oture, tournait sur lui-m^eme, faisait de brusques crochets, cherchant `a faire perdre sa piste.
J'er^ome Fandor, tout en courant, r'efl'echit `a l’extraordinaire conduite du mis'erable.
— Que veut-il donc ? se demanda-t-il.
Et il imagina brusquement que Fant^omas n’osait peut-^etre pas se lancer sur la grand-route, songeant qu’il serait alors trop facile `a J'er^ome Fandor de le prendre pour cible et de l’abattre d’une balle de son browning.
Or, comme J'er^ome Fandor, un instant, redoublait d’efforts pour atteindre le meurtrier dont il venait d’apercevoir, au tournant d’un massif, la silhouette, le jeune homme roula brusquement sur le sol. Pour rompre la poursuite, pour gagner quelque temps, Fant^omas avait brusquement tendu, au travers de l’all'ee, un mince fil de fer arrach'e `a la bordure d’une pelouse.
J'er^ome Fandor n’avait pas vu l’obstacle, il tomba, jurant !…
H'elas ! quand il se releva, il 'etait trop tard pour agir. En quelques secondes, 'evidemment, Fant^omas avait trouv'e moyen de dispara^itre r'eellement. L’Insaisissable avait-il d'ecouvert une cachette ? L’Insaisissable avait-il pris la fuite tout bonnement ? J'er^ome Fandor ne pouvait pas le savoir. Il ne le voyait plus, en tout cas. Il ne l’entendait plus, il n’avait aucune id'ee de ce qu’il avait pu devenir.