Le Voleur d'Or (Золотой вор)
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— La chambre est l`a, se disait-il, au fond du couloir, `a droite…
Et, les mains en avant, comme s’il e^ut pu 'ecarter les flammes et la fum'ee, il avancait.
J'er^ome Fandor titubait bien vite. L’incendie semblait couler pour ainsi dire devant lui. Des bidons de p'etrole, en effet, 'eclataient `a la chaleur du feu et d'eversaient, du haut du premier 'etage, un v'eritable fleuve de flammes.
Il lui fallait traverser cela.
— Maman ! maman ! r^ala-t-il.
Mais il se jetait toujours en avant. Il atteignait la porte de la chambre de sa m`ere, cette porte o`u, quelques instants plus t^ot, il avait eu avec Fant^omas un sc`ene si terrible.
Fandor, aux trois quarts asphyxi'e, mort presque, debout par un prodige d’'energie, ouvrit la porte qui flambait.
Une surprise devait lui ^etre r'eserv'ee.
La chambre de M me Rambert 'etait peut-^etre le seul endroit de la maison qui ne f^ut pas encore tout `a fait en feu. Comme la malade, en effet, n’avait pas quitt'e cette pi`ece depuis de longs jours, Fant^omas n’avait pas pu y dissimuler du p'etrole.
Fandor, en entrant, eut l’impression de trouver un peu d’air respirable ; il vit en m^eme temps que sa m`ere 'etait toujours l`a, qu’elle 'etait `a genoux sur son lit, qu’elle faisait de grands gestes, des gestes de d'emence, qu’elle riait !…
— Mon Dieu ! mon Dieu ! g'emit Fandor.
Il ne sentait plus `a ce moment ses br^ulures terribles. L’incendie grondait… Il n’avait point conscience que les flammes s’attachaient sur ses pas, qu’elles entraient par la porte ouverte, que, trouvant des mat'eriaux nouveaux, elles renouvelaient de vigueur… Il ne pensait point que la retraite lui serait coup'ee et qu’il ne sortirait pas vif de cet enfer !…
J'er^ome Fandor ne pouvait imaginer rien d’autre que le danger couru par sa m`ere.
'Epuis'e, il retrouvait pourtant quelque peu d’'energie, une vaillance m^eme, pour sauver celle qui lui 'etait naturellement si ch`ere.
J'er^ome Fandor prit sa m`ere dans ses bras, il l’entourait dans une couverture pour la prot'eger de la chute des d'ecombres. Puis, charg'e de ce fardeau pr'ecieux, n’ayant pas dit un mot, entendant toujours rire d’un rire 'etrange et d'emoniaque celle qu’il emportait, il revint en arri`ere, voulut sortir de la maison.
J'er^ome Fandor avait fait un prodige en se frayant un passage `a travers l’incendie jusqu’`a la chambre de sa m`ere, et c’'etait en r'ealit'e un miracle qu’il essayait en tentant de quitter cette chambre, et de s’'evader des flammes.
D'esormais, la maison s’'ecroulait tout enti`ere.
Les murs s’affaissaient les uns contre les autres, des poutres de fer tordues par la flamme, rougies `a blanc, s’'ecroulaient en un enchev^etrement inextricable.
Il n’y avait plus un coin de la b^atisse qui ne f^ut en flammes.
J'er^ome Fandor, pourtant, avanca.
Il se jetait en avant, comme un soldat se jette `a l’assaut. Les flammes lui faisaient l’effet d’^etre de v'eritables ennemies, il luttait avec elles corps `a corps.
Il parut au journaliste qu’il restait une heure dans cette g'ehenne, il lui fallait en r'ealit'e trois minutes au moins pour traverser la maison, se rapprocher de la porte. D'ej`a, il entrevoyait le salon, d'ej`a il se croyait sauf, lorsqu’un coup violent le heurtait `a l’'epaule, le renversait.
J'er^ome Fandor ne l^acha point sa m`ere, mais il s’'ecroula comme une masse, il sentit qu’il 'etait 'ecras'e entre le dallage surchauff'e du vestibule et quelque 'enorme morceau de ferraille que les flammes l'echaient encore…
— Mais, fichtre de nom d’un chien ! Juve, vous ^etes assommant, il n’y a pas moyen de causer avec vous !… Si maintenant, chaque fois que j’ouvre la bouche, vous fichez le camp sans vouloir me renseigner, j’aime autant que vous me plaquiez ici !
C’'etait J'er^ome Fandor qui fulminait, J'er^ome Fandor qui s’essayait `a affecter une gaiet'e qui 'etait loin de son coeur.
Le jeune homme se trouvait alors 'etendu dans le lit blanc d’une chambre d’h^otel assez confortable. Il avait un 'enorme bandeau autour du front. Un pansement lui enserrait le cou, son bras droit 'etait en 'echarpe, et, sous les couvertures, on devinait sa jambe raidie dans un appareil de pl^atre.
Juve 'etait devant lui, Juve fumait une cigarette, haussait les 'epaules et grognait.
`A la diatribe de Fandor, il r'epondit :
— Eh bien, c’est cela, je vais te plaquer ! Apr`es tout, tu deviens assommant, Fandor. Tu radotes comme un vieillard de soixante-dix ans…
— En quoi, Juve ?
— En tout !
Et Juve, haussant les 'epaules, continuait :
— Voil`a vingt fois au moins que tu me demandes comment il se fait que tu n’es pas mort ! Eh bien, mon bon, tu n’es pas mort tout bonnement parce que, quand tu es tomb'e, tu 'etais `a peu pr`es sorti de la maison et que l’on n’a eu qu’`a te retirer un peu plus loin, toi et ta m`ere, car tu n’avais pas l^ach'e ta m`ere !
Juve, `a la v'erit'e, mentait.
Si Fandor n’'etait pas mort, c’'etait en r'ealit'e parce que Juve l’avait bel et bien sauv'e.
Le policier 'etait survenu sur les lieux du sinistre, juste `a temps, en effet, pour entendre la clameur dont la foule saluait l’'ecroulement d’un pan de muraille.
— Il n’y a personne, l`a-dedans, au moins ? s’informait Juve.
On lui r'epondit qu’un jeune homme s’'etait pr'ecipit'e pour sauver la propri'etaire, et qu’il n’avait pas reparu.